Pourquoi les présidents ou les dirigeants des pays dits arabes ne prennent-ils pas l'exacte mesure des problèmes pour effectuer des projections avec le minimum sérieux d'informations ? Serait-ce que les éléments d'information et surtout d'éclairage qui leur parviennent dans le cas des manifestations soient erronés ? Or, un éclairage erroné induit des décisions erronées. Des décisions erronées ? Certainement que oui, ce qui explique que les deux premiers présidents à avoir chuté ont été eux-mêmes les responsables des tournures qu'avaient prises les exigences populaires. La question se pose inévitablement de savoir comment et pourquoi les présidents dans les pays arabes réagissent tous de la même façon, à savoir nier le bien-fondé des revendications et affirmer qu'elles résultent de manipulations extérieures au pays. La main étrangère. Y aura-t-il des transformations politiques dans les pays arabes et quelles pourraient être celles-ci ? Ce serait aller vite en besogne que de généraliser ? Les pays dits arabes n'ont pas eu le même vécu avant les colonisations, pour ne pas remonter trop loin dans l'histoire. Les pays qui les avaient colonisés n'étaient pas les mêmes. Les systèmes politiques n'ont jamais été les mêmes. Le concept d'arabe lui-même gagnerait à être explicité. Il ne l'a jamais été et il est source d'ambiguïté. Il y a bien des communautés homogènes qui ne se reconnaissent pas arabes dans les pays dits arabes. Le Sud-Soudan par exemple. Dans la région du Darfour également. Les Kurdes irakiens également. Bien des pays dits arabes se définissent arabo-musulmans et excluent des parties de population qui revendiquent leur particularité. Quel intérêt à ignorer les réalités ethniques, culturelles et exposer alors la société au danger de l'implosion ? Toutes ces questions sont réelles, posées maintes fois dans les pays arabes, suscitant ainsi des réactions hostiles sur la base des suspicions de séparation, plutôt de séparatisme. L'ancien régime irakien les avait ignorées et avait de ce fait provoqué la rupture de la cohésion nationale, avec pour conséquence l'extrême vulnérabilité de la sécurité nationale. Des revendications sociales portées par l'ensemble des populations sont toujours porteuses de revendications politiques dans les pays où n'existe pas une sorte de démocratie. Les revendications finissent très vite par porter des exigences politiques alors qu'elles semblaient ne porter que des exigences sociales, sur l'équité et la justice. Les premières déclarations et réactions des présidents concernés qui dénonçaient des manipulations sont celles-là mêmes qui ont permis une rapide transformation des revendications sociales en revendications politiques.