Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la radio nationale dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction, Kamel Rezag Bara, conseiller à la présidence de la République, est revenu sur le projet de révision constitutionnelle qui va être adopté par l'APN et le Sénat réunis en congrès. Il fait constater, d'abord, que le préambule du projet fait partie intégrante de la Loi fondamentale. A propos de la promotion du tamazight en tant que langue officielle, il fait observer qu'il y a une progressivité dans la reconnaissance de cette identité. Il estime que les instruments que sont le Haut conseil à l'amazighité, l'Académie de langues amazighes (chargée de transcrire, promouvoir et d'en développer toutes les variétés linguistiques en usages sur le territoire) et les énormes gisements d'expertise que compte notre pays dans ce domaine, vont permettre de mettre en place les moyens de rendre cette langue «officielle». Il a cité ensuite quelques mesures nouvelles introduites dans la Constitution notamment en matière de sûreté individuelle, avec la constitutionnalisation des règles régissant cette dernière et du caractère «exceptionnel» de la détention préventive. Il cite également comme mesures la condamnation ferme de tous les traitements cruels et inhumains infligés aux personnes, la préservation de la vie privée, notamment des données personnelles contenues dans les systèmes électroniques, ou bien encore les mesures concernant la femme (égalité et parité) ou la création du conseil national des droits de l'Homme. Il estime que le scepticisme de certaines parties vis-à-vis du projet de constitution relève d'un «négativisme stérile». Pour lui, il y a des organisations dont l'objectif n'est pas politique mais politicien. Inévitablement, Kamal Rezak Bara a été amené à commenter le fameux article 51 qui empêche l'accès aux hautes responsabilités de l'Etat et aux hautes responsabilités politiques en imposant la nationalité algérienne «exclusive» pour y prétendre. Il tient à s'inscrire en faux contre les interprétations qui ont été faites de cet article et relativise son impact en estimant qu'il ne concerne que 10 ou 15 fonctions. Il rappelle qu'une loi va déterminer «de manière limitative» la liste de ces hautes fonctions auxquelles des personnes possédant la double nationalité ne pourraient prétendre citant, par exemple, celles de gouverneur de la Banque centrale, de directeur général de la Sûreté nationale ou de président de la Cour suprême. Mais, au contraire, il trouve des aspects positifs à cet article. De manière implicite, explique-t-il, cet article vient consacrer le droit de l'Algérien à la binationalité. Un autre article protège l'identité des Algériens à l'étranger, ajoute-t-il. Le conseiller à la présidence de la République a donné son opinion sur le concept d'Etat civil qui avait été avancé par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, en estimant que parler ainsi de l'Etat civil c'est diminuer du poids de l'institution militaire. Pour Rezag Bara, l'option est claire, l'institution militaire ne peut plus revendiquer le même poids qu'avant. Et la prochaine étape pourrait être un ministre civil au département de la défense nationale qui viendrait expliquer le budget de son ministère devant les députés. L'intervention de l'institution militaire doit être limitée au cadre constitutionnel.