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Le pouvoir d'achat des Algériens en ce mois sacré
Publié dans La Nouvelle République le 17 - 07 - 2014

Invoquer une évolution positive du revenu global, c'est ignorer cette évidence, la concentration du revenu au profit d'une minorité que remettent en cause les déclarations de la ministre de la solidarité qui annonce une distribution de plus en plus élevée des couffins du ramadhan, sans compter les restaurants de la rahma. Cela est le reflet de la détérioration du pouvoir d'achat.
Pour 2014, environ 1,6 million de familles seraient concernées ce qui donnerait selon un ratio de cinq par famille huit millions de personnes soit 21% de la population algérienne estimée à environ 38 millions d'habitants. Cependant, un chiffre global a peu de significations, sans analyser la répartition du revenu national et le modèle de consommation par couches sociales, car, s'agissant d'un problème aussi complexe que celui du pouvoir d'achat et de l'inflation, il me semble utile de préciser que ces phénomènes doivent tenir compte de la structure et des particularités de l'économie à laquelle ils sont appliqués, les aspects de structures de l'économie internationale, de l'économie interne résultant de l'option de la stratégie de développement économique, aux schémas de consommation générés en son sein pour des raisons historiques, d'influences socioculturelles et aux composantes des différentes forces sociales pour s'approprier une fraction du revenu national. En effet, pour les petites bourses, le constat est amer. En l'absence de mécanismes de régulation et de contrôle, les prix des produits de large consommation connaissent, comme de coutume, notamment à la veille de chaque mois de Ramadhan, des fêtes religieuses ainsi qu'à l'approche des rentrées sociales, des augmentations sans précédent, les organisations censées sensibiliser les commerçants ayant peu d'impacts, prêchant dans le désert. D'ailleurs tous less ministres du Commerce ont prêché dans le désert durant cette période du mois sacré. J'ai toujours défendu depuis des années que le ministère du Commerce est une structure de peu d'utilité et qu'il s ‘agit d'intégrer au sein du ministère de l'Economie, les négociations pour la zone de libre échange ou avec l'OMC relevant surtout du ministère des Affaires étrangères en relation avec le Premier ministre. Un taux d'inflation se calcule par rapport à la période antérieure. Ainsi un taux faible en 2014 par rapport à un taux élevé entre 2012/2013 donne en cumul un taux élevé. En Algérie les subventions généralisées et non ciblées qui ne profitent pas toujours aux plus défavorisés, représentant en 2013 plus de 12% du produit intérieur brut (près de 25 milliards de dollars) compresse artificiellement le taux d'inflation qui peut être expliqué par quatre raisons interdépendantes. La première raison de l'inflation est la non proportionnalité entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux.La deuxième raison est la faiblesse d'une politique salariale cohérente privilégiant les créateurs de valeur ajoutée le travail et l'intelligence au profit d'emplois de rente. La troisième raison est l'extension de la sphère informelle qui contrôle quatre segments, celui des fruits et légumes, de la viande rouge et blanche ; du poisson et du textile /cuir, ce dernier à travers les importations de valises avec plus de 40% de la masse monétaire en circulation et contrôlant plus de 65% des segments des produits de première nécessité. L'allongement des circuits de commercialisation à travers leur désorganisation entre le producteur et le consommateur favorise les rentes de monopoles. La quatrième raison est l'inflation importée mais la question qui se pose pourquoi lorsque le taux d'inflation mondial allait vers zéro en 2009 cela n'a profité ni aux producteurs ni aux consommateurs algériens. Le dérapage du dinar, gonflant d'ailleurs artificiellement les recettes fiscales (voilant l'importance du déficit budgétaire) et le fonds de régulation des recettes calculées en dinars algériens, les taxes exorbitantes au niveau des douanes qui s'appliquent à un dinar dévalué pour entretenir notamment les couches rentières ont largement contribué à favoriser la hausse des prix Consacrant le principe de la tolérance, du dialogue entre l'Orient et l'Occident, principe de base de l'Islam et durant le mois sacré du Ramadhan 2014, les personnes aisées doivent sentir eux aussi les souffrances physiques et morales qu'endurent les pauvres à longueur d'année, et qui en principe devraient nous inciter à plus de solidarité sans calcul. Je lance un appel fraternel aux responsables algériens, aux organisations subventionnées par l'Etat c'est à dire par la rente des hydrocarbures de ne plus exploiter, comme par le passé, la misère humaine à des fins de propagande politique. Messieurs de grâce, n'humiliez pas ces pauvres gens, ne les faites plus filmer comme par le passé avec indécence, par la télévision publique ENTV, pour les couffins de Ramadhan ou ces images aussi indécentes au sein de restaurants de gens à l'air hagard. Je connais d'anciens fonctionnaires en retraite, certains enseignants du primaire et du secondaire, des cadres, des journalistes qui ont tout donné à l'Algérie après plus de 30 ans de carrière avec moins de 20 000 dinars par mois ( je ne parlerai pas de ceux qui perçoivent toujours moins de 10 000 dinars par mois) qui, par la force des choses sont soumis au couffin. Respectez au moins leur dignité ; ils n'ont plus que cela, d'autant plus que les hydrocarbures à ma connaissance sont la propriété de tout le peuple algérien. Comme le rappelait justement un des plus célèbres économistes du XXe siècle, conseiller financier du gouvernement britannique, et négociateur des Accords de Breeton Woods de 1945, John Maynard, Keynes, je cite : «certains dirigeants confondent abusivement fonds publics avec leurs fonds personnels. S'ils veulent faire œuvre véritablement de bonne charité, qu'ils le fassent sur leur propre compte bancaire». Que chacun d'entre nous, et sans publicité, fasse un don en ce mois de RamadHan selon ses propres moyens. En résumé, comment ne pas rappeler cette réalité amère en ce mois de juin 2014 : 98% des recettes en devises sont le fait des hydrocarbures et que le pouvoir d'achat des Algériens à plus de 70/% est fonction de la distribution de la rente des hydrocarbures. Une baisse de 50% des recettes des hydrocarbures entraînerait inéluctablement une révolution sociale. Avec les tensions budgétaires qui s'annoncent entre 2017/2025 dues à la chute des recettes d'hydrocarbures, il y a urgence de la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant une gouvernance rénovée, de réhabiliter l'entreprise créatrice de richesses et son soubassement le savoir.

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