Lui, c'est Amine Kouider. A la tête de l'ensemble symphonique algérien depuis près de deux ans, le pimpant maestro ambitionne de le propulser au niveau des formations de référence dans le monde. Dès sa nomination en 2014 en qualité de directeur artistique de l'OSN, Amine Kouider annonce la couleur et fait le pari de porter le niveau de l'Orchestre symphonique de «haut» à «très haut», caressant sans doute le rêve de faire accéder la musique algérienne à l'universalité. Depuis, mettant à profit une expérience acquise avec des formations de renom à travers le monde qu'il a eu à diriger avec succès, il enchaîne les concerts, reprend les grandes œuvres et opéras universels, sans jamais oublier d'intégrer le patrimoine musical algérien dans les riches et diversifiés programmes proposés par l'OSN. Le maestro avait déjà monté et dirigé, entre 2001 à 2005, une série d'opéras: un travail de mise aux normes universelles «utile et nécessaire», aime-t-il à répéter, et qui commence peut-être à porter ses fruits à travers un regain d'intérêt pour la philharmonie dont les adeptes sont de plus en plus nombreux parmi le public algérien. A 49 ans, Amine Kouider, venu très tôt à la musique par le violon d'abord qu'il apprend au conservatoire d'Alger, avant de poursuivre des études en direction d'orchestres à Marseille, Paris et Copenhague, peut se prévaloir d'une carrière remplie avec «une baguette qui a fait le tour du monde». Orchestre philharmonique de Rotterdam, philharmonique de New York et de l'Unesco, orchestre symphonique du Caire, Opéra national de Bucarest, de Saint Petersburg, et orchestres de grandes villes de France, autant de stations prestigieuses qui lui ont permis d'évoluer pendant des années dans un univers artistique de très haut niveau. C'est cette maturité et expérience acquises à force de travail et de persévérance que le chef d'orchestre entend mettre au service d'un art des plus exigeants, pour hisser l'orchestre symphonique d'Algérie à un niveau international. Sous la direction du maestro, ce dernier était à l'oeuvre pendant de longs jours pour préparer le nouveau concert au titre évocateur de «Une Américaine à Alger», une reprise des célèbres pièces «America» (du film West side story-1961) et «Porgy and Bess», signées de deux grands compositeurs américains du XXe siècle, Léonard Bernstein et George Gershwin. Aux répétitions, face aux membres de son orchestre, Amine Kouider en impose, de prime abord, par son charisme, une qualité indispensable s'il en est pour un chef d'orchestre, mais cette rigueur, affichée et assumée, n'exclut pas la bienveillance à l'égard de ses musiciens. En chef affirmé, le maestro sait détendre l'atmosphère parmi ses musiciens, lançant quelques plaisanteries aux uns, gratifiant d'autres de quelque compliment, juste le temps pour eux de terminer le travail des gammes, et lui de regagner son pupitre, mettre en place ses partitions, avant d'inviter du regard son orchestre au silence, et d'un simple signe de la main lancer «la répète». Le geste ferme, attentif à chaque note jouée, la partition (America) sous les yeux, le maestro travaille les cuivres, les instruments à vent et la percussion, après avoir fait le point avec le pupitre des cordes. Après un exercice sur les mesures les plus exigeantes en musicalité, en intelligence et en technique, il attaque la deuxième partition «Porgy and Bess», support musical du fameux «Summer Time» interprété par le duo mythique Ella Fitzgerald et Louis Armstrong. Pendant plusieurs jours, les répétitions se déroulent ainsi avec la même démarche pédagogique faite à la fois de ténacité, de patience et d'exigence: faire répéter les mêmes passages aux musiciens jusqu'à parvenir à «faire vivre l'âme de chaque pièce interprétée et ressortir ce qui n'est pas écrit dans la partition». C'est le but même que s'assigne Amine Kouider.