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Pour le dialogue des cultures entre l'Afrique, le monde musulman et l'Occident fondé sur la tolérance
Publié dans La Nouvelle République le 04 - 06 - 2018

Devant la mort l'on devient philosophe. La vie, si courte comparée au cycle des civilisations, n'est-elle pas un rêve ? Ne sommes-nous pas d'éternels, des passagers ? Combien d'entre nous se remémorent parents et amis qu'ils sont connus et qui ont disparu dans un passé pas si lointain. Entraînés dans le tourbillon du quotidien et de notre survie, et c'est ça peut-être la vie. Ne devant pas être utopique, l'on oublie facilement que les femmes et les hommes ont existé sur notre Terre, ont été des acteurs comme en témoignent tous les films que l'on voie sur les pharaons, la tribu des incas, sur la Chine, l'Inde, Rome, sur les Indiens à travers les films de western, les différentes guerres... Je considère que la crise actuelle en ce début du XXIe siècle n'est pas seulement une crise économique mais également et surtout une profonde crise morale devant se fonder sur une profonde rénovation de la perception du monde. Je me propose dans cette contribution d'analyser, très succinctement, les relations entre l'Afrique, le monde musulman et l'Occident qui doivent se fonder sur la base du respect mutuel et de la tolérance.
Depuis que le monde est monde nos sociétés vivent d'utopie. Comme le dit l'adage populaire, l'espoir fait vivre. D'ailleurs, au niveau des sociétés, nous assistons à une pièce de théâtre ou chacun a un rôle déterminé, les pouvoirs en place avec leurs cours et leurs discours contribuant à cette utopie. Les guerres et les révoltes sociales sont le contrepoids à cette utopie. Les messages de paix, de tolérance fondés sur le dialogue productif tant au niveau planétaire qu'au sein des sociétés, sont-ils des messages d'utopie ou seront-t-ils concrétisées dans un avenir proche pour éviter par exemple que d'une part cette immigration massive de l'Afrique vers l'Europe, d'autre part, que la religion, ne soit utilisée à des fins de tensions entre le monde musulman et l'Occident, comme arme de guerre fratricide ? C'est que les guerres de religions ont fait recette (rappelons les guerres entre catholiques et protestants, la persécution des juifs) et l'on a pu, paradoxalement, utiliser ces termes antinomiques guerre-sainte, alors que les livres saints ont pour fondement adhésion, tolérance et le respect d'autrui. Or, je suis convaincu avec de nombreux intellectuels de différentes sensibilités et nationalités, depuis de longues années, que la symbiose des apports de l'Afrique culture ancestrale, du monde musulman et de l'Occident par le dialogue des cultures (l'islam, le judaïsme, le christianisme étant des religions de tolérance pour ne citer que les grandes religions monothéistes), devant respecter toute croyance de chacun, permettront d'éviter ces chocs de civilisations préjudiciables à l'avenir de l'humanité. L'intensification des relations entre l'Afrique, le monde musulman et l'Occident, la promotion des synergies culturelles, économiques, politiques sont seules à même d'intensifier une coopération pour un développement durable ente le Nord et le Sud, et ce afin de faire de note univers un lac de paix où seront bannis l'extrémisme, le terrorisme et la haine, passant par une paix durable au Moyen-Orient, berceau des civilisations, les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique. Il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car source d'enrichissement mutuel permettant de communiquer avec des cultures lointaines à travers des réseaux décentralisés auxquels la société civile (intellectuels, diplomates, entrepreneurs, médias grâce au rôle important d'Internet) doit jouer une fonction stratégique. Les nouvelles relations internationales fondées sur les relations personnalisées entre chefs d'Etat ont de moins en moins d'effets. Ces réseaux doivent favoriser les liens communicationnels, les ères de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Dans ce cadre, il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative car l'homme pensant et créateur devra être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement. C'est pourquoi je préconise la création de grands pôles par grands continents (universités et de centres de recherches) loin de tout esprit de domination comme moyen de fécondation réciproque des cultures et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles. L'Afrique, le monde musulman et l'Occident sont des espaces géographiques présentant une expérience millénaire d'ouverture et d'enrichissements mutuels tant sur le plan économique que culturel. Certes nous avons assisté au déclin du de l'Afrique et du monde musulman notamment sur le plan de la recherche scientifique alors que par le passé, il était pionnier (voir les études anthropologiques sur l'Afrique et l'islam). Pour un devenir commun, il est indispensable que la majorité des dirigeants du de l'Afrique et du monde musulman, qui ont une lourde responsabilité de la situation de misère de leur population faute d'une bonne gouvernance, existant des exceptions ou certains sont devenus des pays émergents, et l'Occident développent toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l'intérieur de cet ensemble et ce afin de favoriser six objectifs solidaires. Premièrement, l'Etat de droit et la démocratie politique tenant compte des anthropologies culturelles, une société sans sa culture et son histoire étant comme un corps sans âme. Deuxièmement, l'économie de marché concurrentielle à vocation sociale loin de tout monopole qu'il soit public ou privé. Troisièmement, la concertation sociale et les échanges culturels par des débats contradictoires. Quatrièmement, la mise en œuvre d'affaires communes n'oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et dans la pratique des affaires il n'y a pas de sentiments. Mais l'on doit éviter que la logique du profit ne détruise les liens sociaux d'où l'importance stratégie de l'Etat régulateur conciliant les couts sociaux et les couts privés. Cinquièmement, intégrer l'émigration ciment des liens culturels qui peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération et de ce dialogue nécessaire, de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes des potentialités cultuelles, économiques et financières. La promotion des relations entre l'Afrique , le monde musulman et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées. Sixièmement, l'Occident doit, tout en tenant compte effectivement de sa situation socio-économique favoriser la libre circulation des personnes tout en engageant un véritable co-développement (à ne pas confondre avec l'assistanat) au profit de l'Afrique et des pays musulmans en retard, tenant compte du nouveau défi écologique qui devrait entraîner des mutations tant économiques que socioculturelles, voire politiques. D'une manière générale, l'objectif stratégique est de repenser l'actuel système économique mondial et donc la représentation au niveau des institutions internationales, le système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l'avenir de l'humanité avec des poches de pauvreté croissant au niveau même des pays développés, accéléré d'ailleurs par les gouvernances les plus discutables de la part de certains dirigeants du Sud. La population mondiale qui s'élève au 1er janvier 2018 à 7,6 milliards devrait atteindre 8,6 milliards en 2030, 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100, selon un nouveau rapport des Nations unies. Or sur les plus de 7 milliards d'âmes les 2/3 sont concentrées au sein de la zone Sud avec moins de 30% des richesses mondiales. Le PIB mondial en 2017, est estimé à 79 280 milliards de dollars américains par le Fonds monétaire international. Le PIB des Etats-Unis pour une population en 2017 de 327 millions d'habitants a un PIB en dollars courants de 19 377 milliards (la Chine 11392 milliards de dollars mais pour une population dépassant le milliard), l'Europe des 27 toujours pour 2017 a un PIB de 17 113 milliards de dollars pour une population d'environ 510 millions d'habitants. Mais la sortie du Royaume-Uni se solderait par une diminution de sa population qui passerait à environ 443 millions, de même qu'une réduction à environ 14% du PIB. Ainsi USA et Europe y compris la Grande Bretagne (10,9% de la population mondiale) représentent 46% du PIB mondial. Ainsi, en ce début du 21e siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L'abondance et l'opulence y côtoient d'une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Le revenu moyen des 20 pays les plus riches est 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres qui appartiennent à l'Afrique sub- saharienne, à l'Asie du Sud et à l'Amérique Latine. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d'individus – dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l'humanité si rien de décisif n'est entrepris. Faute de relever le défi de lutte contre la pauvreté, le sous développement d'une grande partie de l'humanité constitue une menace pour les pays et d'une manière développés et d'une manière générale le monde au cours des années à venir. En résumé, les relations entre l'Occident, l'Afrique et particulièrement le monde musulman sont souvent passionnées surtout récemment avec l'avènement du terrorisme que l'on impute faussement à une religion de tolérance qu'est l'islam. Espérons qu'elles seront dépassées, dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation, notamment sur le plan sécuritaire, le terrorisme étant une menace planétaire. Le devenir solidaire conditionne largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience commune et le repli sur soi serait préjudiciable à notre prospérité commune et engendrerait d'inéluctables tensions sociales. Tout cela renvoie à des enjeux géostratégiques de première importance qui concerne l'humanité dont une gouvernance rénovée à l'échelle mondiale qui concerne l'ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la Cité. En effet, avec l'interdépendance accrue de nos sociétés, les nouvelles mutations mondiales avec l'avènement de la quatrième révolution économique mondiale préfigurent horizon 2020-2030, un important bouleversement géostratégique avec la montée en puissance des pays de l'Asie dont la Chine. Face à cette fin de l'unilatéralisme, devant les pressions sociales, les gouvernants ne sont-ils pas enclin à inventer toujours un ennemi à combattre ? Dans la nature innée des hommes ne se trouve t-il pas le penchant vers la tyrannie et l'oppression mutuelle comme l'a rappelé le grand sociologue maghrébin Ibn Khaldoun? Pourtant, l'histoire commune impose à l'Afrique, au monde musulman et à l'Occident
d'entreprendre ensemble. Comme le dit l'adage avec une profonde philosophie, une seule main ne saurait applaudir. C'est le modeste message de cette contribution aux dirigeants de l'Afrique du monde musulman et de l'Occident.


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