La première conférence, qui aura lieu au cours du premier trimestre 2016, sera consacrée à la place de la démocratie dans la déradicalisation, et la seconde sera dédiée à la cybercriminalité, l'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux par les groupes terroristes, a-t-il précisé. À propos de ce dernier thème, il considère que les Nations unies devraient s'organiser pour être à même de contrôler les réseaux en contribuant à en codifier les règles d'utilisation. M. Messahel a fait savoir que «ces conférences rentrent dans le cadre de la vulgarisation de l'expérience de l'Algérie sur la déradicalisation et la lutte antiterroriste, dans le cadre du Forum global de lutte contre le terrorisme». L'Algérie est membre fondateur et initiateur de ce forum et elle copréside, avec le Canada, le comité sur le Sahel. «L'objectif des conférences est de lutter contre l'usage des réseaux sociaux à des fins de propagande et d'enrôlement au terrorisme», a-t-il expliqué. Par ailleurs, le ministre a plaidé encore une fois pour une stratégie globale des Nations unies pour lutter contre le terrorisme, qui «ne devrait pas se baser sur l'action militaire, mais sur d'autres facteurs tel que l'assèchement des sources de financement du terrorisme». À ce propos, il a rappelé que l'Algérie avait proposé lors du sommet du Conseil de paix et sécurité de Union africaine (UA) à Nairobi, de réunir une conférence africaine en 2016 sur le financement du terrorisme «avec l'objectif d'aller vers les Nations unies et négocier un protocole additionnel à la convention de lutte contre le terrorisme qui prend en charge la question du financement de ce fléau». Pour M. Messahel, «il va falloir prendre des mesures internationales pour sanctionner ceux qui payent les rançons. Il s'agit aussi de la question du trafic de drogue et du crime organisé». Le ministre a évoqué dans le même contexte les rapports de l'ONU qui relèvent que le trafic de drogue à lui seul rapporte plus d'un milliard de dollars aux groupes terroristes et aux narcotrafiquants dans la région du Sahel. Outre les rançons et le trafic de drogue, le terrorisme se finance également par des sources occultes que sont les paradis fiscaux, et certaines organisations caritatives, a encore relevé le ministre. Le ministre a insisté sur l'impératif de la tenue d'une conférence internationale sur cette question et la mise en place d'un protocole additionnel onusien qui la prendra en charge et faire en sorte que ça soit criminalisé. «Le terrorisme est devenu une menace globale contre la paix et la sécurité, et il nécessite une riposte globale», a-t-il encore dit, rappelant que «l'Algérie est fortement impliquée depuis de longues années dans la mobilisation internationale pour faire face à ce phénomène nourri également par le discours radical qui est prôné un peu partout». M. Messahel a rappelé les efforts consentis par l'Algérie dans la lutte anti-terroriste et la mise en place d'une politique de déradicalisation. «La déradicalisation, c'est la loi sur la concorde civile, la réconciliation nationale, les projets de développement, la prise en charge des jeunes et les grandes réformes qui font qu'aujourd'hui l'Algérie est devenue une référence en la matière», a-t-il martelé, ajoutant que «la démocratisation est le fondement même de la lutte contre la radicalisation», relevant que «l'Algérie est le pays qui donne le moins de djihadistes au terrorisme et à Daech». M. Messahel a, d'autre part, souligné que «le terrorisme a connu une mutation dans le mode opératoire, passant d'opérations ciblées, à l'occupation et au contrôle de vastes territoires comme c'est le cas en Irak». Le ministre a ensuite mis l'accent sur «la préservation d'un front intérieur stable et très solide dont la responsabilité incombait à tout le monde». Selon M. Messahel, «l'Algérie est aujourd'hui l'un des rares pays stables de la région. Nous devons garantir notre stabilité en restant vigilants parce que la menace est immense et elle est encore là». Limitrophe de pays instables politiquement, Libye et Mali en particulier, l'Algérie, bien que moins exposée que ses voisins, reste cependant menacée par la violence terroriste. Commentant la situation politique en Libye, M. Messahel déclare que l'Algérie s'est inscrite dans une politique de dialogues entre les parties en conflit, ajoutant qu'elle continue de prôner la création d'un gouvernement d'Union nationale «pour restaurer l'ordre et les institutions» dans ce pays. A. K.