Le monde des arts plastiques algériens, ne cesse de s'enrichir des expressions les plus originales. Certains artistes émergents, d'autres plongent dans les abysses de l'indifférence. Et certains lieux changent de direction pour se tourner vers la jeune création. Un de ces lieux se dédie dorénavant à la jeune création et aux artistes émergents, Ezzou'art, sise au centre commercial de Bab Ezzouar, accueille depuis le vendredi 16 janvier 2015 une «tonitruante» exposition présentée par la néanmoins «agitée» Amel Benghezala. Pour ceux qui connaissent cette jeune plasticienne plutôt «élevée» dans le domaine du conseil et du Design graphique, il est enfin possible de la voir enfin s'arrêter sur des cimaises dans un calme apparent, tant cette plasticienne courait dans l'espace verdoyant des beaux-arts d'Alger où elle obtient d'abord un diplôme artistique (Ceag) puis un autre en communication visuelle. Tout en restant fidèle aux valeurs de la nature-morte et de la tendance au réalisme, la plasticienne se consacrera à son travail de graphiste, avec en sus une expérience acquise auprès de quelques professeurs plasticiens, comme Anissa Aïdoud, Mohamed Labidi, ou Karim Sergoua. Amel Benghezala, se «calme» ainsi juste en apparence pour se poser sur quelques escales bien fignolées à coup d'aquarelle ou de gouache surprenant. Car sous cette carapace de jeune artiste tout le temps en mouvement se cache une grande timide qui se pare des oripeaux de l'humour et de la franche camaraderie, ce qui n'enlève en rien les qualités artistiques mises au service d'un art enjoué, franchement sympathique et dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est original. Elle fait montre de ce talent sur quelques vingt travaux et plus sur des formats divers, longilignes, de base, en quadriptiques, présentés à la Galerie Ezzou'art du centre de Bab Ezzouar, gérée actuellement par Amel Benmohamed, aussi issue des Beaux-Arts d'Alger. Sur ces espaces constitués comme des immenses taches de couleurs et de graphismes, Amel, regard lumineux, sourire plus grand que sa bouche laisse sa générosité prendre le pas sur sa timidité. C'est alors l'émergence d'une œuvre essentiellement réalisée à l'aquarelle, construite sur un papier éloquent, qui prend sa richesse, son envol sur de multiples effets de pinceaux, graphiques, pointilleux, composés en zones de lumière et de cassures équilibrées. Elle pourrait se situer génialement dans quelques zones surréalistes. Nous préférons percevoir dans ce travail des élans de figuration libre, un peu loin de Combas, mais plus proche de François Boisrond ou Di Rosa. Amel Benghezala prend au sérieux son travail, elle incarne une nouvelle génération de peintres. Compose, met de la rondeur, attenue sa provocation dans des éléments graphiques, sympathiques, mais le fond de son travail ne trompe sur son regard sur le monde. «Tromperie», Chimères», «Contraste», «Clé», «Douleur», ou «Icare»... sont autant d'œuvres qui effacent la notion d'innocence ou d'apparente candeur. Ce sont souvent des mains qui montrent et des visages qui nous font face dans un rictus impossible, des dents carnassières et des yeux qui implorent. Sur une œuvre pas trop souriante malgré son aspect de jovialité imposée par la tourbillonnante magie des couleurs utilisées. Amel, agitée, Amel, épouse, Amel, mère et Amel Artiste, dans son calme imposée par cette escale artistique, elle avoue son amour d'époux, son amour de fils sans pudeur. Quelle belle déclaration d'honnêteté. C'est ainsi que va cette artiste sur un chemin de traverse vers d'autres inspirations dans lesquelles nous adorerions la voir s'investir sur des pistes entamées à l'acrylique, la toile et les pastels. En attendant et pour encore un certain temps, dans cet espace dédié dorénavant aux énergies artistiques émergentes, elle poursuit ses quêtes initiatiques dans des œuvres très énergiques, animées, colorées de bien belle manière sur des questionnements artistiques en dissonance avec l'apparente bonne humeur. Amel Benghezala, présente une série d'œuvres originales, qui sortent des sentiers battus de la stylistique usuelle, du confort ambiant auxquels nous ont habitués certains producteurs d'art. Une exposition à voir en toute vitesse, en mettant sa ceinture de sécurité...car vertige colorés assurés !!! Exposition Amel Benghezala, Ezzou'art Galerie, centre commercial Bab Ezzouar, entrée libre.