La direction des services agricoles de la wilaya de Tizi Ouzou table sur une production de 450 000 quintaux d'olives pour la présente campagne oléicole. «La production oléicole sera des plus prometteuses cette année», selon le docteur en science agronomique, expert en oléiculture à la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Tizi Ouzou, Karim Kouraba. La production prévisionnelle d'olives pour cette saison sera de près de 450 000 quintaux, soit l'équivalent de quelque 8 millions de litres de l'huile, a relevé Karim Kouraba. «La production de cette année a enregistré une augmentation de près de 20% par rapport à la récolte de la saison précédente», a-t-il fait observer, indiquant que la cueillette a déjà débuté, dans certaines régions, notamment au niveau des localités du flanc nord de la wilaya. L'oléiculture, l'une des principales vocations de la wilaya, occupe, selon la même source, quelque 35 176 hectares de la superficie agricole utile où, a-t-il rappelé, la culture de l'olive est pratiquée par l'écrasante majorité de la population. «Cette superficie devrait connaître une extension à la faveur des prochaines campagnes de plantation d'oliviers», a-t-il assuré, faisant cas du programme de plantation d'oliviers pour 2016 qui a été mis sur pied. «Un reliquat de 150 000 plants d'oliviers sera distribué aux oléiculteurs inscrits au niveau de nos subdivisions agricoles pour la campagne de plantation de 2016 qui débutera en décembre et s'achèvera en mars», a-t-il dit. En plus, a-t-il poursuivi, des 540 000 autres plants d'oliviers déjà distribués, ainsi que des aides financières pour l'acquisition d'huileries modernes à hauteur de 30% du montant plafonné à 4 millions de dinars et des cuves de stockage. «L'opération a déjà été inscrite et sera lancée incessamment en avis d'appel d'offres pour l'acquisition de ces fameux plants d'oliviers à distribuer aux agriculteurs», a-t-il fait savoir. La trituration de l'olive récolté se fera dans 475 huileries, dont 125 modernes, implantées à travers les différentes régions de la wilaya, selon la même source qui a fait état de la distribution, gratuitement, de plus de 541 800 plants, aux oléiculteurs de la wilaya ces dernières années. Les oliveraies de la wilaya sont, dans leur écrasante majorité, implantées sur des terres accidentées inaccessibles à la mécanisation (tracteurs et autres moyens modernes de cueillette...), a relevé Karim Kouraba, expert spécialisé dans l'oléiculture. Il faut signaler, par ailleurs, qu'en dépit de la production abondante de l'olive et de l'huile, la wilaya de Tizi Ouzou ne dispose, du moins jusque-là, d'aucune unité spécialisée dans le conditionnement de l'huile d'olive qui est toujours écoulée dans des bouteilles en plastique par les propriétaires d'oliveraies et certaines huileries. Même chose pour le grignon d'olive qui n'est toujours pas exploité, malgré les recommandations des chercheurs universitaires. La qualité de l'huile produite dépend essentiellement de l'état des olives dont elle est issue (stade de maturité, notamment) et des conditions de sa production principalement les méthodes de récolte, le transport, la durée de stockage des olives et la trituration. «Son amélioration passe par la protection de l'olive et de l'huile de toute altération durant les différentes phases de production», a-t-il rappelé. Conditions de production et de stockage de l'huile d'olive Rappelons que selon des universitaires, le stockage des olives et l'extraction de l'huile dans la wilaya de Tizi Ouzou ne se font pas selon les normes du Conseil oléicole international (COI) relatives à la qualité du produit. «La moitié du volume de l'huile d'olive produite localement est marquée par son fort taux d'acidité, dû aux mauvaises conditions d'entreposage des olives avant la transformation», a indiqué Hocine Doufène, enseignant-chercheur à l'université de Tizi Ouzou, lors d'une journée thématique sur l'agriculture organisée, récemment, par l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou. Cet intervenant a mis en avant «les analyses effectuées au laboratoire de la faculté des sciences biologiques et des sciences agronomiques de l'université Mouloud-Mammeri par les étudiants en mastère dans la spécialité oléiculture et oléotechnie. «Les échantillons d'huile prélevés, aussi bien au niveau des huileries modernes que traditionnelles, dans plusieurs daïras de la wilaya, présentent un fort taux d'acidité, supérieur à 3%, dans beaucoup de cas, jusqu'à devenir impropre à la consommation», selon la même source. A l'origine de ce fort taux d'acidité, a-t-il fait observer, la longue durée de stockage des olives au niveau de l'exploitation oléicole et des unités de transformation, le non-tri des olives avant la trituration, leur stockage dans des sacs en plastique, conseillant aux oléiculteurs, de récolter l'olive lorsque celle-ci présente une couleur rose. Evoquant la compétitivité de ce produit sur le marché mondial, l'universitaire a relevé que les oléiculteurs doivent, impérativement se conformer aux normes du Conseil oléicole international relatives à la qualité du produit. «L'huile d'olive doit avoir un taux d'acidité inférieur à 0,8%», a-t-il rappelé, suggérant la mise en place d'une organisation entre les acteurs intervenant dans la filière, principalement les producteurs et les industriels assurant la transformation. «Comme dans les filaires modernes, les industriels doivent être près des oléiculteurs en amont et s'assurer que les techniques culturales sont respectées. L'industriel doit maîtriser les apports en olives pour atténuer la durée de stockage élevée des olives», a-t-il dit. La wilaya de Tizi Ouzou dispose d'un potentiel oléicole à même de prendre en charge la demande nationale en huiles essentielles, pour peu que ce secteur s'organise et la filière, jusque-là artisanale, se modernise.