Le secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis John Sullivan a réitéré vendredi à Rabat le soutien de son pays aux efforts de l'ONU pour une solution politique qui garantie le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination. «Nous soutenons le processus diplomatique de l'ONU et les efforts pour trouver une solution politique mutuellement acceptable au conflit qui apporte l'autodétermination au peuple du Sahara occidental», a déclaré M. Sullivan lors d'un point de presse conjoint avec son homologue marocain Nasser Bourita, dans le cadre d'une visite diplomatique au Maroc. La visite du numéro 2 de la diplomatie américaine au Maroc coïncide avec la tournée de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, Horst Kohler. La tournée de Kohler, deuxième du genre dans la région, qui comprend plusieurs étapes (les camps des réfugiés sahraouis, les territoires du Sahara Occidental occupés, le Royaume du Maroc, la Mauritanie et l'Algérie), intervient dans le cadre de l'application de la résolution onusienne adoptée le 17 avril dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU, demandant aux parties au conflit (le Maroc et le front Polisario), la reprise des négociations directes «sans conditions préalables et de bonne foi». M. Kohler, qui a rencontré mardi le président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, Ibrahim Ghali, le chef de la délégation sahraouie chargée des négociations a affirmé devant la presse que ces entretiens «très positifs» ont constitué une occasion «d'approfondir les connaissances sur les contraintes entravant la cause du Sahara occidental». Par ailleurs, plusieurs citoyens sahraouis ont été blessés vendredi par les forces d'occupation marocaine lors des manifestations pacifiques organisées à El-Ayoune pour dénoncer l'occupation de leurs terres, à l'occasion de la visite de Horst Kohler, la première du genre dans les territoires occupés. L'agence de presse sahraouie (SPS) a rapporté que les forces marocaines avaient encerclé les ruelles et les rues de la ville sahraouie occupée depuis mercredi, dans une tentative d'empêcher les Sahraouis de sortir dans la rue et livrer leur message à l'envoyé de l'ONU. La dernière fois où le Front Polisario et le Maroc se sont installés à la même table de négociations remonte à mars 2012 à Manhasset aux Etats-Unis. Depuis le processus de paix lancé par l'ONU se trouve dans l'impasse en raison des entraves dressées par le Maroc pour empêcher le règlement du conflit sur la base des principes de la légitimité internationale qui garantissent le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Application de la recommandation du Conseil de sécurité : les entretiens avec Kohler étaient «sincères» Le président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a affirmé mardi au siège de la présidence sahraouie à Chahid el Hafedh aux camps des réfugiés sahraouis que ses entretiens avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, Horst Kohler étaient «sincères» concernant l'application de la recommandation du Conseil de sécurité émise en avril dernier. Dans une déclaration à la presse au terme de ses entretiens avec M. Kohler, le président sahraoui a souligné que les entretiens étaient "sincères" notamment en ce qui concerne l'application de la recommandation du Conseil de sécurité émise à la fin avril dernier portant sur la nécessité de relancer les négociations entre les parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc. «La relance des négociations permettra de préparer la voie à l'accès du peuple sahraoui à son droit à l'autodétermination», a-t-il ajouté, précisant que les entretiens avec M. Kohler étaient une occasion propice pour évoquer les différents «obstacles ayant entravé l'application des décisions onusiennes relatives à la question sahraouie et examiner les meilleurs moyens de leur application». Maroc : une dizaine de policiers blessés lors d'affrontements dans le Rif après le procès du «Hirak» La région marocaine du Rif (nord) a été le théâtre d'affrontements et d'arrestations, après la condamnation des meneurs du mouvement social «Hirak Rif» à des peines allant jusqu'à vingt ans de prison,causant des blessures plus ou moins graves à une dizaine de policiers, ont indiqué vendredi des médias. «Une soixantaine de jeunes dans le centre de Boukidan (un village près d'Al-Hoceïma) ont bloqué la route avec des barricades et des pierres ce qui a nécessité l'intervention des forces de l'ordre pour rétablir la circulation», ont ajouté les mêmes sources. «Les forces de l'ordre ont été la cible de jets de pierres pendant une heure de la part de ces jeunes causant des blessures plus ou moins graves à une dizaine d'agents, dont un a été grièvement blessé à l'arme blanche», selon les autorités Marocaines, relevant que six protestataires avait été arrêtés lors des heurts. Des médias locaux font aussi état d'affrontements entre des manifestants et les forces de l'ordre dans des localités proches de la ville d'Al-Hoceïma, avec une série d'arrestations. Les militants du mouvement de contestation sociale «Hirak Rif» ont été condamnés, mardi, à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison à l'issue d'un procès de neuf mois dont l'équité est contestée, suscitant l'indignation de plusieurs ONG. Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, ainsi que trois autres meneurs, Nabil Ahmjiq, Ouassim Boustati et Samir Ighid, ont écopé de la peine la plus lourde pour «complot visant à porter atteinte à la sécurité de l'Etat», un chef d'accusation passible selon les textes de la peine de mort. D'autre part, et toujours dans le sillage des procès relevant du dossier du Hirak, le journaliste Hamid el Mahdaoui a été a condamné jeudi à trois ans de prison pour «non dénonciation d'une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l'Etat». M. El Mahdaoui, directeur du site d'information Badil et connu pour ses prises de position tranchées contre le pouvoir, avait été arrêté en juillet dernier dans la ville d'Al-Hoceïma (nord), pendant qu'il couvrait un rassemblement du mouvement Hirak.