Le nombre de plaintes déposées par les joueurs auprès de la Chambre de résolution des litiges (CRL) va en grandissant et a même battu tous les records à l'issue du défunt exercice, au moment où les responsables du football algérien se montrent impuissants vis-à-vis de ces nombreux conflits que traite la CRL, motivés par le non-respect des présidents des clubs des Ligues 1 et 2 de leurs engagements envers leurs employés. Même la récente mesure prise par la Fédération algérienne de football (FAF), interdisant à pas moins de 12 formations de l'élite de recruter de nouveaux joueurs, tout en leur accordant un ultimatum jusqu'au 20 juillet, ne semble pas déranger les clubs concernés qui s'activent le plus normalement du monde sur le marché des transferts estival. Face à cette situation, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj, va tenter jeudi, lors de sa réunion avec les responsables des clubs des deux ligues professionnelles, une autre tentative pour les inciter à prendre conscience du danger qui les guette s'ils poursuivent dans leur stratégie actuelle en matière de recrutement. Pour Kerbadj, «les présidents des clubs adoptent une politique qui ne correspond guère à leurs moyens financiers, pour se retrouver dès le milieu de saison incapables d'honorer leurs engagements envers leurs joueurs, ce qui explique le nombre élevé des dossiers traités par la CRL à laquelle recourent évidement les joueurs en question pour être rétablis dans leurs droits.» Cet état de fait conduit le patron de la LFP à insister auprès des présidents pour revoir leurs plans dans ce registre, en «rationnalisant» leurs dépenses, notamment en matière de masse salariale. «Le plus grave dans tout cela, c'est que certains clubs, dont la masse salariale est la plus élevée en championnat, se contentent à l'arrivée de jouer la carte du maintien, exactement comme ça a été le cas pour le CS Constantine lors de la défunte saison», a encore déploré Kerbadj. Durcir le ton Même discours tenu par le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Kheïreddine Zetchi, au cours de sa conférence de presse la semaine passée, tout en précisant au passage qu'il était impossible pour sa structure d'ériger une quelconque loi obligeant les clubs à plafonner les salaires des joueurs, car une telle procédure contraste avec les règles du professionnalisme. Du coup, et face à cette augmentation sensible des dossiers de litiges qui affluent sur le bureau de la CRL, les structures dirigeantes du sport-roi en Algérie n'ont d'autres choix que de mener une campagne de sensibilisation auprès des concernés. Une campagne qui risque, toutefois, de ne pas suffire pour remédier à la situation, estime Kerbadj lui-même, d'où la nécessité, selon lui, de «sévir» en appliquant à la lettre la réglementation en vigueur, qui stipule que les «mauvais payeurs» risquent même d'être rétrogradés en divisions inférieures. Durcir le ton devient ainsi inéluctable, du moment que le déficit financier dont souffre la majorité des clubs professionnels en Algérie ne dissuade toujours pas ses dirigeants à poursuivre dans leur politique «suicidaire» en matière de recrutement. Avant un peu plus de deux semaines de la clôture du mercato estival, ces dirigeants continuent de casser leurs tirelires pour engager des joueurs qui n'arrivent même pas à gagner leurs places en sélection algérienne, composée du reste par des éléments évoluant à l'étranger, quitte à alourdir davantage le poids des dettes contractées par leurs trésoreries, déplorent les observateurs.