L'UGTA doit se réapproprier le terrain de la compétition et les espaces de débat et de confrontation qu'elle a délaissés. Je suis très peiné pour ce qui arrive à notre organisation. Il faut revenir aux fondamentaux. Une réforme de l'organisation s'impose, car la réalité nous interpelle.» C'est en ces termes que Amar Takjout, secrétaire général de l'union de wilaya d'Alger et de la Fédération des textiles et des cuirs de l'UGTA, s'est adressé hier aux responsables de différentes fédérations, lors d'une réunion de coordination tenue au siège de la centrale syndicale. Ces derniers sont tous venus pour apporter leur soutien a Sidi Saïd, patron de l'UGTA, suite aux attaques qu'il a subies de la part de Mohamed Tayeb Hmarnia, sénateur et ancien membre du secrétariat national chargé de l'organique. Ce denier a carrément appelé à un mouvement de redressement de l'UGTA. L'un après l'autre, les responsables des fédérations ont accablé Hmarnia et ont même demandé de le déchoir de son mandat de sénateur. «Le cas de Hmarnia ne mérite même pas autant d'intérêt. Hmarnia parle de dérive et de redressement de l'UGTA, il faut savoir qu'il était responsable de l'organique, il appliqué sa propre loi. Il a écarté des militants de souche. S'il y a aujourd'hui dérive à l'UGTA, il en est partisan», accusent les syndicalistes, rappelant le nombre important d'anciens syndicalistes qui se sont enrichis sur le dos de l'UGTA. Takjout reconnaît que l'UGTA a parfois créé des «monstres», à l'image de Hmarnia qui faisait la pluie et le beau temps en raison, malheureusement, de «la passivité» et «l'aplaventrisme» de l'UGTA. «Le meilleur service que nous rendrons à Sidi Saïd est de reprendre l'action et le militantisme syndicaux. Vous venez d'applaudir Sidi Saïd et demain vous allez applaudir son successeur. Sidi Saïd n'a pas besoin de votre appui, il a besoin de votre adhésion pour réformer notre organisation. Il y a des gens qui font la loi à l'UGTA et qui ne sont pas rappelés à l'ordre. Que cela cesse !», s'insurge Takjout qui pose le problème du désengagement de la centrale syndicale. Pour lui, il faut adapter les lois par rapport à l'évolution de la situation. «Notre militantisme doit changer, nos méthodes de travail doivent aussi. Nous devons occuper le terrain afin que nous puissions apporter notre contribution à ce qui ce passe sur la scène politique économique et sociale ; c'est le plus important à mon sens», affirme Takjout qui s'interroge sur le rôle que devrait assumer l'UGTA, notamment en ce moment de malaise social qui profite, selon lui, à beaucoup de personnes. L'UGTA, pour lui, doit regarder du côté des travailleurs et considérer la grève des autres syndicats avec sérieux, être réceptive et essayer de trouver des solutions. «Il faut être à l'écoute, être vigilant et on doit anticiper et apporter notre vision sur les questions posées», note Takjout. Mais pourquoi l'UGTA est donc restée spectatrice face à l'effervescence de front social ? Takjout se défend : «Nous ne sommes pas spectateurs, nous essayons de ne pas interférer dans les mouvements pour ne pas donner l'impression de casser la grève.» Mais, concrètement, que faut-il faire ? Le responsable de la wilaya d'Alger pense qu'il faut avoir un autre regard, il faut trouver un équilibre et avoir la capacité de communiquer. «Il y a quelque part des incompréhensions et des prises de position qui donnent l'impression que l'on est contre telle ou telle organisation. La meilleure façon d'éviter ces problèmes est d'investir le terrain de la discussion», ajoute Takjout.