Le président catalan ne s'était pas exprimé depuis l'annonce de sa destitution vendredi soir, décidée par le gouvernement espagnol. Le bras de fer entre Madrid et Carles Puigdemont se poursuit. Samedi 28 octobre, malgré sa destitution la veille par le gouvernement espagnol, le président catalan a appelé ses concitoyens à mener «une opposition démocratique» à la prise de contrôle directe de la Catalogne par l'administration centrale madrilène. M. Puigdemont ne s'était pas exprimé depuis l'annonce de sa destitution, décidée vendredi, dans la foulée de la déclaration d'indépendance proclamée par le Parlement catalan. «Nous continuerons à œuvrer pour construire un pays libre», a-t-il assuré dans un court discours télévisé, enregistré à l'avance et diffusé samedi en début d'après-midi. La version écrite de l'allocution est signée «Carles Puigdemont, président de la Generalitat [gouvernement] de Catalogne», laissant entendre qu'il n'accepte pas sa destitution. Dans sa conclusion, il promet d'œuvrer pour la «reconnaissance mutuelle» avec les peuples d'Espagne, sur un pied d'égalité. Le gouvernement espagnol a réagi samedi, faisant savoir qu'il verrait d'un bon œil la participation du président destitué aux prochaines élections régionales, convoquées le 21 décembre par l'exécutif espagnol et présentées comme un moyen de sortir l'Espagne de sa pire crise politique depuis son retour à la démocratie, en 1977. Le porte-parole du gouvernement, Inigo Mendez de Vigo, a ainsi déclaré dans un entretien à Reuters TV que si M. Puigdemont voulait continuer dans la politique, «ce qui est bien, je pense qu'il devrait se préparer pour les prochaines élections». Dissolution du Parlement En attendant, samedi, la Catalogne s'est réveillée sous tutelle. Dès l'aube, la destitution du chef de la police catalane, l'emblématique Josep Lluis Trapero, déjà sous le coup d'une enquête pour «sédition», a été annoncée au Journal officiel. La région est désormais dirigée directement par la numéro 2 du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria. Près d'un mois après le référendum d'autodétermination, le Parlement catalan a adopté, vendredi, un «processus constituant» pour se séparer de l'Espagne, lors d'un vote à bulletin secret. La résolution déclarant l'indépendance a été adoptée par 70 voix pour (sur 135 députés), en l'absence de la plus grande partie de l'opposition, qui avait quitté l'hémicycle. En réaction, le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé, dans la foulée, la destitution de Carles Puigdemont, la dissolution du Parlement de la Généralité et l'organisation d'élections anticipées. La fermeture des «représentations» catalanes dans le monde a par ailleurs été annoncée. «Le gouvernement a adopté ces mesures pour éviter la prise en otage inadmissible d'une majorité des Catalans et le vol d'une partie du territoire au reste des Espagnols», a plaidé M. Rajoy. Rassemblements à Madrid Samedi après-midi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté, à Madrid sur la place Christophe-Colomb, pour l'unité de l'Espagne en criant «Puigdemont en prison !». Mais les rangs étaient bien plus clairsemés que lors des dernières manifestations pour l'unité de l'Espagne organisée par la Fondation pour la défense de la nation espagnole. «Ce que nous voulons, c'est l'interdiction des partis sécessionnistes. Car s'ils se présentent de nouveau aux élections, ils dirigeront la Catalogne et tout recommencera», affirmait une manifestante opposée aux indépendantistes à Madrid, Candida Jimenez, ancienne fonctionnaire de la police municipale, munie d'une banderole «Non à l'impunité des putschistes». Graffiti d'extrême droite demandant la prison pour le président catalan Carles Puigdemont, à Barcelone, le 28 octobre. Convoquer des élections «est une honte. C'est prolonger le problème de deux mois», estimait Carlos Fernandez, 41 ans. A Barcelone, l'inquiétude était dans l'air. «Je suis triste et j'ai un peu peur en même temps. Il faut voir où ira la situation politique, mais aussi économique», confiait Marta Gonzalez Corro, médecin de 50 ans. Barcelone isolée Les conséquences de cette déclaration d'indépendance unilatérale de la Catalogne sont en effet incalculables. Signe de l'inquiétude en Europe, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souligné vendredi que l'UE n'a «pas besoin d'autres fissures» Après avoir amorcé l'indépendance, la Catalogne isolée sur la scène internationale Dans la foulée du vote au Parlement catalan, la communauté internationale a clairement choisi le camp de Mariano Rajoy, se prononçant à l'unanimité pour le respect de l'Etat de droit.