Selon certaines sources bien informées, en cas de guerre avec le Hezbollah, l'armée israélienne a l'intention de frapper très fort d'entrée de jeu, y compris contre les localités civiles de tout le sud du Liban. Lors d'un briefing, le général Gadi Eizenkot, le chef d'état-major israélien, a prévenu que si ce scénario devait se produire, entre un million et un million et demi d'habitants vivant dans 240 localités de cette région ne disposeront que d'un délai de 24 heures pour s'enfuir de chez eux avant que l'aviation israélienne ne pilonne massivement des objectifs tels que des caches d'armes, des sites de lancement de roquettes ou des entrées et sorties de tunnels dissimulés dans de multiples maisons et bâtiments publics. Si la population dans ces secteurs n'est pas évacuée à temps, les attaques de Tsahal lancées en riposte à des tirs de roquettes du Hezbollah vers des localités israéliennes, risquent de faire «plusieurs milliers de victimes» libanaises, a ajouté un autre responsable militaire. Ces avertissements ont été lancés notamment par le général Eizenkot, le principal concepteur de la «doctrine Dahiya (banlieue, en arabe)», qui a trait à la guerre asymétrique en milieu urbain et prône un usage «disproportionné» lors des représailles contre des zones civiles servant de bases à des attaques en guise d'arme de dissuasion. Cette doctrine fait référence à la banlieue sud de Beyrouth, peuplée de chiites et bastion du Hezbollah, qui avait subi des bombardements massifs de l'aviation israélienne, mais aussi pour tenter, à la suite des énormes dégâts, de provoquer un revirement de la population libanaise contre cette organisation. La semaine dernière, l'aviation israélienne a participé à un exercice simulant ce genre d'attaques contre des milliers de cibles potentielles au Liban. L'objectif était notamment d'améliorer les performances des armes téléguidées de haute précision larguées par les avions dans des zones urbaines dans un laps de temps très court, au moment même où des bases aériennes subissaient des attaques aux roquettes et aux missiles tirés par le Hezbollah à partir du sud du Liban. Un nouveau centre opérationnel de contrôle de l'aviation israélienne, établi l'été dernier, a également été testé à cette occasion. L'exercice visait aussi à améliorer la coordination entre l'aviation, les forces terrestres et la marine agissant au large des côtes libanaises. Les pilotes se sont, en outre, entraînés à lancer des attaques dans la partie syrienne du Golan et à faire face aux batteries de missiles antiaériens de type SA-17, dont dispose l'armée de Bachar Al-Assad dans cette région. Ces batteries de missiles pourraient tomber entre les mains du Hezbollah ou des groupes djihadistes, tels le Front al-Nosra ou l'Etat islamique, qui s'affrontent pour prendre le contrôle de la partie restée syrienne du Golan. Pour tenter de dissuader le « parti de Dieu » de se lancer dans la moindre « aventure », un responsable militaire a affirmé que l'armée israélienne disposait d'une « banque » de près de 10 000 cibles liées de près ou de loin au Hezbollah. Ce ton menaçant s'explique par les craintes de l'état-major de voir la formation chiite, qui aurait perdu près d'un millier de ses combattants en Syrie pour défendre le régime de Bachar Al-Assad, se livrer à une « provocation » envers Israël en vue de « brouiller les cartes ».