Connue, voire réputée pour son climat extrêmement chaud en été, la wilaya de Chlef, qui compte 129 km de littoral au nord, enregistre un nombre important de noyade en dehors de son littoral. En effet, selon les statistiques des services de la Protection civile, 19 personnes ont péri dans des barrages, retenues collinaires, oueds et bassins d'irrigation, et ce, depuis le mois de mars de l'année en cours. C'est un chiffre alarmant qui ne cesse d'augmenter d'année en année sans que des mesures préventives soient prises afin de réduire le nombre de noyés. Notons que ces drames et mésaventures surviennent surtout dans des réserves d'eau et ouvrages d'irrigation des localités de l'intérieur de la wilaya. Il est évident que la ville côtière de Ténès est à moins d'une heure de route du chef-lieu de wilaya, mais elle semble inaccessible pour les couches défavorisées. Du coup, beaucoup de jeunes, moins jeunes et adultes préfèrent se diriger vers les nombreux points d'eau essaimant dans le territoire de la wilaya, dans le but de chercher la fraîcheur. Le milieu est effectivement dangereux pour les baigneurs, surtout pour les enfants. Ils sont donc nombreux à fréquenter ces lieux en fuyant la canicule, mais souvent au péril de leur vie, et ce, à défaut donc de piscines. Ces dernières inexistantes et dans le cas où l'infrastructure existe, elle se trouve fermée ou c'est sa gestion qui fait défaut. À qui est donc la faute ? À quoi servent des infrastructures de jeunesse et sportives si elles se trouvent toujours fermées en pleine période de vacances !? Constaté de visu, plusieurs piscines communales sont fermées depuis quelques années notamment dans les régions intérieures de la wilaya de Chlef pour des raisons qui ne semblent pas convaincantes. Même les infrastructures existantes s'avèrent insuffisantes en raison du nombre important des personnes souhaitant s'y rendre pour se baigner. Quant à l'emplacement des piscines, les enfants aussi bien que leurs parents déplorent l'accès difficile pour certaines piscines. «Je ne laisse jamais mon fils sortir en pleine après-midi pour se rendre à la piscine dont le chemin présente beaucoup de risques et danger pour les enfants», regrette un père de trois enfants. Par ailleurs, le danger plane toujours, notamment avec la forte canicule qui sévit depuis quelques semaines à travers la wilaya. Contrairement aux plages, les plans d'eau ne sont quasiment pas surveillés, et s'ils le sont, les baigneurs ont toujours des ruses pour s'infiltrer et se baigner. Les barrages de Sidi Yaâcoub dans la commune de Ouled Ben Abdelkader, et celui de Béni Bouaâtab, dans la daïra d'El Karimia, sont les plans d'eau les plus fréquentés. Sur la route menant à la commune de Labiodh Medjadja, via Haï Chegga, des gamins et adolescents, voire des adultes, torse nu, envahissent le canal d'irrigation (Séguia) pour se rafraîchir le corps en plein air, au su et au vu des responsables et élus locaux. Interrogés sur place, ces baigneurs viennent tous des quartiers défavorisés. Ils optent pour cette séguia pour fuir la canicule qui sévit depuis le début du mois de juillet dernier. Ils éprouvent du plaisir à nager dans cette canalisation sans se soucier des dangers qui les guettent. «Nous ne permettons de se rendre à la mer même pour une journée, le camping est un rêve pour nous. Nous nous contentons de cet endroit pourvu que l'eau qui coule dans ce canal ne soit pas coupée avant la fin de l'été. Nous n'avons pas où aller pour passer nos vacances. La seule piscine qui existe dans la commune se trouve très loin», déplorent des enfants rencontrés devant la séguia. La situation est similaire dans toutes les villes et tous les villages de l'intérieur de la wilaya, à défaut des infrastructures de loisirs, de jeunesse et sportives. Il est à noter que l'Etat a alloué des sommes colossales au cours des dernières années pour la réalisation de dizaines de piscines dans les communes intérieures. Certes, elles ont été réalisées mais la plupart sont encore fermées. Ces infrastructures ont été soumises à la négligence et au vandalisme le long des lignes de la piscine. La piscine de la commune de Aïn Merane, située à mi-distance entre le chef-lieu de wilaya et Sidi Moussa (45 km) comptant plus de 60.000 habitants, a été ouverte pour les baigneurs que pour une courte durée avant sa fermeture. Une fermeture qui perdure depuis des années pour des raisons qu'on ignore jusqu'à l'écriture de ces lignes. L'Assemblée populaire communale indique que l'infrastructure dépend de la Direction de la jeunesse et des sports, elle est la seule habile à l'équiper et de la rouvrir de nouveau. Il en va de même pour la piscine d'El Karimia qui, depuis sa réception, depuis plusieurs années, n'a pas été exploitée à ce jour. Ainsi, de telles décisions de fermeture arbitraire ne font que pousser et encourager les habitants et plus particulièrement les enfants à aller dans les barrages, les séguias, les retenues collinaires.