Titiche Boualem (1908-1989). Célèbre zornadji (zornadjia). Boualem Titiche, le plus célèbre zornadji algérien, de son vrai nom, Boualem Mansouri, naquit à El Biar (Alger) le 27 avril 1908 au sein d'un famille de mélomanes dont le père Hadj Ahmed (1867-l932), originaire de M'zaïta (Mansourah), est lui-même un maître zornadji qui s'inscrit dans la noble lignée des grands maîtres de la ghaïta tels Sid Ahmed Zernadji, El Hadj Ouali, Bouchakchak, Kouchouk, Sadani (décédé en 1933 à Chicago aux USA). Héritant du pseudonyme « Titiche » attribué à son père à cause d'un défaut de langue, ce virtuose de ghaïta est une figure prestigieuse d'un art musical aux racines populaires incarnant le vieil Alger. Il débute à l'âge de 13 ans au sein du groupe de son père, zornadji de talent, en l'accompagnant aux tbiblettes (petits tambours). En 1932, il fonde son propre orchestre et fréquente El Mossilia et El Djazaïria. Il était apprécié et sollicité au moment des fêtes de mariages et des festivités culturelles organisées à Alger. Musique militaire d'origine turque, joué en plein air, dans les villes de garnison telles Alger, Béjaia, Blida ou Koléa du XVIe siècle jusqu'à la conquête coloniale, la zorna s'est développée dans la pratique rituelle religieuse et a évolué tout en s'attachant au chant chaâbi pour lequel elle servait d'ouverture. Grâce à Boualem Titiche, qui la dote de deux rythmes spéciaux, El Aadjani et EI Quaiyate, elle devient structurée. L'ensemble des musiciens de la zorna ont un habit traditionnel : serwal testifa, un gilet brodé de fil d'or appelé bédiaâ et une chechia stamboul sur la tête. Dans un souci de contribuer à la préservation de cette musique, Boualem Titiche l'a enseigné au conservatoire d'El Biar. Plusieurs artistes parmi lesquels ses élèves ont été influencés par son genre tels que Mourad Guesmi (au tbal), Halim (à la ghaïta) et Moumène qui crée par la suite sa propre troupe Nouba. Il mourut le 1er décembre 1989 à Alger.