Intervenant devant les parlementaires, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a appelé les citoyens à s'impliquer dans la lutte contre la corruption, en présentant aux parquets des dossiers relatifs à cette calamité qui «gangrène» la société. «Même si vous n'avez pas de preuves sous la main, les procureurs généraux sont tenus d'ouvrir des enquêtes par rapport à vos déclarations», a-t-il martelé. A ce propos, le ministre de la Justice a indiqué que les portes des Cours de justice sont «grandes ouvertes» pour recevoir les dossiers des citoyens relatifs à la corruption afin d'aider la justice et la société à combattre ce fléau. A une réponse orale d'un membre de l'Assemblée populaire nationale (APN), M. Louh a répondu que «le code de procédure pénal est clair sur le rôle des parquets dans la lutte contre la corruption. «Nous sommes en train de construire une justice forte conformément aux orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika», a-t-il martelé. Dans la foulée, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a insisté sur «la nécessité de respecter le pouvoir judiciaire, affirmant qu'il est impératif de répandre cette valeur morale au sein de la société pour construire l'Etat de droit». Les questions de la corruption soulevées par les parlementaires font suite aux agacements des citoyens qui assistent impuissants à la montée de la corruption dans la société. Malgré les efforts des commis de l'Etat honnêtes qui luttent contre ce fléau, la corruption redevient «monnaie courante» dans le quotidien des citoyens, ont indiqué les citoyens avec que nous avons abordé à ce sujet. Ces deniers qui avaient suivi l'intervention du ministre à travers les médias lourds n'ont pas manqué de déclarer que cet état de fait est encourageant. «Nous espérons que les procureurs généraux appliquent les directives du ministre», ont répondu nos interlocuteurs. Dans ce sillage, certains citoyens restent tout de même sceptiques, indiquant qu'il faut joindre l'acte à la parole pour pouvoir lutter contre la corruption. Un citoyen interrogé à ce sujet, dira : «Se trompent énormément ceux qui vous disent qu'un citoyen pourrait obtenir un droit, bénéficier d'un crédit bancaire ou de se faire attribuer un logement, sans l'intervention d'une connaissance ou sans la corruption». Un autre explique que la corruption est paratiquée au vu et au su de tous. Ce dernier n'a pas manqué d'ajouter que n'importe quel citoyen que vous abordez est en mesure de vous démontrer point par point ce qui se passe dans la société en matière de corruption. «Même pour avoir un document d'état civil ou votre extrait d'acte de naissance en langue française, il vous faut soit une connaissance ou de mettre «la main dans la poche», a-t-il expliqué. Certains de nos interlocuteurs qui avaient accepté de témoigner ont évoqué les crédits obtenus auprès de l'Ansej et autres. Quatre jeunes surcinq ont été contraints d'accepter de signer sur la totalité du montant pour percevoir de la banque les 50% du crédit alloué, ont-ils expliqué. Seuls les dossiers des jeunes qui sont passés par des intermédiaires qui travaillent avec les banques seront acceptés, les autres resteront «lettre morte» dans les tiroirs, selon nos interlocuteurs. L'intervention du ministre a redonné espoir à certains citoyens qui trouvent qu'ils avaient été privés de leurs droits. C'est le cas d'un agriculteur résidant dans la commune de N'Sigha qui a indiqué avoir été lésé dans ses droits et mis en prison selon lui pour rien. Il est de même pour cette famille de la wilaya de Khenchela dont les membres ont indiqué que leurs meubles ont été jetés dans la rue, le logement qu'elle avait occupé depuis plus de 40 ans a été démoli. Ces derniers ont indiqué que le mis en cause dans cette histoire a falsifié des documents, enduisant le tribunal en erreur.