Mohamed Allek, une légende du handisport algérien, s'est éteint dans la nuit de lundi à mardi à son domicile à Alger, à l'âge de 42 ans des suites d'une longue maladie, laissant derrière lui une belle carrière sportive. Pionnier du handisport algérien, premier médaillé paralympique et mondial africaine et arabe, Allek est et restera peut-être à jamais l'athlète le plus titré du handisport algérien. Il rejoint sa demeure éternelle en laissant derrière lui une soixantaine de médailles, toutes compétitions confondues, dont plusieurs records du monde du 100, 200 et 400 m qui ont duré pendant une dizaine d'années. Cette moisson de titres a fait pâlir d'envie bien des athlètes. Après un éloquent parcours sportif, achevé aux Jeux paralympiques (JP) de Pékin en 2008, Mohamed Allek a décidé d'entamer une carrière d'entraîneur et rester ainsi au service du handisport qui lui a ouvert les portes de la gloire. L'année d'après, le natif du village d'Agouni Gueghrane à Tizi Ouzou est désigné entraîneur national-adjoint, chargé des sprinteurs. Son safari avec le handisport a débuté à l'IR Husseïn Dey, avant d'opter, quelques années plus tard, pour l'ASPTT Alger puis pour le MC Alger (aujourd'hui Groupement sportif des Pétroliers) avec lequel il réalisa un parcours des plus impressionnants, tant au niveau national qu'international. En 1994, Mohamed Allek, surnommé la «gazelle algérienne», franchira le Rubicon international avec aisance. Il réussira à ouvrir, à deux battants, les portes de la renommée mondiale, grâce à un tempérament pugnace et une rigueur à toute épreuve. Efflanqué comme un levier, 1,75 m pour une quarantaine de kilos, il a préparé, à coup d'entraînements assidus, son ascension vers le Gotha mondial. Berlin sonne le début de la renommée mondiale d'Allek A l'occasion de son premier championnat du monde à Berlin (Allemagne), Allek signera ses premiers pas au plus haut niveau (deux médailles dont une en or). «Ces titres sont les plus chers dans ma carrière», avait lâché à son vivant le défunt, un génie des courses de fond de sa génération. Depuis, Mohamed Allek a accumulé titres, records et distinctions. «J'étais très ambitieux durant toute ma carrière et je voulais être un exemple pour mes coéquipiers de ma génération et les nouveaux internationaux qui ont pris le flambeau. Je pense que j'ai réussi quelque part, malgré le manque de moyens à l'époque», répétait-il, à chaque entretien accordé à la presse. En 1996 à Atlanta (Etats-Unis), Allek remporta ses premiers titres paralympiques (100 et 200 m), avant de confirmer à ceux de Sydney (Australie) en 2000 (or aux 100, 200 et 400 m) puis récolter le bronze en 2004 à Athènes (Grèce). La 5e participation paralympique à Pékin (Chine) en 2008, a été la dernière d'Allek dans une riche carrière sportive. «C'est à Pékin que j'ai senti que j'ai perdu de ma verve et j'ai décidé de mettre un terme à mon parcours international. L'athlétisme handisport, comme celui chez les valides, exige de l'athlète une lucidité et une forme physique au summum, chose que j'ai perdue avec les blessures et le temps», avait expliqué le champion algérien. Un des moments forts dans sa carrière était, sans conteste, la médaille d'honneur (Al Athir) qu'il avait reçue des mains du président de la République Abdelaziz Bouteflika en 2000, au stade du 5-Juillet, en marge de la finale de la Coupe d'Algérie de football entre le WA Tlemcen et le CR Béni Thour. «La médaille d'honneur que le chef de l'Etat avait remise à Mohamed, sous les ovations de milliers de supporters en reconnaissance à ses consécrations, notamment les trois médailles d'or des Paralympiques de Sydney, restera un des meilleurs moments de la carrière de l'athlète», se remémore son père Slimane Allek, en pleurs après la perte de son enfant. Mohamed Allek a de quoi être fier : sa performance de Sydney n'a pas été égalée à ce jour et restera gravée, à tout jamais, dans les annales du handisport algérien et africain.