L'Algérie est convaincue que la mobilisation internationale est indispensable pour donner une réponse globale au terrorisme qui est un fléau global. Cela a été confirmé par Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, dans un entretien accordé, hier matin, à la Chaîne III de la Radio nationale dont il a été l'invité de la rédaction. Dans cet esprit, il a annoncé que l'Algérie abritera en 2016 deux conférences : l'une aura lieu au cours du premier trimestre 2016, qui sera consacrée à la place de la démocratie dans la déradicalisation, et la seconde dédiée à la cybercriminalité, l'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux par les groupes terroristes, a-t-il précisé. Ces rencontres permettront à l'Algérie de faire connaître son expérience de l'Algérie sur la déradicalisation et dans la lutte antiterroriste, devant les experts et spécialistes de haut niveau dans le domaine. Il rappelle que la déradicalisation en Algérie, c'est la loi sur la concorde civile, la réconciliation nationale, les projets de développement, la lutte contre le chômage, la prise en charge des jeunes et les grandes réformes qui font qu'aujourd'hui l'Algérie est devenue une référence en la matière. A la base, il y a la démocratie et l'Etat de droit, c'est le fondement même de la lutte contre la radicalisation, a-t-il souligné. Il rappelle que l'Algérie est le pays qui donne le moins de djihadistes au terrorisme et à Daech. Quant aux réseaux sociaux, ils sont devenus, dit-il, des instruments de propagande et d'enrôlement au terrorisme et il faut les gérer, pour les mettre au service de la paix, de l'humanité et non pas comme vecteur de destruction massive de la population, a-t-il ajouté. Pour Abdelkader Messahel, il faut prendre, à l'échelle internationale, des mesures et codifier les règles d'utilisation des moyens des technologies de l'information afin d'en contrôler le maniement En même temps, il faut, fait-il observer veiller à concilier le sécuritaire et les libertés. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, estime que les Nations unies doivent avoir une stratégie antiterroriste globale où l'action militaire est complétée par le tarissement des sources de financement. M. Messahel a longuement évoqué cet aspect en décrivant ces sources : d'abord, le paiement des rançons, ensuite les trafics en tous genres effectués par le crime organisé, notamment la drogue, en citant le chiffre impressionnant d'un milliard de dollars donnés aux terroristes au niveau du Sahel par ce trafic de stupéfiants. Il a parlé, à ce sujet de narcoterroristes; enfin ce qu'il appelle les sources occultes, c'est-à-dire, précise-t-il, les paradis fiscaux et certains Etats à travers des organisations prétendument caritatives. Il donne l'exemple de Daech qui vend du pétrole sur le marché international, «on ne sait comment... », dit-il. L'Algérie, rappelle-t-il, avait proposé lors du sommet du Conseil de paix et sécurité de Union africaine (UA) à Nairobi, de réunir une conférence africaine en 2016 sur le financement du terrorisme, avec pour objectif d'aller vers les Nations unies et négocier un protocole additionnel à la convention de lutte contre le terrorisme qui prend en charge la question du financement de ce fléau, a-t-il souligné. Il signale, au passage, le phénomène du trafic d'armes qui s'est développé du fait de la situation en Libye mais aussi de situations de conflits qui prennent fin, comme au Libéria. Abdelkader Messahel met l'accent sur la préservation en Algérie du front intérieur stable et très solide, dont la responsabilité incombait à tous, et il faut sauvegarder la stabilité. Il fait constater que l'Algérie est aujourd'hui l'un des rares pays stables de la région. Mais il insiste sur la vigilance à maintenir car le risque zéro n'existe pas, dit-il. Au plan régional, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, a rappelé la position de l'Algérie, limitrophe de pays instables politiquement, Libye et Mali en particulier, qui, bien que moins exposée que ses voisins, reste cependant menacée par la violence terroriste. Il rappelle également, que l'Algérie s'est inscrite dans une politique de dialogue entre les parties en conflit en Libye et qu'elle prône la solution politique et la création d'un gouvernement d'Union nationale indispensable pour rétablir l'ordre et les institutions dans ce pays, voisin, qui ne peut laisser l'Algérie indifférente. Il y a aujourd'hui, un consensus international autour de cette démarche, fait-il constater.