Près de 4 millions d'électeurs tunisiens sont attendus aujourd'hui dans les bureaux de vote pour élire le 6e président de Tunisie parmi les 27 candidats en lice. Lors de l'ouverture des candidatures, l'instance supérieure indépendante (ISIE) a reçu les dossiers de 70 postulants avant que 40 ne soit rejetés et deux autres se sont retirés. Même si rien n'est encore «joué», le président de Nidaa Tounès, Beji Caid Essebssi (88 ans), dont le parti a remporté les dernières élections législatives est donné comme le grand favori de ce scrutin, sauf surprise bien sûr. Béji Caid Essebsi a assumé plusieurs fonctions gouvernementales aux ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères sous le président Lahbib Bourguiba (1956-1987). Sous le régime de Zine El-Abidine Ben Ali, il a présidé le Parlement entre 1990 et 1991 et à l'issue des incidents de janvier 2011, il est chargé de conduire le gouvernement qui a présidé aux destinées du pays jusqu'aux élections de l'Assemblée constituante, considérées premières élections démocratiques de l'histoire de la Tunisie. Kalthoum Kennou est la seule femme à briguer la présidence tunisienne. Elle est la présidente de l'Association des magistrats tunisiens, l'organisation syndicale la plus représentative du pays. Plus de 15 000 parrainages ont permis à Mme Kennou d'entrer dans la course pour la magistrature suprême en tant que personnalité indépendante. La magistrate a toujours prôné l'indépendance de la justice et la promotion de la participation de la femme à la gestion des affaires du pays. Slim Riahi, le plus jeune candidat, un homme d'affaires de 42 ans, représente l'Union démocratique libre (UDL), classé troisième lors des dernières législatives. Le «président de tous les tunisiens», tel est son slogan de campagne, se propose comme alternative à la bipolarisation découlant des élections législatives entre Nidaa Tounès et le mouvement Ennahda. Kamal Mordjène, du parti de l'Initiative nationale constitutionnelle tunisienne, dernier chef de la diplomatie tunisienne sous le régime de Ben Ali, s'est excusé auprès du peuple tunisien pour avoir servi sous ce régime ; son parti s'inspire, selon lui, de l'esprit bourguibien. Le candidat Hamma Hammami (62 ans) est présenté, par les médias, comme la principale figure de la gauche tunisienne. Dans les années 1970, il a intégré le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT). En 2005, il fonde le Front du 18 octobre pour les droits et libertés, composé de gauchistes, islamistes et nationalistes, outre des juristes, en tant qu'alliance contre le régime déchu de Zine El-Abidine Ben Ali. Les chances des autres candidats restent favorables, au regard des conditions dans lesquelles s'est déroulée la campagne électorale, notamment pour Ahmed Nejib Chebbi, Hechmi Hamdi et l'homme d'affaires Mohamed Frikha. Cinq candidats se sont retirés jusqu'à présent de la course à la présidentielle, à savoir le candidat du Mouvement destourien et ancien Premier ministre, Abdelhamid Zouari, le dirigeant du Parti de l'alliance démocratique, Mohamed El-Hamdi, l'ancien syndicaliste Noureddine Hachad, l'ancien gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, outre le candidat du mouvement Wafa, Abderraouf Ayadi. L'actuel président Moncef Marzouki qui s'est présenté comme candidat indépendant sera certainement soutenu par les islamistes d'Ennahda et plusieurs autres formations politiques dont Le Congrès pour la République, Le courant démocratique, El-Bina el-watani, El-Bina el-magharibi, Tounès beitna, le Mouvement national pour la justice et le développement, Tounès ezzeytouna et le mouvement Wafa. En somme, dans le cas où aucun candidat n'obtient la majorité, un second tour est prévu pour fin décembre.