La prolongation de la trêve humanitaire acceptée par Israël aura été de courte durée. L'armée israélienne a annoncé, hier, la reprise de ses opérations militaires dans la bande de Ghaza en réplique aux «tirs incessants de roquettes par le Hamas». Vingt-six Palestiniens ont été tués aux premières heures de la journée de mardi dans d'intenses frappes de l'armée israéliennes sur l'ensemble de la bande de Ghaza, selon les services de secours palestiniens. Parmi les 26 Palestiniens tués mardi, figurent au moins 9 femmes et 4 enfants, tués dans des frappes à Rafah (sud) et dans des tirs d'artillerie israéliens sur le camp de réfugiés de Bureij (centre) qui ont fait 11 morts à eux seuls mardi matin, a indiqué Achraf al-Qoudra, porte-parole des secours à Ghaza. 1.113 Palestiniens ont été tués à Ghaza depuis le début de l'opération israélienne le 8 juillet, a précisé M. al-Qoudra. Les bombardements se sont intensifiés lundi soir et mardi matin dans la bande de Ghaza, l'armée israélienne menant notamment plusieurs frappes sur la ville de Ghaza, y compris sur les locaux de la télévision et de la radio du Hamas à Ghaza. L'aviation israélienne a notamment bombardé la maison d'Ismaïl Haniyeh, le dirigeant du Hamas à Ghaza, qui se trouve dans le camp de réfugiés de Chati (nord-ouest de Ghaza), où huit enfants et deux adultes avaient été tués lundi. Cette courte trêve humanitaire entre les deux parties n'a pas tenu longtemps. Arrachée sous la pression de l'ONU et des diplomaties internationales, le répit accordé à la population ghazaouie vient à sa fin. A signaler que le cabinet de sécurité israélien avait accepté samedi soir de le prolonger jusqu'à dimanche minuit (21h GMT). Côté palestinien, «aucune trêve humanitaire n'est valable sans retrait des chars israéliens de la bande de Ghaza, sans que les habitants ne puissent retourner dans leurs maisons et que les ambulances transportant les corps soient libres de circuler à Ghaza», a prévenu Fawzi Barhoum, le porte-parole du Hamas à Gaza. Les responsables israéliens excluent de leur côté un retrait de Ghaza tant que l'armée israélienne n'aura pas réduit à néant la puissance de feu du Hamas. Peu après cette annonce, les habitants du territoire palestinien faisaient état de bombardements intenses dans l'est de la ville de Ghaza. Les Ghazaouis ont profité de cette petite accalmie pour récupérer les morts et les blessés qui restent bloqués dans les quartiers bombardés par l'armée israélienne. Selon un dernier bilan des secours locaux, le conflit a entraîné la mort de 1 049 Palestiniens, dont une très grande majorité de civils. Quelque 6 000 personnes ont été blessés. Côté israélien, 43 soldats israéliens ont perdu la vie. Malgré l'arrêt des combats, le tribut est payé par les civils, qui met Israël aux critiques de la communauté internationale. La comptabilité macabre tenue par les secours locaux donne lieu à quelque 150 corps retirés samedi des décombres, à quelques heures seulement de la trêve humanitaire. Ces corps sont retirés du nord au sud les villes de la bande de Ghaza. Des manifestations sont organisées à Tel- Aviv et à travers le monde, demandant l'arrêt des opération militaires israéliennes contre les civils palestiniens, et qui ont fait jusque-là plus de 1 000 morts depuis le début de l'agression israélienne, il y a 20 jours. Samedi, une réunion à Paris de plusieurs ministres des Affaires étrangères, n'a rien donné de nouveau, si ce n'est une demande de prolongation du cessez-le-feu. Outre Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, et le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, étaient présents à Paris leurs homologues britannique Philip Hammond, allemand Frank-Walter Steinmeier, italienne Federica Mogherini, turc Ahmed Davutoglu et qatari Khaled bin Mohamed Al Attiyah. Ils ont appelé «à la prolongation du cessez-le-feu humanitaire» de 12 heures qui est entré en vigueur samedi 8h locales. Le «soutien indéfectible» de l'Algérie à la cause palestinienne Au terme de sa visite de travail dans la wilaya de Constantine, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réitéré à Constantine le «soutien indéfectible» de l'Algérie à la cause palestinienne, mettant en exergue les efforts de la diplomatie algérienne pour mettre fin à l'agression contre Ghaza. M. Sellal a indiqué que l'Algérie, par la voix de son président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ne ménage aucun effort pour arrêter l'agression sioniste contre Ghaza. Il a regretté, dans ce sens, que la Ligue des Etats arabes ne parvienne pas à adopter une position commune. Le Premier ministre a mis en avant l'initiative de l'Algérie dans des réunions des pays voisins de la Libye dans le but de recouvrer la paix et la sérénité dans ce pays. Dans le même contexte, il a également cité les efforts menés par l'Algérie pour recouvrer la paix au Mali, soulignant que c'est la première fois que le gouvernement malien et les autres parties en conflit ont pu être réunis autour d'une même table à Alger sous l'égide de l'Algérie. Répondant à une question sur les marches et les rassemblements de soutien en faveur Ghaza à Alger, le Premier ministre a expliqué que les différentes organisations et associations ont toute la latitude d'organiser des activités dans des salles, mais les marches populaires dans la rue ne sont toujours pas autorisées à Alger. De son côté, l'Association des Uléma musulmans algériens (UMA) a appelé, samedi, le peuple algérien à faire des dons au profit des Palestiniens dans la bande de Ghaza dans le cadre de la «Caravane Algérie-Ghaza 3», qualifiant cette action de «devoir» pour tout musulman. Lors d'une conférence de presse tenue pour exprimer sa solidarité avec la population de Ghaza, le comité de secours de l'Association des Uléma algériens a lancé un appel «pressant» au peuple algérien pour faire des dons au profit des frères Ghazaouis. La «Caravane Algérie-Ghaza 3», dont le départ sera fixé ultérieurement, est scindée en deux groupes. Le «premier aura un caractère d'urgence et se chargera de collecter et d'acheminer les médicaments et autres effets médicaux destinés aux soins des blessés». Avant le mois de Ramadhan, la caravane «Ghaza 2» comptait «59 conteneurs chargés de 1 500 tonnes de denrées alimentaires, outre un équipement médical et des médicaments». Une quantité équivalant «près de 7 millions de dollars collectée grâce à la solidarité du peuple algérien», a indiqué le président de l'association, Abderrazak Guessoum. La marche pro-palestinienne de samedi à Paris brave l'interdit Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, s'est exprimé dans les colonnes du Parisien sur la manifestation de ce samedi, qui s'est tenue place de la République dans haute surveillance et qui a donné lieu à de légers incidents. «Si les heurts ont été limités, c'est parce que la police a maîtrisé la situation. Comme la semaine dernière à Barbès», a-t-il dit. Il a déploré la présence de «groupes qui, loin de vouloir manifester, étaient là pour être violents et exprimer de la haine. Ces groupes ont été heureusement contenus. Mais pour les organisateurs, ces violences inacceptables sont un échec». Selon les médias, quelques jeunes hommes hissés sur le monument de la République ont notamment brûlé un drapeau israélien, sous des applaudissements. Pendant cette manifestation, quelques croix gammées ont été taguées sur la pierre du monument et des personnes tiennent des fumigènes. Commentant les critiques qui se sont élevées contre l'interdiction de tels rassemblements au nom de la liberté d'expression, M. Le Foll a souligné que «près de 300 manifestations ont été autorisées et se sont déroulées dans de bonnes conditions et seulement cinq interdites». A préciser que les organisateurs de la manifestation de la place de la République, samedi, Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti des Indigènes de la République, Palestinian Youth movement et autres, sont les mêmes que ceux qui avaient appelé à la manifestation du 19 juillet qui, bien qu'interdite, avait rassemblé des milliers de personnes et dégénéré en violences spectaculaires dans le quartier de Barbès.