Les travaux de la 7e réunion ministérielle ordinaire des pays voisins de la Libye qui ont débuté hier après-midi, à Alger, en présence du nouveau représentant du secrétaire général de l'ONU en Libye, Martin Kobler (qui a succédé à l'espagnol Bernardino Leon), ont pour but de voir où en est la situation dans ce pays et dans la région. Comme l'indique le caractère «ordinaire» de la réunion, elle se tient en droite ligne des efforts engagés depuis des années dans la recherche d'une solution politique et pacifique à la crise libyenne. Elle intervient notamment dans le prolongement de la réunion tenue à N'Djamena (Tchad) en juin dernier. Elle se tient également au lendemain de la signature par le parlement libyen reconnu internationalement de la déclaration de soutien à un gouvernement d'union nationale, saluée par l'ONU ainsi que par plusieurs pays dont l'Algérie, y voyant la «seule voie à même de rétablir la stabilité et de préserver l'unité de la Libye». A son arrivée, hier à Alger pour prendre part à cette réunion, Martin Kobler s'est inscrit dans la démarche initiée par Alger fondée sur la nécessité d'aller vers un accord politique et la mise en place d'un gouvernement d'union nationale en Libye. «Nous avons le processus de dialogue politique et on y est presque à la fin. Maintenant, il faut faire vite pour conclure vraiment cet accord, même si tout le monde n'est pas satisfait», a-t-il déclaré à l'issue de son entretien avec le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. «Je voudrais bien faire avancer le processus (de paix) avec les partenaires libyens pour parvenir à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale le plus vite possible», a-t-il ajouté, mettant l'accent sur l'importance d'inclure les pays voisins dans ce processus de paix. M. Kobler s'est dit «convaincu» que le peuple libyen veut qu'un accord soit concrétisé, «même s'il n'y a pas de consensus». «Nous avons la majorité de Toubrouk et celle de Tripol. Il faut élargir cette majorité et je ferai tout mon possible pour promouvoir ce processus», a-t-il assuré. Le représentant onusien a souligné la nécessité de «parvenir à un accord le vite possible pour relever les différents défis auxquels est confrontée la Libye, notamment en ce qui concerne la situation sécuritaire marquée par la présence de groupes terroristes». A ce propos, lors d'un entretien, lundi dernier, avec M. Fayez El-Sarraj, candidat au poste de chef du gouvernement d'union nationale de la Libye, Abdelkader Messahel avait réaffirmé le soutien de l'Algérie aux efforts visant à trouver une solution politique à la crise libyenne et au nouveau représentant onusien, Martin Kobler, chef de la mission de l'ONU d'appui en Libye (MANUL). Les participants à la réunion, en premier lieu les représentants libyens ainsi que les représentants des pays voisins (Algérie, Egypte, Soudan, Niger, Tchad et Tunisie), et ceux des organisations régionales et internationales concernées (Union africaine, Ligue arabe et Union européenne) procèderont à un échange d'informations sur la situation en Libye et dans la région, et, sur cette base, à une analyse de ses derniers développements. Abdelkader Messahel, qui a donné ces indications, a souligné que la réunion constitue également «une opportunité pour l'Algérie de réitérer son appui au processus en cours sous l'égide des Nations unies, pour accélérer la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, capable de mener à bien la période transitoire et de relever les multiples défis auxquels fait face le pays, notamment le terrorisme». M. Messahel a encore une fois lancé «son appel à toutes les parties et acteurs en Libye à répondre positivement et en toute responsabilité aux propositions soumises», rappelant que «la situation interne et régionale exige une action urgente». Début octobre, M. Leon, au terme de près d'une année de négociations, était parvenu à arracher un accord sur un gouvernement d'union nationale, mais le document a été par la suite rejeté par les deux parlements, qui se disputent le pouvoir en Libye. De son côté, la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a fait part, une nouvelle fois, de la «profonde inquiétude» de l'UA sur la situation en Libye, soulignant l'importance de prendre les mesures nécessaires pour que «l'UA joue son rôle légitime, en coordination avec les pays voisins de la Libye et de l'ONU, dans les efforts pour rétablir la paix dans le pays». Lors d'un entretien avec Mme Dlamini-Zuma, jeudi au siège de l'UA à Addis Abeba, l'envoyé spécial du Premier ministre libyen, Mohamed Bait Almal, a indiqué que «le terrorisme est une menace non seulement pour la Libye mais aussi pour la région et le reste du continent africain». «Le gouvernement libyen souhaite voir un rôle plus actif de l'UA dans le règlement de la crise libyenne», a-t-il souligné. Autre marque de soutien à la recherche d'une solution politique le plus rapidement possible, elle émane de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui a fait savoir que l'UE se tient prête à aider le nouveau gouvernement d'union nationale libyen et à lui fournir un soutien financier substantiel de 100 millions d'euros en cas d'accord. La recherche d'une solution pacifique est extrêmement difficile du fait que la Libye est en proie au chaos depuis l'assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est livré aux milices et a deux pouvoirs rivaux, avec un Parlement basé dans la capitale Tripoli aux mains d'une coalition de milices, Fajr Libya, et un autre à Tobrouk (est), reconnu par la communauté internationale.