Alcaraz, 50 ans, était encore, il y a quelques jours, le coach d'une équipe de Grenade en grande difficulté en Liga (19e). Il a réalisé la majorité de son parcours d'entraîneur à la tête de formations de seconde zone. Remercié pour son manque de résultat, il a été à la barre d'une dizaine de formations espagnoles, avec pour principal fait d'armes, le fait d'avoir fait monter le modeste Recreativo Huelva de troisième division en Liga. Tony Adams l'a remplacé sur le banc andalou. En Algérie, première sortie à l'étranger, Alcaraz aura pour mission de qualifier les Fennecs pour la Coupe du monde 2018. Pour l'homme de la rue, c'est presque un non-événement. Les dernières déceptions qui marquent encore notre football, suffisent amplement pour s'attendre à des «you you» de la part des professionnels ou des supporters avertis. Tout ce qui se passe est presque un fait banal. «Notre foot est pris au piège». Plus personne ou presque n'accorde un intérêt particulier au communiqué de la Fédération algérienne de football qui annonçait la nomination du sélectionneur espagnol pour escorter et préparer les Verts dans ses dernières étapes. Serait-ce une conviction personnelle ou celle des membres du BF ? Le président de la FAF veut y croire aux techniciens espagnoles, l'expérience de son club le Paradou lui aurait-elle suffi pour engager un entraîneur qui ne possèderait pas de titre international, voire plutôt de références ? Il succède ainsi à George Leekens après un échec cuisant à la Coupe d'Afrique des nations 2017 au Gabon, élimination dès le premier tour avec 2 nuls et une défaite.» Qu'en est-il de l'avis du bureau fédéral ? Dans ses bagages 137 défaites contre 67 victoires en Liga, et pas très apprécié par les experts du football espagnol. Mais la FAF, pour des raisons financières, semble-t-il, lui fait confiance et le charge de qualifier les Fennecs pour la CAN-2019 dont les éliminatoires démarrent en juin prochain et la qualifier pour la Coupe du monde 2018 en Russie (l'Algérie est dernière de son groupe B de qualification après deux journées). Cet Espagnol, Lucas Alcaraz «fils d'un député du parti d'extrême gauche Izquierda Unida a, selon le quotidien El Pais, hérité de l'aisance oratoire de son père. Il ne comptait jusqu'alors qu'une expérience à l'étranger, sur le banc de l'Aris Salonique (Grèce) en 2012-2013.» Documentaliste de formation, il a débuté sa carrière d'entraîneur à l'âgé de 29 ans avec Grenade FC (3e division espagnole) en 1995. Passé par plusieurs clubs de D2 et D1 espagnoles entre 1998 et 2012, et après un bref passage en Grèce fin 2012, il est revenu à son premier club, monté en 1re division entre temps, et l'a sauvé d'une relégation certaine en 2013. Après un an à la tête de Levante UD (2014-2015), Alcaraz s'est retrouvé une nouvelle fois sur le banc de Grenade en octobre 2016. Il y restera jusqu'à son limogeage le 10 avril 2017. Il ne possède aucune expérience en tant que sélectionneur, ne connaissant ni l'Afrique ni son climat pour n'avoir jamais voyagé dans ces continents. Ce que l'on sait «il a déjà coaché le milieu de terrain des Verts, Yacine Brahimi, lorsque ce dernier évoluait à Grenade FC. Celui-ci serait actuellement harcelé de questions par ses coéquipiers pour prendre la température de cet Espagnol qui ne posséderait aucune expérience internationale. Les commentaires soulèvent de gros nuages jusqu'à s'interroger si la venue de ce sélectionneur espagnole est la conséquence d'une entente entre les membres du BF ou une décision unilatérale de Zetchi. L'on s'interroge également avec force sur la réaction des joueurs, sur la non mise à l'épreuve nos anciens joueurs, ceux qui ont fait les beaux jours de notre football à même d'assurer aujourd'hui la relève après le départ des étrangers venus faire le plus mauvais travail et partir, d'où cette question de ce jeune homme : «Quand-allons-nous grandir, quand-allons-nous, nous référer à nos aînés qui manient fort bien le ballon, souvent, voire même très souvent, que ceux qui viennent de l'étranger... On a tendance à croire que le nom du sélectionneur étranger bâtit l'équipe alors que c'est le contraire. Nous avons une culture sportive qui froisse nos ambitions, et ce, souvent pour tenter de s'accrocher à une star étrangère. Quand allons-nous-grandir ?» Quand allons-nous tenir compte de la production de nos aînés qui sont prêts à s'installer au cœur de nos équipes à l'image de Madoui, Benmadi, Madjer ? Savez-vous qu'un de ses adjoints est un 1980, il n'était pas encore né lorsque nos aînés étaient des champions», nous confiera un chauffeur de taxi qui ajoutera «il faudrait qu'ils arrêtent ce bricolage, ce rafistolage, lorsqu'il y a changement, il faudrait que ce soit d'abord de la base au sommet sinon comment expliquer le retour d'un DTN qui a occupé ce poste quatre fois pour le ramener une cinquième fois ? On préfère nos amis que les professionnels qui sont presque au chômage alors de nationalité algérienne et jeune de surcroît...» Aujourd'hui, Zetchi est attendu par les supporters à travers les prochains résultats qu'il aura à réaliser face au Togo par exemple et autres rencontres. «Nous sommes connaisseurs, personne ne viendra nous apprendre le football... On est supporteurs mais techniciens aussi». Pour l'heure, Nordine Kourichi, ancien international (30 sélections) puis adjoint de Vahid Halilhodzic entre 2011 et 2014, dira «il y a une qualification pour la Coupe du monde 2018 à obtenir, même si ce sera difficile. Et une pour la CAN-2019. Alcaraz sera attendu sur ces deux objectifs». Pour Lakhdar Belloumi «Alcaraz ne parle pas français ? Mais c'est un faux problème. Quand j'étais international, on a eu un Russe (Guennadi Rogov), un Serbe (Zdravko Rajkov), qui ne parlaient pas un mot de français, et on avait des résultats», explique celui qui est considéré comme le meilleur joueur algérien de tous les temps. «Cette équipe a besoin de discipline. L'effectif est riche, talentueux. Mais ce n'est pas suffisant. Depuis trois ans, la sélection déçoit. Vu son potentiel, ce n'est pas normal. Alcaraz n'a en effet entraîné que des petites équipes espagnoles, mais il faut lui laisser sa chance et ne pas être tout de suite négatif». Reste à espérer que les diverses analyses et commentaires n'épouseraient pas les résultats du terrain et que notre président de la FAF inscrit son premier but, c'est ce que souhaite toute la nation algérienne.