Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction, Amar Takjout, en tant que représentant de l' UGTA, évoque le net recul des droits des travailleurs, à travers le monde, parce que dans beaucoup de pays, au nom de la compétitivité et de l'économie de marché, il y a un nivellement par le bas des acquis sociaux remportés par le monde du travail. Il considère que l'Algérie ne peut pas échapper à ce genre de pression, et, ajoute-t-il, les syndicats aussi semblent être en deçà de leurs capacités de défendre les conquêtes sociales du monde du travail. Il fait remarquer que beaucoup de pays sont en train de remettre en cause les congés payés sur quatre semaines, les 8h de travail, d'ou, il y a tendance dans les entreprises à faire travailler plus sans augmentation de salaires, autant de réformes, d'actions, dit-il, pour niveler par le bas les acquis sociaux et il se trouve, fait également observer, que les syndicats peinent à trouver leurs marques. Il note que dans notre pays, la situation n'est pas identique, les quatre semaines de congé sont préservés, ainsi que la durée de travail de 8h, le système de retraite, de sécurité sociale, la mutuelle, les avantages liés à la maternité, mais, corrige-t-il, cela ne veut pas pour autant signifier qu'il n'existe pas des arrières pensées et une démarche des gouvernants pour chercher à réduire et réformer et à reformuler un certain nombre d' acquis sociaux des travailleurs. Amar Takjout estime que le «confort syndical» qui a prévalu durant des décennies a laissé place à la difficulté syndicale qui peut, à son tour, redonner naissance au combat syndical dans l'éternelle contradiction entre le patronat et le travailleur. Il y a eu un temps, ajoute-t-il, pour les conquêtes, puis aujourd'hui, il y a des remises en cause, et il pense qu'il est possible, qu'une renaissance du combat syndical pourrait contribuer à se réapproprier les espaces perdus à travers le monde. A propos des organisations syndicales listées comme non conformes par le ministère des Travail, le représentant de l'Ugta estime qu'il y a obligation de se conformer à la loi mais si la loi est rigide et si elle n'est pas bonne, rien n'empêche, dit-il, de militer pour la changer. S'il y a une loi, il faut la respecter mais les travailleurs ne doivent pas être les seuls à s'y conformer. Les lois de la République doivent être applicables à tous, insiste-t-il, c'est-à dire, explique-t-il, il ne doit pas y avoir une partie à laquelle on impose la loi, et une autre qui échappe à la loi. Par ailleurs, il affirme que le recul dans l'adhésion des travailleurs aux syndicats est dû au comportement de dirigeants syndicalistes, qui sont devenus beaucoup plus des machines à «faire du profit», «à faire des sous, ici et là», à s'enrichir, ils ne font plus du syndicalisme. Il fait constater que le syndicalisme a perdu de sa nature. Soulignant que le syndicalisme c'est avant tout du militantisme et de l'engagement, il appelle enfin à changer les méthodes, et à cultiver la culture du compromis entre employeurs et employés, dans la vie sociale, et pour cela, à «apprendre à négocier». Commentant, à ce propos, le nouveau projet de Code du Travail, lequel pourrait d'après lui présenter une menace de remise en cause des acquis des travailleurs Algériens, en favorisant la précarité à travers la fléxibilité de l'emploi et le renforcement du rôle et des prérogatives du patronat, Amar.Takjout prévient que ces derniers et l'Ugta ne se laisseront pas faire. Il se positionne clairement contre ce projet de Code du travail qui cherche à conforter l'informel, à s'adapter à l'informel. Il appelle à faire respecter et à appliquer le code actuel. Il estime qu'il est injuste et criminel de livrer les travailleurs pieds et poings liés au patronat, ce qui revient à remettre en cause le progrès social qui a existé depuis longtemps.