Connu et estimé par tous, grâce notamment à sa sagesse et sa modestie, le défunt avait beaucoup apporté à son pays depuis l'Indépendance, à sa ville natale, et à réussi à hisser l'emblème national sur les cieux de plusieurs continents, de l'Europe à l'Asie, au continent américain accompagné de sa troupe musicale «Sidi Khaled». Belacel Aek quitte ce bas monde en silence, après avoir sacrifié toute sa vie pour l'Algérie. Ce que témoigne son parcours artistique à l'image des grandes figures, tels feu Ahmed Wahbi qui a quitté ce monde sur une chaise offerte par une Robe noire de Constantine, le célèbre Yahia Benmabrouk «l'apprenti» qui a souffert pour se procurer une prise en charge à l'étranger, et autres pertes irremplaçables qui ont marqué leurs passages à différents coins du globe. Immense tristesse devant les tombes de nos valeureux artistes «La plume, l'épée et l'art un autre combat» nous disait le chercheur historien Amar Belkhadja lors de l'enterrement du célèbre Aek Zokrom. Une créature différente des autres, qui a voué sa vie aux arts musicaux et métiers de la scène, auteur, chef d'orchestre dans les répertoires nationaux africains et universels. Kader, qui a réussi à franchir les frontières avec ses instruments traditionnels en compagnie de ses «Guendouz», devenus aujourd'hui de grandes stars su «Mezoud». Les uns ont préféré rester fidèles au cheikh, d'autres ont préféré rejoindre l'autre rive. La troupe de Belacel Aek, est l'une des troupes sélectionnée au niveau de la présidence et des ministères lors des grandes manifestations, comme ce souvenir avec le premier magistrat du pays, le garant de la paix. Tout un parcours sans remerciements, son nom commence à être oublié, il a été enterré dans l'anonymat par ses deux enfants Hizia et Djawad. Même son dossier de retraite a été égaré depuis une année, son dernier rêve «Rina» comme disaient nos ancêtres. L'un des chouyoukh de la Zorna, qui ne le connaît pas ce «Zokrom», le grand célèbre à Tiaret ou ailleurs. Nul besoin d'adresse ou de numéro de téléphone pour le trouver, lui qui a marqué de son sceau l'âge d'or de la musique algérienne. Le grand virtuose de la Ghaïta, Aek Belacel, est venu au monde le 11 mars 1953 à proximité du mausolée du saint patron de la ville Sidi M'hamed et il disparaît le jour même de sa naissance en 2014 à l'âge de 61 ans. Originaire de Béni Lent, il est lui-même un maître zornadji qui s'inscrit dans la noble lignée des grands maîtres. Attaché à son instrument traditionnel comme une batterie à son mobile, depuis l'âge de la marelle, c'est l'une des figures prestigieuses de l'art musical. Il débuta à l'âge de 10 ans, alors qu'il assistait à la campagne moissons-battages sur les terres fertiles du grenier du blé, avec la flûte, les Tbiblettes, petits tambours. Selon ses proches, les instruments étaient fabriqués avec ses propres moyens, une paille de foin, un morceau d'une chambre à air, et la peau d'une chèvre. Quelques années après l'indépendance, il fonda son propre orchestre et fréquente Samir Ettrab, les émirs, les hindis et autres. En 1972, Il était apprécié et sollicité lors des fêtes de mariages et des festivités culturelles organisées à travers les quatre coins de l'Algérie. De la capitale des Rostomides, la troupe Sidi Khaled fait flotter l'emblème national sur les cieux du Maghreb, l'Europe, l'Inde et la capitale canadienne avec l'ensemble des musiciens tous jeunots de la «zorna» avec l'habit traditionnel : Serwal testifa, un gilet brodé de fil d'or appelé bédiaâ et une chéchia stamboul sur la tête. Dans un souci de contribuer à la préservation de cette musique, le Cheikh de la Ghaïta l'a enseignée loin des bruits de la ville dans son coin préféré le monde rural à Ouled Cherif. Le parcours d'un demi- siècle du célèbre «Zokrom» garde toujours les moments des fêtes, de toutes les joies, il ne ratait aucune occasion pour partager sa rage de vivre avec les amoureux de cet art musical traditionnel, ce que confirment les archives de sa sacoche, des invitations officielles du Président sortant lors des campagnes en 1999, 2004 et 2009. Cette créature humaine particulière a réussi durant sa carrière à accueillir les délégations étrangères à l'image du président Hollande à Tlemcen en compagnie des troupes venues des quatre coins de l'Algérie. Père de deux enfants, Hizia dont le nom a été choisi lors d'une visite chez Khelifi Ahmed à l'hôpital de Biskra et Jawad, nom du fils d'un retraité des travaux publics. L'aîné de ses frères Mohamed Khaled et Tayeb, plus connu sous le sobriquet de «Zokrom», n'est plus. Le défunt Abdelkader effectuera plusieurs séjours à l'étranger pour montrer et démontrer toute l'étendue de son art et sa passion pour la cornemuse. A travers les capitales européennes, à Montréal, à Berlin, le célèbre Abdekka préfère rejoindre sa ville natale et refuse les propositions alléchantes des Ecossais. A New Delhi, une scène inoubliable devant cette population du continent asiatique, tout le monde frissonnait devant ce numéro. On a tous frissonné devant ce numéro, même devant le petit écran. L'enfant de Tihert, en turban, accroupi devant un cobra. La piqûre du reptile est mortelle, il n'est qu'à un doigt de lui, et il ne l'attaque même pas, il danse. De l'art musical à l'équitation, telles sont les passions de notre cher regretté, l'un des membres du centre équestre Emir Aek à Tiaret montant Djawad qui a réussi à décrocher une panoplie de trophées lors des championnats d'Algérie. Le nom du cavalier Belacel Abd El Kader et la tradition équestre ancestrale du cheval resteront gravés dans la mémoire des Camarguais en France lors des Salons du cheval depuis 1985, et autres communautés maghrébines et européennes. Si Abdekka a été sur les traces des aînés et commença depuis son enfance dans la cour des grands. Une tradition tribale, rurale et religieuse souvent pratiquée par Aek «Zokrom» pour fêter les waadate, les moussems et célébrer les saints comme les concours de fantasia. Mais est-ce pour autant que Belacel Abd el Kader, alias Zokrom, est mort ? Assurément non ! Car ses innombrables numéros ne mourront jamais dans la mémoire collective des Tiarétiens en Algérie et à l'étranger. Repose en paix Kader. Tu ne ne nous quitteras jamais. Tu as fait honneur à toute l'Algérie.