Hier avant l'aube, l'armée turque a lancé une opération en Syrie pour chasser l'organisation Etat islamique (EI) et les milices kurdes de Djarabulus, frontalière de la Turquie. Une dizaine de ses chars sont entrés en territoire syrien. Cette opération, soutenue par les forces de la coalition internationale antidjihadiste et baptisée «Bouclier de l'Euphrate», est la plus ambitieuse de la Turquie depuis le début du conflit syrien, il y a cinq ans et demi. «Depuis 4 heures [du matin], nos forces ont lancé une opération contre les groupes terroristes de Daech [acronyme arabe de l'EI] et du PYD [Parti de l'union démocratique, kurde]», a déclaré le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dans un discours à Ankara. Communiqué officiel du Premier ministre turc «Les forces armées turques et les forces aériennes de la coalition internationale ont lancé une opération militaire visant à nettoyer le district de Djarabulus de la province d'Alep de l'organisation terroriste Daech». Djarabulus est le dernier point de passage contrôlé par l'EI à la frontière côté syrien. La Turquie tente ainsi d'établir sa «zone de sécurité». Le ministère des Affaires étrangères a affirmé attendre que les milices kurdes du Parti de l'union démocratique (PYD) se retirent à l'est de l'Euphrate. Quarante-huit heures après l'attentat de Gaziantep (54 morts, majoritairement des femmes et des enfants, 66 blessés encore hospitalisés), attribué par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à l'organisation Etat islamique (EI), l'armée turque a pilonné, lundi 22 août au soir, les positions des djihadistes et celles des milices kurdes dans le nord de la Syrie. «Daech doit être éliminé de nos frontières et nous sommes prêts à tout faire pour cela», a déclaré lundi le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, tandis que le Premier ministre, Binali Yildirim, semait la confusion quant à l'enquête sur le carnage de samedi : «Les informations au sujet des auteurs de cet attentat, du nom de leur organisation, sont malheureusement inexactes», a-t-il dit, contredisant M. Erdogan. Le chef de l'Etat avait évoqué dès dimanche un jeune kamikaze ayant entre 12 et 14 ans et «probablement» de l'EI. Sans attendre, les obusiers Howitzer déployés par les Turcs à la frontière ont visé les zones tenues par l'EI à Djarabulus ainsi que les positions des miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) à Manbij, ville syrienne à 30 kilomètres plus au sud, libérée par eux le 6 août du joug djihadiste. Située à l'ouest de l'Euphrate, du côté syrien de la frontière, Djarabulus, aux mains de l'EI depuis janvier 2014, est le dernier point de contact et d'approvisionnement des djihadistes depuis la Turquie. Mardi soir, la Turquie a ordonné l'évacuation de la localité turque de Karkamis, qui fait face à Djarabulus, pour «des raisons de sécurité». Longtemps, les 90 kilomètres de frontière où flotte le drapeau noir, côté syrien, ont vu passer les recrues étrangères du «califat», les approvisionnements, les blessés. Mais depuis plus d'un an, le transit s'est tari. Désormais, les hommes de l'EI pilonnent régulièrement l'armée turque, qui réplique. Lundi, les tirs se sont intensifiés. Trois obus tirés par l'EI sont tombés dans des champs autour de Karkamis, la ville turque qui fait face à Djarabulus. L'armée turque a dû renforcer ses positions. Lundi soir, la 5e division blindée mécanisée de Gaziantep a été envoyée à la rescousse.