Le directeur d'études chargé de la migration au ministère de l'Intérieur des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Hacène Kacimi, a présenté hier, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, un point de situation sur le dossier qui préoccupe, selon lui, tout le monde, et en premier lieu les autorités au plus haut niveau, et qui se rapporte au flux constant d'environ 500 migrants/jour au minimum vers l'Algérie, par les wilayas de Tamanrasset et d'Adrar, frontalières avec le Mali et le Niger, des plate-formes migratoires qui passent par Agadès et par Bamako. Ce phénomène, a-t-il ajouté, a pris de l'ampleur à un niveau régional et international et de par ses conséquences, préoccupe toutes les autorités au plus haut niveau. Il estime qu'il ne faut pas stigmatiser les migrants. Il décrit le parcours périlleux de ces derniers qui sont pris en charge par des passeurs qui portent préjudice à leur personne physique ou morale. Hacène Kacimi insiste sur le volet humanitaire de ce dossier. Pour gérer le flux incessant de ces migrants, le représentant du ministère de l'Intérieur signale que des contacts constants sont maintenus en permanence avec les autorités nigérienne et malienne, «aux fins d'assurer une bonne prise en charge de ce dossier. Il y a, souligne-t-il, un volet humanitaire que nous ne pouvons absolument pas négliger.» Il admet, cependant, que devant ces importantes arrivées de personnes, les efforts des pouvoirs publics tendent à prendre en charge celles qui sont en situation de détresse et à refouler les autres. «Nos moyens étant limités, déclare-t-il, nous faisons ce que nous pouvons.» C'est un phénomène, souligne-t-il, qui a évolué et a pris de l'ampleur aux frontières du sud du pays. Le gouvernement, fait-il observer, a pris des mesures pour garantir la sécurité de nos frontières et pour essayer de réduire ce phénomène à son niveau le plus supportable. Le directeur des migrations au ministère de l'Intérieur évoque des enjeux géostratégiques très importants de ce phénomène, ce qui a justifié la réunion, le 29 mars 2018, d'un Conseil interministériel donnant lieu à d'importantes mesures aux fins de sécuriser les frontières. Il note qu'il ne s'agit pas d'un «schéma classique» de migration, mais plutôt d'un déplacement de nombreuses populations en direction de l'Algérie contrainte de mobiliser quelque 20 millions de dollars pour y faire face. Ce qui est préoccupant c'est ce que le flux de migrants cache des velléités d'ingérence et de menaces à la sécurité nationale. Il explique que cette forte migration vise en réalité à un remodelage du monde et un rééquilibrage des rapports de force à l'intérieur d'un continent très riche, recelant 30% des terres arables du monde, ainsi que les matières minérales les plus rares et les plus recherchées. La doctrine de l'Algérie est très claire, rappelle-t-il, notre pays est contre les ingérences et la militarisation des espaces et des territoires, deux facteurs dont les conséquences catastrophiques ailleurs ont été déjà constaté. Plus clairement, le représentant du ministère de l'Intérieur fait remarquer que la présence de ces deux facteurs a eu pour effet de se traduire par le recul de l'Etat, l'extension du terrorisme, l'accentuation des conflits ethniques et le développement des crises et des conflits, que l'Algérie, souligne-t-il, entend régler par des moyens pacifiques, en concertation avec ses partenaires africains. Hacène Kacimi qui met en garde contre certaines informations qui circulent sur les réseaux sociaux et dans la presse concernant ces dossiers. Il s'agit d'une campagne acharnée de dénigrement, voire de déstabilisation, dit-il, menée contre l'Algérie avec des non-dits qui cachent des objectifs connus : faire passer des mensonges pour la réalité et faire passer le bourreau pour la victime. Il en donne pour preuves les deux brûlots qui sont sortis en quelques heures : 1/ «le rappel de l'ambassadeur malien et de son Consul général», et 2/ «les groupes encagoulés qui se sont attaqués à Oran à de paisibles migrants» ; les deux faits ont été démentis mais ce genre de mensonge a continué à être publié. A propos de la criminalité, il révèle que sur les cinq dernières années, 56.000 migrants subsahariens ont été condamnés pour crimes et délits, parmi eux 30.000 Maliens et 20.000 Nigériens.