Le bilan du bombardement accidentel de l'armée de l'air nigériane contre un camp de déplacés dans le nord-est du pays pourrait s'alourdir à 236 morts, a affirmé samedi un responsable local. Un précédent bilan de Médecins sans frontières (MSF) faisait état d'au moins 90 morts. Toutefois, selon MSF, qui opérait depuis peu dans le camp, plusieurs «rapports concordants» émanant de résidents et de dirigeants des communautés font état de 170 tués. «D'après ce que les gens qui ont enterré les victimes mortes de leurs propres mains m'ont dit (...), ils ont enterré 234 morts. Plus tard, j'ai été informé que deux des blessés évacués à Maiduguri étaient décédés», a affirmé Babagana Malarima, président du gouvernement local de Kala-Balge. Le responsable a raconté que mardi dernier vers midi, «l'avion de chasse a tourné au-dessus de la ville puis il est parti. Quand il est revenu, il a largué deux bombes, la première près d'un puits de forage en construction pour les déplacés et la seconde dans un quartier très peuplé». «Les gens sont vraiment traumatisés qu'un avion de chasse appartenant à leur pays puisse faire cette erreur et les tuer ainsi dans leur propre pays. C'est vraiment malheureux», a déclaré M. Malarima. Mardi, le bombardement a eu lieu alors que des humanitaires distribuaient de la nourriture à Rann, localité proche du Cameroun où près de 40 000 personnes ont trouvé refuge après avoir fui les violences du groupe nigérian Boko Haram. Au moins six volontaires de la Croix-Rouge nigériane ont été tués et 13 blessés. Le Nigeria a ouvert une enquête jeudi pour déterminer les circonstances de ce bombardement accidentel. Aucun bilan officiel n'a jusque-là été avancé, mais le nombre de victimes est fréquemment sous estimé par les autorités au Nigeria, qu'il s'agisse de la guerre contre Boko Haram ou de catastrophes accidentelles. L'insurrection menée depuis 2009 par les rebelles a fait 2,6 millions de déplacés à travers le Nigeria et dans les pays de la zone.