Depuis la diffusion, il y a quelques jours, du reportage choquant sur la maternité du CHU de Constantine par la télévision algérienne, c'était hier que le ministre de la Santé, de la Population et la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf a inspecté les lieux. Il a annoncé qu'un «plan d'urgence va être mis en oeuvre» au service maternité de ce centre hospitalier. Constantine, considérée comme troisième wilaya du pays, accueille dans ce centre hospitalier des femmes enceintes de différentes wilayas voisines. Le reportage choc montre des images ignobles pour un être humain, des femmes enceintes jusqu'à trois dans le même lit, et jusqu'à quatre bébés partageant le même lit. Un service débordé, des personnels qui n'en peuvent plus, sans parler de niveau de l'hygiène dans un endroit qui devrait avoir ce critère comme priorité. A cet effet, le ministre Abdelmalek Boudiaf a précisé lors de sa visite d'inspection que «la maternité où des travaux de réhabilitation sont en cours sera temporairement fermée pour accélérer les travaux, et ses prestations provisoirement transférées, dans une semaine au plus tard, à l'hôpital d'El-Khroub». Le ministre de la Santé a rappelé que les résultats des enquêtes diligentées par les services de sécurité «à propos de la gestion et du fonctionnement de cette structure hospitalière seront connues dans les prochaines 48 heures et qu'elles seraient aussitôt suivies de décisions». Abdelmalek Boudiaf devait se renseigner sur le fonctionnement des différents services du CHU, et porsuivre sa visite de travail en inspectant plusieurs autres structures de santé de la wilaya de Constantine avant de présider, en fin de journée, une séance de travail qui réunira l'ensemble des cadres locaux de son secteur. Pour rappel, le directeur général CHU de Constantine, Kamel Benissad, a promis, mercredi lors d'une conférence de presse, «qu'il y aura de mesures pour redresser la situation de cette structure de santé catastrophique». Il a fait savoir qu'une plainte plainte a été déposée par le CHU auprès de la brigade économique de la sûreté de wilaya pour établir les raisons qui empêchent trois chirurgiens compétents d'exercer et d'opérer, a révélé le directeur général de l'établissement hospitalier qui a également fait part d'une plainte pour «dégradation délibérée, à coups de marteau ou de pierre, d'échographes dont le prix unitaire est estimé à 1,2 million de dinars en hors taxe». La direction générale du CHU de Constantine a par ailleurs commandé une expertise de la gestion des œuvres sociales de l'hôpital dont les activités sont suspendues jusqu'à nouvel ordre, avait expliqué, Benissad, lors de cette conférence de presse. Il a admis, entre carences, «une mauvaise qualité du service, un chantier d'extension du centre anti-cancer en souffrance depuis 2005, des équipements en panne, des salaires non payés, des services fonctionnant au minimum de leurs capacités», ainsi que des praticiens de haut niveau «marginalisés et empêchés d'exercer, des échographes délibérément endommagés à la maternité et des fournisseurs non payés», a-t-il regretté.