Chlef est une wilaya côtière connue pour son climat extrêmement chaud en été, mais, paradoxalement, elle enregistre plus de noyés en dehors de son littoral, long de 120 km. Les drames surviennent surtout dans des réserves d'eau et ouvrages d'irrigation des villes de l'intérieur. Certes, la côte de Ténès est à moins de 50 km du chef-lieu de wilaya, mais elle semble inaccessible pour les couches défavorisées. Du coup, beaucoup de jeunes lui préfèrent les nombreux points d'eau essaimant dans le territoire de la wilaya. A défaut donc de piscines, ils sont nombreux à fréquenter les lieux, souvent au péril de leur vie. Le milieu est effectivement dangereux pour les baigneurs, surtout pour les enfants. Les dernières statistiques officielles illustrent l'ampleur de ce phénomène. En effet, il y a eu sept noyés dans les lacs, barrages et retenues collinaires en 2013, contre quatre en mer. Et le danger plane toujours, avec la forte canicule qui s'est installée à travers la wilaya car, contrairement aux plages, les plans d'eau ne sont quasiment pas surveillés. Ceci constitue une aubaine pour les jeunes privés de piscines qui ne peuvent pas s'offrir des sorties en mer. Le constat est à cet égard alarmant : il n'existe que cinq piscines à travers la wilaya, dont trois seulement sont fonctionnelles à Chlef, Oued Fodda et Boukadir. Les deux autres, implantées au chef-lieu de wilaya, sont en état d'arrêt prolongé pour des raisons techniques ou pour d'autres inhérentes à la sécurité des baigneurs. Il convient de souligner dans ce contexte que le bassin de l'OPOW fait l'objet de travaux de réfection, tandis que celui de l'ex-CREPS est fermé après la noyade d'un enfant. «Nous ne comprenons pas que dans une wilaya réputée pour sa chaleur extrême, on puisse rester sans piscines. Une seule structure est ouverte au public mais ne peut accueillir beaucoup de monde. Les deux autres bassins, situés dans des enceintes sportives publiques, sont quant à eux fermés depuis assez longtemps», déplorent des jeunes de l'agglomération de Chorfa. Sur la route menant à la commune voisine d'Oum Drou, via Chegga, des gamins et adolescents, torse nu, envahissent le canal d'irrigation pour se rafraîchir le corps. Ils viennent des quartiers défavorisés, fuyant la canicule qui y sévit depuis quelques jours. Ils éprouvent certainement du plaisir à nager dans cette canalisation sans se soucier des dangers qui les guettent.