Dans une exposition inaugurée le 26 novembre dernier et qui se tiendra jusqu'au 15 décembre 2016, les cimaises de la galerie Ezzou'art accueillent l'artiste-plasticienne Amel Benmohamed, sous un générique intitulé «Invitation aux mouvements». L'artiste nous propose au regard une série de travaux puissants, c'est de la photo mais cela n'en a pas l'air, on sait alors d'emblée, qu'Amel BenMohamed prend le parti-pris de la photo comme médium qui lance la course vers une autre direction plastique qui possède sur la toile la même force d'évocation. Le premier regard est neutre, il observe des compositions de drapés de soie, les ombres et les lumières se côtoient dans un délicat chassé-croisé voluptueux, en second lieu apparaissent les indices de ces mystères établis sur une première vue, un premier regard posé sur les choses. Amel prend ensuite ses clichés et les impose comme l'imposition des mains d'un chaman sur une toile aux formats assez volumineux, pour donner un ton plus fort, une autre dimension à un détail qui aurait pu devenir pour la postérité trivial. Mais là, dans un délicat pied de nez qui a fait grincer des dents certaines âmes qui se veulent bien nées dans la critique absurde, l'irritante artiste a réussi à créer le débat dans une expression qu'elle a composée de bien belle manière car elle a réussi à faire de ces drapés furtifs des œuvres immuables, composées comme autant d'alcôves sulfureuses, mystérieuses et secrètes, avec en promesse des masques vénitiens, des sourires diaboliques qui contredisent des visages angéliques. D'aventure en aventure, le regard est séduit et les tableaux, sur une douzaine d'étapes qui semblent identiques mais qui en réalité sont loin comme de la terre à la lune, se permettent des envolées lyriques qui assurent de la bonne démarche de cette artiste qui fait tranquillement son chemin. Pour elle : «L'art est libre, affranchi de toutes règles, il est surtout créatif, constructif, évolutif et bien sûr avant tout poétique» «Nous avons retrouvé cette poésie dans les multiples circonvolutions de son travail qui laisse rêveur, pensif ou...honteux par les évocations qu'il induit doucement dans l'esprit du regardeur. La gamme des couleurs achève de donner la marque de fabrique de la plasticienne qui du saumon foncé au violet chaleureux passe par des bleus pertinents pour nous inscrire dans sa dangereuse opération de séduction. On se croirait dans le très connu « Blue velvet » de David Lynch, si ce n'était les délicates attentions d'Amel Benmohamed de nous décloisonner l'esprit et de libérer nos peurs dans ce maelstrom de drapés. L'expo est belle, le travail pertinent, le public ne s'est pas trompé... Amel Benmohamed est née en 1977 à Alger où elle vit et travaille, elle est plasticienne et galeriste. Diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger en option peinture, elle participe de fait à plusieurs workshops de photographie, peinture et gravure. Elle participe à la réalisation des décors du Festival Panafricain d'Alger (2009). En 2009, elle est présente à la première résidence virtuelle « Pyrénées : art et écologie au 21e siècle ». Elle compte à son actif plusieurs prix dont le 3e Prix du concours « Aïcha Haddad » de la meilleure peinture (Alger 2005), le prix d'encouragement «Ali Mâachi» (Alger 2007, 2011), elle a participé à plusieurs expositions collectives et individuelles à Alger, Tunisie, Maroc, Espagne, Russie, Suisse.