La sentence est tombée. L'Agence mondiale antidopage (AMA) vient de dévoiler les conclusions de son rapport d'enquête concernant les accusations de dopage qui frappent la discipline depuis près d'un an. L'instance n'y va pas par quatre chemins. Ses recommandations font exploser l'athlétisme russe. Elle recommande tout simplement la suspension de la Russie de toute compétition en athlétisme, le retrait de l'accréditation du laboratoire antidopage de Moscou ainsi que le remplacement de son directeur. En prime, elle réclame la suspension à vie de cinq athlètes russes, dont la championne olympique en titre du 800 mètres, Mariya Savinova, qui a reconnu il y a quelques mois s'être dopée (hormone de croissance). C'est ce que rapporte le journal Le Point. C'est la fin d'une course sans chrono. Une course à perte de vue que personne n'applaudira. C'est la fin d'une discipline «pourtant la plus universelle du monde et la plus proche des valeurs véhiculées par l'olympisme». L'autre conclusion tirée par l'AMA est plus grave pour ne pas dire plus saignante, elle estime que les JO Londres en 2012 ont été tout simplement «sabotés» par la présence d'athlètes dopés. Le journal Le Point fait référence à ses jeux de 2012 qui viennent de perdre ses plumes. Et pour cause. «Ils ont été salués pour leur rigueur en matière de contrôles antidopage, la Russie a terminé au deuxième rang du tableau des médailles en athlétisme. Alors, si l'on se tient aux conclusions de l'AMA, avec 18 médailles (sur 47 épreuves) dont 8 titres pour la Russie, c'est l'ensemble des résultats sportifs d'une discipline dans sa compétition la plus importante qui sont remis en cause.» Le second élément qui met le feu à la barque de cette discipline qui perd ainsi toutes ses couleurs est le fait que l'agence mondiale antidopage estime que « le dopage russe «n'aurait pu exister» sans l'assentiment du gouvernement... «Les accusations de dopage et de corruption à l'égard de la Russie contenues dans le rapport de l'AMA sont infondées. Je n'y vois rien de probant mais seulement des déclarations étayées par aucune preuve», a réagi Nikita Kamaïev, le n°2 de l'Agence russe antidopage. Une réaction qui fait écho à celle du ministre russe des Sports, Vitaly Moutko, quelques heures plus tôt : «L'Agence mondiale antidopage n'a pas le droit de suspendre la Russie», rapporte le journal Le Point qui souligne que l'AMA ne dispose pas de ce pouvoir. Mais sur le fond de l'affaire, cela ne risque pas de changer grand-chose. Face à ce dossier solide, la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) lancerait très prochainement la procédure d'application des sanctions demandées par l'AMA, tout en laissant à la Russie jusqu'à la fin de la semaine pour répondre aux accusations. «Concrètement, au-delà des suspensions individuelles, c'est la participation de la Russie aux épreuves d'athlétisme des JO de Rio cet été qui est fatalement gelée. Un crève-cœur qui touche le sport le plus pourvoyeur en médailles olympiques pour le pays.» C'est dire si les performances du pays lors de la prochaine olympiade vont être amputées de leur sport le plus prolifique devant la lutte. Les Jeux de Rio s'approchent à grande vitesse, c'est dans huit mois, et tout porte à croire que les révélations ne vont pas s'arrêter à ce stade des accusations. L'AMA parle d'un «dopage organisé» et d'une «culture de la tricherie profondément enracinée». Le rapport explique que «l'acceptation de la triche à tous les niveaux s'est étendue et existe depuis longtemps», pointant du doigt les entraîneurs «qui eux-mêmes étaient des athlètes et qui travaillent en relation avec le personnel médical. Cette mentalité de victoire à tout prix a ensuite été transmise aux athlètes actuels». Un système vérolé qui renvoie tristement aux pratiques nauséabondes du bloc soviétique (URSS et RDA) en son temps. Du coup, vu l'énormité du scandale, Interpol entre en jeu, elle endosse le maillot qui fera des révélations jusque là cachées. L'Organisation internationale de police criminelle va donc coordonner une enquête mondiale sur le dopage, pilotée par la France. Et le nom donné à l'opération «Augias» – laisse entendre l'ampleur du désastre qui s'annonce. Interpol déjà sollicité par l'AMA au moment de ses investigations va désormais travailler avec ses pays membres, susceptibles d'être concernés par l'enquête, notamment Singapour. «Une destination déjà dans le viseur de l'organisation, mais pour des soupçons de paris truqués dans le football...» Le coup d'envoi est donné et l'atterrissage sur la pelouse de la FIFA n'est pas pour longtemps. Les dossiers sont déjà en vue et rien ne pourra les faire détourner de la vérité, même pas les dollars qui ne pèseront absolument rien, cette fois-ci. Regrettable que de pareils scandales secouent le monde sportif. A cette allure, aucune organisation sportive ne serait à l'abris. Que faire du sport ? Effacer tout et recommencer ? Certainement pas. Il va falloir afficher la composition de ses équipes mafieuses au grand jour. Staff et joueurs devront être à l'affiche pour ce dernier tour de piste.