Privé de sa star Neymar et de son capitaine Thiago Silva, le Brésil veut néanmoins croire en ses chances d'atteindre la finale de son Mondial face à une Allemagne qui joue sa 4e demi-finale de rang. On peut tourner le problème dans tous les sens, souligner que le Brésil joue à la maison, qu'il a des joueurs de top niveau mondial, un entraîneur qui connaît le chemin : le Brésil a peut être perdu le Mondial dans la dernière demi-heure de jeu face à la Colombie en quart de finale à Fortaleza avec un deuxième carton à Thiago Silva, qui sera suspendu, mais surtout la blessure de sa star Neymar à la 88e, sur une charge dans le dos du défenseur colombien Juan Camilo Zuniga. Le sélectionneur Luiz Felipe Scolari, pour qui le dernier affrontement contre l'Allemagne est forcément un bon souvenir avec la victoire en finale en 2002 au Japon, doit cette fois trouver une solution miracle. Problème : il n'a pas Ronaldo devant, mais... Fred, auteur d'un pauvre but devant le Cameroun. Et, surtout, il doit composer sans sa vedette, le joueur qui change tout, Neymar. «Le Brésil reste favori, même sans Neymar», souligne toutefois Ronaldo, le double buteur de la finale 2002 contre les Allemands (2-0). Neymar, auteur de 4 buts et de deux corners ayant débouché sur des buts, avait porté ses coéquipiers jusqu'en quarts. A l'image d'un Messi, il pouvait surgir à tout moment et on voyait déjà le gamin sur les traces de Pelé. «Neymar, c'est la référence pour nous. Il est capable de décider un match, jouer sans lui sera difficile», a reconnu Willian, un des joueurs pouvant être appelés à le remplacer, dans un euphémisme qui met le Brésil au désespoir. Dans les maisons, les bars, les transports en commun, la phrase revient souvent : «ça semblait déjà dur avec Neymar, mais sans lui ça paraît impossible». De plus, la charnière centrale sera privée de Thiago Silva ! Et si son remplaçant Dante connaît bien l'Allemagne, pour y jouer depuis 2009, au Borussia Moenchengladbach d'abord et au Bayern Munich depuis 2012, il n'a pas encore disputé la moindre minute de jeu depuis le début de ce Mondial. Scolari a, en fait, le choix entre conserver un système construit autour de Neymar, mais sans Neymar, ou faire une révolution tactique. Il a soigneusement évité de dévoiler ses batteries. Bernard ou Willian ? Un système renforcé au milieu avec Luiz Gustavo ? Se priver de Fred et passer à autre chose... Scolari, qui rappelle qu'il n'y a plus que deux matchs à gagner, comptera aussi beaucoup, comme en quart-finale, sur la «raça» (mouiller le maillot) brésilienne pour essayer de renverser la montagne allemande au Mineirao de Belo Horizonte, qui réussit traditionnellement bien à la Seleçao. Löw contre Scolari Côté allemand, on feint de se morfondre, tout en se frottant probablement les mains. «Dans une Coupe du monde, on veut toujours se mesurer aux meilleurs. C'est pourquoi j'aurais préféré affronter le Brésil avec Neymar», a affirmé le capitaine allemand Philippe Lahm. Bastian Schweinsteiger souligne que le Brésil «a des joueurs individuellement très forts, mais (que) le plus grand adversaire pour nous sera sans doute l'encadrement technique, à cause de son expérience». Il pense sans doute à «Felipao» Scolari, champion du monde 2002, contre l'Allemagne, à la tête du Brésil de Ronaldo, mais aussi à Carlos Alberto Parreira, sacré en 1994 comme sélectionneur et aujourd'hui coordinateur technique de la seleçao. Joachim Löw n'est pas un maladroit non plus. S'il peut compter sur un effectif chevronné, il a su faire oublier l'absence de Reus pour faire briller Müller et Götze ou émerger Hummels et Schürrle... Avec 8 coupes du monde (5 pour le Brésil, 3 pour l'Allemagne) ou 14 finales (7 chacun), cette demi-finale est le symbole de la tradition entre deux grandes nations du football, mais aussi un duel entre Europe et Amérique du sud. David Luiz, le défenseur brésilien, résume : le Brésil joue contre «une grande équipe, avec une grande philosophie, de grands joueurs, un grand coach... Ce sera un grand match, c'est le Mondial».