La professeure Leïla Smati, pédiatre et membre du comité technique consultatif des vaccinations au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui s'exprimait hier matin, sur les ondes de la chaîne 3 de la radio algérienne dont elle était l'invitée de la rédaction, met en garde contre le risque de propagation de l'épidémie de rougeole au niveau des grands centres urbains où, rappelle-t-elle, les taux de vaccination constatés sont particulièrement faibles comme c'est le cas, Alger (14%), Tipaza (15%), Constantine (19%) ou Oran (25%). Elle explique aussi que si le virus se propage dans une région où les gens ne sont pas protégés par la vaccination. Chaque personne malade peut en contaminer 16 et chaque autre personne peut en contaminer aussi 16, et l'épidémie se propage avec une vitesse qui tient à la nature même de la rougeole qui est la maladie infectieuse la plus contagieuse. Elle peut être mortelle précocement. A propos de l'épidémie de rougeole qui s'est étendue ces derniers jours à 13 wilayas concentrées notamment sur El Oued, Ouargla, Biskra et Illizi, ainsi que Relizane, Tamanrasset, Tebessa, Tiaret, Constantine, Skikda, M'Sila, Tissemsilt, Médéa, Saida et El Bayadh. La professeure Leïla Smati a révélé que les statistiques du ministère de la Santé, ont arrêté au 13 mars, un état de 3.075 cas notifiés et six décès. Elle fait observer que mis à part pour la poliomyélite et le tétanos néonatal, éradiqués, le pays n'est pas à l'abri pour les autres maladies car quand les bactéries circulent et s'il n'y a pas un taux de couverture vaccinale de la population cible, inscrite dans le calendrier de vaccination, il arrive que cela se transforme en épidémie comme celle que les services de santé tentent de juguler en ce moment. Cela n'arrive pas qu'en Algérie, les pays européens aussi sont dans la même situation. Elle rappelle que le programme élaboré par le ministère de la Santé visait à vacciner 7 millions d'enfants, mais qu'à ce stade, seulement 3,5 millions ont pu être traités. Elle explique que ce faible taux par une campagne de rejet de cette vaccination, animée par des personnes mal intentionnées, des associations de consommateurs et quelques scientifiques, laissant croire que les vaccins étaient de mauvaise qualité, ce qui a fermement été démentie, parce que, souligne-telle, ceux-ci ont été pré-qualifiés par l'Organisation mondiale de la santé (Oms). La professeure Smati tient d'autre part à signaler que les opérations de vaccination sont toujours en cours et qu'elles ne présentent aucun danger. Elle donne l'exemple d'El-Meghaïr, pourtant située dans la zone touchée par l'épidémie, mais qui a connu un taux de 100% de vaccination de la population cible, se distingue, selon les statistiques du ministère de la Santé, par zéro cas de rougeole dans un environnement où le virus circule. Cela signifie, insiste-t-elle, que si on se vaccine, on peut être protégé. Elle cite les bons élèves de cette campagne de vaccination, notamment Adrar, Khenchela, Bechar, Souk Ahras, Mascara, Mostaganem, Tindouf. Elle invite les parents des régions non encore touchées par l'épidémie à compléter rapidement la vaccination de leurs petits, bébés et enfants des cycles primaire et moyen. Dans les régions touchées par l'épidémie, une instruction du ministère souligne que tous les sujets de 6 mois d'âge à 40 ans sont concernés par cette vaccination.