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Impact sur la sphère financière et réelle de l'économie algérienne
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 12 - 2015

Le cours du Brent a été coté le 12 décembre 2015 à 37,71 et celui du WIT à 35,35 avec un cours euro/dollar de 1,098, l'euro à 117,336 dinars algériens et 106,650 dinars un dollar.
L'année 2016 sera encore plus difficile pour l'Algérie que l'année 2015 et les cours des hydrocarbures, du fait des mutations énergétiques mondiales, seront encore bas pendant encore de longues années. L'objet de cette contribution est d'analyser les impacts sur la sphère financière et la sphère réelle (1). 1.-Impact de la chute des cours sur les recettes de Sonatrach Une baisse en moyenne annuelle d'un dollar du cours du pétrole ( le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole) occasionne un manque à gagner d'environ 600 millions de dollars. Les réserves de pétrole selon le dernier Conseil des ministres est d'environ 10 milliards de barils et celles du gaz conventionnel de 2700 milliards de mètres cubes gazeux étant loin des données souvent reprises par la presse nationale de plus de 12 milliards de barils de pétrole et de 4 500 milliards de mètres cubes gazeux ((données de BP de 1999 jamais réactualisé). Les exportations de gaz ( par canalisation et GNL) qui représentent plus 34% des recettes de Sonatrach durant 2010/2014 n'ont jamais pu dépasser la barre des 55 milliards de mètres cubes gazeux. Les recettes de Sonatrach ont été de 73 milliards de dollars entre 2010/2011, 63 milliards de dollars en 2013 59 milliards de dollars en 2014. Selon la LFC 2015 à un cours de 60 dollars en moyenne annuelle il était prévu une recette de Sonatrach de 34 milliards de dollars, montant auquel il faudra soustraire 20% de coût de Sonatrach restant 27 milliards de dollars. Au cours de 50 dollars moyenne annuelle la recette de Sonatrach serait de 28 milliards de dollars et le profit net de 22/23 milliards de dollars. Au cours de 40 dollars la recette serait de 18 milliards de dollars et le profit net de Sonatrach serait d'environ 14/15 milliards de dollars. Comment dès lors mobiliser les 100 milliards de dollars prévus comme investissement entre 2015/2020 par le ministère de l'Energie sans compter plus de 20 milliards de dollars pour Sonelgaz, d'autant plus que la loi des hydrocarbures votée en février 2013, outre la règle des 49/51% généralisable tant à l'amont pour tous les gisements qu'à l'aval et aux canalisations, prévoit une taxe sur les profits au-delà d'un certain seuil, décourageant avec l'actuel prix tout investisseur étranger ? 2.- Tensions au niveau de la balance des paiements Selon la BA en 2014 la sortie de devises sans les transferts légaux de capitaux a été de 71,3 milliards de dollars (dont 11,5 de services) non compris les transferts légaux de capitaux. La balance commerciale a accusé un déficit durant les 10 mois de l'année 2015 de 10,82 milliards de dollars contre un excédent de 4,82 milliards de dollars durant la même période 2014. Les exportations d'hydrocarbures ont été estimées à 30,25 milliards de dollars contre 51,22 milliards de dollars en 2014 et les exportations hors hydrocarbures marginales (diminution de 18,18%) ont été de 1,76 milliard de dollars constituées de 1,44 milliard de dollars de semi-produits soit 82% du total. Les importations, bien qu'en petite baisse, (12,35%) restent élevées, car bon nombre de produits incompressibles, de 42,94 milliards de dollars et au même rythme devrait pour les importations de biens être de 52 milliards de dollars. Si l'on ajoute environ 11 milliards de servies et 4/5 milliards de dollars de transferts légaux de capitaux nous aurons une sortie de devises fin 2015 de 67/68 milliards de dollars pour une entrée de devises de inférieures à 34 milliards de dollars, le cours du Brent étant inférieur durant le dernier trimestre à 45 dollars. Le niveau des réserves de change qui étaient supérieur à 192 milliards de dollars janvier seraient de 151 milliards de dollars en 2015 et à 121 milliards à fin 2016 selon le ministre des Finances, un niveau qui représente 23 mois d'importations mais tablant sur un cours de 60 dollars le baril. Or le montant risque d'être inférieur tant fin 2015 que fin 2016. Ainsi les réserves de change sont passées de 192 milliards de dollars début janvier 2014, les 173 tonnes d'or équivalent seulement à environ 7 milliards de dollars et termineront certainement à un montant inférieur à 140/145 milliards de dollars fin 2015. La valeur d'une monnaie qui dépend fondamentalement de la production et de la productivité globale. En Algérie 70% de la valeur du dinar est corrélée aux réserves de change qui proviennent presque intégralement de la rente des hydrocarbures. Au rythme de l'actuelle dépense publique, les réserves de change risquent de s'épuiser horizon 2018/2019 avec un retour inéluctable au FMI. C'est pour cela que l'endettement extérieur, le taux d'intérêt très faible au niveau mondial, bien ciblé destiné à l'investissement productif et sur une période longue afin de ne pas réduire les réserves de change, pourrait être une opportunité. Car si les réserves de change étaient inférieures à 10 milliards de dollars, un dollar se coterait à plus de 200 dinars un dollar avec une incidence sur le pouvoir d'achat. Cela induirait une amplification de l'inflation importée ayant un impact sur toutes les entreprises locales (hausse des coûts donc des prix) et sur les importations de produits finis. Mais parallèlement il faudra dynamiser le tissu productif industrie, loin de la vision mécanique des années 1970, l'agriculture, les services, le tourisme et les nouvelles technologies dans le cadre des valeurs internationales. Cela suppose un assouplissement de la règle 49/51% pour les segments non stratégiques pouvant imaginer une minorité de blocage, du fait que toutes les chancelleries USA-Europe, Asie viennent de déclarer à l'unanimité durant ce dernier trimestre 2015, que pour les PMI/PME, vecteur de croissance et de création d'emplois dans le monde, leurs entreprises ne viendraient pas en Algérie avec cette règle. Pourquoi cette obstination à garder une règle généralisée qui accroît l'endettement extérieur ? A moins que l'Algérie supporte tous les surcoûts avec des rentes , mais cela est rendu impossible actuellement du fait de la baisse drastique des recettes en devises. 3.- Tensions budgétaires La loi de Finances 2016 table sur des dépenses budgétaires globales de 7.984,1 milliards de DA, avec 4807,3 md de DA consacrés au budget de fonctionnement, et 3.176,8 md de DA pour celui d'équipement. Quant aux recettes, elles sont de 4.747,4 md de DA dont 3.064,88 md de DA pour les recettes ordinaires et 1.682,55 md de DA pour la fiscalité pétrolière, donnant un déficit budgétaire de 3236,7 dinars soit au cours de 106 dinars un dollar 30,53 milliards de dollars. Or, le cours du dollar est passé en deux années de 75/77 dinars un dollar à 106/107 dinars un dollar et 116/117 dinars un euro, soit une dépréciation par rapport au dollar de 41,33% et par rapport à l'euro de plus de 35% par rapport à l'euro. Ce glissement du dinar (on ne peut parler de dévaluation au terme de la Loi du fait que toute dévaluation qui se prend en conseil des ministres mais ayant le même impact économique sur le consommateur et le producteur tout en voilant l'importance du déficit budgétaire. En effet, cet artifice comptable gonfle la fiscalité pétrolière et ordinaire touchant tous les exportations et importations et par ricochet le fonds de régulation des recettes calculé en dinars. Si l'on avait appliqué 75 dinars un dollar le déficit budgétaire serait de 43,57 milliards de dollars fin 2016. Donc nous avons un impact sur le fonds de régulation des recettes. Depuis 2006, les prélèvements du Fonds se sont poursuivis avec une cadence importante et accélérée en raison de la détérioration du déficit budgétaire durant ces dernières années. Le FRR a été sollicité à financer le déficit du Trésor public à hauteur de 91,5 mds de DA en 2006, de 531,9 mds de DA en 2007, de 758,1 mds de DA en 2008, de 364,2 mds de DA en 2009, de 791,9 mds de DA en 2010, de 1.761,4 mds de DA en 2011, de 2.283,2 mds de DA en 2012, de 2.132,4 mds de DA en 2013 , de 2.965,6 mds de DA en 2014. Et pour fin 2016 un déficit du solde global du Trésor de 2.452 md de DA soit 23,13 milliards de dollars. (Suivra)

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