Au moins 42 civils dont 19 enfants ont péri lundi dans des frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis à Raqa, où les raids meurtriers se sont multipliés, a indiqué une ONG mardi. Avec ce siège, l'armée est parvenue à couper les lignes de ravitaillement de l'EI. Elle devra ensuite chasser complètement les terroristes de ces régions avant de lancer la bataille cruciale de Deir Ezzor, dernière partie du vaste désert et dernière province en Syrie aux mains de l'EI. Dans son offensive d'envergure lancée en mai pour chasser l'EI de la région de la badiya (désert), située à cheval entre les provinces centrales de Homs et Hama et celle de Deir Ezzor (est), l'armée est soutenue par l'aviation de l'allié russe et des combattants locaux et étrangers. La zone désertique contrôlée par l'EI depuis 2014 s'étend du centre syrien jusqu'à la frontière irakienne, à l'est. Pour Moscou, la reprise de la province pétrolière de Deir Ezzor, aux portes de l'Irak, signifierait la fin de l'EI en Syrie. Des troupes gouvernementales sont assiégées dans une partie de la ville de Deir Ezzor, chef-lieu de la province. Jeudi, «les forces gouvernementales ont mené une avancée stratégique en imposant leur plus grand siège à l'EI» dans la badiya, principalement dans la province de Homs, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Elles se sont emparées de Jabal Dahek après que les troupes déployées au Nord et au Sud de ce secteur se soient rencontrées. Les combats se poursuivent d'Al-Soukhna, une des principales villes habitées de cette partie du désert qui a été reprise par l'armée, selon l'ONG. D'après les experts, l'armée doit complètement éliminer l'EI de la partie centrale du désert avant de s'attaquer à Deir Ezzor, sinon ses troupes seraient à découvert. Selon le géographe français Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, si l'armée élimine totalement l'EI du secteur, le gouvernement aura plus de la moitié du territoire syrien sous son contrôle.Déclenchée en mars 2011 après la répression de manifestations, la guerre en Syrie a fait plus de 320 000 morts en six ans. L'ONU veut des «pauses» dans les combats pour aider les civils à fuir Raqa L'ONU a réclamé jeudi des «pauses» dans les combats contre les terroristes du groupe autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) à Raqa afin de permettre aux civils de s'échapper de cette ville syrienne. «Il est maintenant temps de réfléchir à des possibilités, des pauses, qui pourraient faciliter la fuite des civils», a déclaré Jan Egeland, le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie, lors d'un point de presse à Genève. Les Forces démocratiques syriennes (FDS) - alliance arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis - ont chassé les terroristes de 60% de la cité, qui était sous leur contrôle depuis 2014. Mais l'ONU estime jusqu'à 25.000 le nombre de civils encore présents dans la ville. Les gens de Raqa «sont pris au piège dans un labyrinthe mortel où ils sont sous le feu de toutes parts», a estimé jeudi Amnesty International, alors que le nombre de civils tués dans les raids aériens de la coalition internationale conduite par Washington ou dans les bombardements des FDS continue de grimper. M. Egeland a par ailleurs souligné que «toute pause humanitaire ne concernerait pas les terroristes de l'EI, qui utilisent (les civils) comme boucliers humains». L'ONU a déjà réclamé des pauses humanitaires en Syrie, avec des résultats mitigés, notamment dans la bataille d'Alep dont la population assiégée souffrait du manque de nourriture et d'eau potable. Mais dans cette bataille opposant des rebelles aux forces gouvernementales syriennes, l'ONU avait pu négocier avec différentes parties, ce qui n'est pas le cas à Raqa, fief de l'EI. «Je ne peux pas imaginer un pire endroit sur terre que ces cinq quartiers contrôlés par les jihadistes», a dit M. Egeland.