Au Salon de la dinanderie de Constantine qu'abrite depuis le 20 juillet dernier, le palais de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa, les dinandiers misent sur les produits décoratifs pour relancer un métier ancestral. Le public, nombreux dès l'ouverture de cet événement, est séduit par les articles proposés par les 20 artisans-exposants qui rivalisent de créativité pour présenter divers articles aussi bien utilitaires que décoratifs. Le Salon, organisé par l'association El Baha des arts et des cultures populaires en partenariat avec la Direction de la culture connaît une forte affluence de visiteurs férus notamment de chandelles, d'abat-jours, de vases de coin, de miroirs, de cadres représentant les ponts de la ville, des plateaux et autres objets d'art ciselés avec amour par des mains expertes, perpétuant un savoir-faire ancestral. La manifestation répond autant à une demande de la part des citoyens, surtout en cette période où abondent les fêtes de mariage, et autres occasions dont un objet en cuivre pourrait constituer le cadeau idéal pour lesdites circonstances, qu'à un besoin des artisans de faire la promotion de leurs produits afin de les faire connaître et insuffler ainsi une nouvelle dynamique à l'artisanat local, a indiqué Hamoudi Boumerzouga, un des anciens artisans activant à la cité Aouinet El Foul, depuis 1969. Les chandeliers de différentes branches, les bougeoirs à l'ancienne sont cédés entre 3 000 et 8 000 DA selon la dimension de l'article et les visiteurs du Salon de la dinanderie semblent particulièrement priser le travail raffiné de ces objets. «Depuis l'ouverture de ce salon, j'ai pu écouler un stock assez important de ces chandeliers et ça se vend nettement mieux que les plateaux ou sinia», commente Hamoudi. Les abat-jours en cuivre, réalisés avec un grillage en cuivre, sont proposés entre 4 000 et 10 000 DA, alors que les différents tableaux représentant les ponts Sidi Rached et Sidi M'cid sont cédés entre 3 000 et 4000 DA. «Les tableaux des ponts sont le souvenir idéal de la ville du Rocher et demeurent très demandés», affirme à l'APS Rafik, un autre exposant qui commente que le Salon, organisé au cœur du centre-ville, a amplement contribué à l'engouement du public. La relève, l'autre souci des dinandiers. En dépit de l'absence et de la cherté de la matière première, et le problème d'approvisionnement en cuivre de qualité, les artisans locaux s'accrochent à un métier qui ne semble plus intéresser la jeune génération. Les jeunes affichent un «désintéressement total» à l'égard de ce métier qui n'est plus rentable et ne nourrit plus son homme, commente Salah Meki, un autre artisan-exposant dont l'atelier se trouve au quartier Chaâb Erssas, soutenant que beaucoup de contraintes entravent l'épanouissement de cet art qui, pour lui, «s'éteint à petit feu». Le transfert de l'art de la dinanderie d'une génération à une autre constitue une urgence qu'il faut sérieusement prendre en considération pour assurer la pérennité de ce patrimoine qui fait partie de l'identité constantinoise, a fait remarquer le même exposant. Pour le dinandier artisan Salah Hemamas, qui exerce ce métier depuis 1972 dans un atelier situé à la cité Bekira, la relance du projet «oublié» de création des espaces d'exposition est en mesure de promouvoir un art, identité de la cité bimillénaire. Un millier de personnes ont visité les stands de cette manifestation dont la clôture est prévue jeudi prochain, a indiqué, de son coté, le président de l'association organisatrice, Saber Mahaya, qui a ajouté que devant l'engouement du public, la durée du Salon a été prolongée d'une semaine. Créée en 2000, l'association El Baha de la wilaya de Constantine participe également à différentes manifestations artistiques et culturelles à l'échelle nationale et organise des sessions de formation aux métiers artisanaux et en musique notamment le malouf en faveur de jeunes, selon le même responsable.