La crise multidimensionnelle, à dominante sécuritaire, a plongé le Mali dans une situation d'instabilité sans précédent qui a entraîné un mouvement migratoire de populations cherchant à fuir leur pays en proie à l'insécurité. Cela s'est traduit par un départ massif vers les pays voisins, dont, naturellement, l'Algérie qui est une de leurs destinations avec le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger. La situation humanitaire précaire de larges franges de la population vivant au nord du Mali et qui subit de plein fouet les retombées de la crise, est plus que préoccupante. Le Mali compte sur le renforcement de l'assistance des pays partenaires et donateurs, considéré comme élément vital. L'Algérie a pris la décision de fournir une aide humanitaire au profit des populations des trois régions du nord du Mali consistant en un don substantiel de produits alimentaires et pharmaceutiques. Certaines sources estiment à 300 000 le nombre de Maliens qui ont quitté les régions du nord du Mali soumises au diktat de groupes terroristes armés. Combien sont-ils dans les villes algériennes, notamment à Alger ? Ils sont visibles, confondus avec les réfugiés des autres pays subsahariens. Personne, dans notre pays, n'ignore cette situation qui se traduit par le spectacle pénible de ces femmes et enfants qui mendient dans les rues. Pour ce qui est des Maliens, la solution à ce problème est liée à la restauration de la paix et de la stabilité durables dans leur pays, autrement dit à la réalisation de la réconciliation entre les protagonistes maliens, eux-mêmes. L'Algérie agit dans ce sens. Au terme des travaux de la 3e session du Comité bilatéral stratégique algéro-malien sur le Nord-Mali, tenue à Bamako sous la présidence du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le ministre malien des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop (la quatrième se déroulera à Alger, au cours du mois de juin 2014), le Mali a tenu à saluer les efforts de l'Algérie pour les efforts qu'elle déploie en vue de réaliser la réconciliation entre les Maliens pour instaurer définitivement la paix et la stabilité dans ce pays. La Minusma également fait tout pour faire avancer le processus de rétablissement de la stabilité au Mali. Le défi est immense connaissant les menaces de toutes sortes qui pèsent sur la sécurité du Mali, à travers notamment le terrorisme, le trafic de drogue et le crime organisé transnational. Des signes d'espoir montrent que le Mali peut surmonter sa crise multiforme, mais les risques demeurent et ne sont pas à sous-estimer, de même que les difficultés à venir. Tant que la solution durable à la crise du Nord-Mali n'est pas garantie, il faut s'attendre à ce que la situation de détresse qui accable les populations de ces régions, persiste et que l'afflux de réfugiés se poursuive vers notre pays, leur séjour étant facilité par le fait que des accords algéro-maliens, les dispensent de l'obtention du visa pour pénétrer en territoire algérien. Le débat sur les réfugiés maliens, mais en fait sur la présence des ressortissants subsahariens, plus généralement, n'est pas dû à leur nombre ou à leur présence visible dans les grandes villes algériennes, mais au dérapage, par rapport à l'éthique et même à la déontologie du métier de journaliste, chez certains médias, presse écrite ou autre, qui ont, soit exprimé à travers les écrits de leurs journalistes, soit laissé passer dans des émissions en direct, des propos, pour le moins, à connotation racistes. Cela s'est manifesté en rapport avec les risques sanitaires (sida, paludisme...), mais il faut souligner que dans la plupart des cas, les personnes qui interviennent sur cette question, en pointant les réfugiés en termes de menace et de danger, se défendent de faire du racisme et déclarent vouloir juste alerter les autorités sur ce problème afin qu'elles le prennent en charge à travers la vaccination ou une autre action de prévention. L'absence ou l'insuffisance de communication de la part des autorités sanitaires algériennes pour rassurer et replacer ce problème dans ses dimensions véritables, a fait que le risque a sans doute été perçu avec une plus grande ampleur que celle qu'il a réellement. Demain, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sera à Alger pour discuter, principalement de la situation au nord du Mali, au plan sécuritaire, évidement, mais la préoccupation humanitaire sera inévitablement abordée. Jusqu'à quand les populations de ces régions seront-elles contraintes de tout abandonner chez elles pour trouver refuge dans les pays voisins ?