L'Algérie ne cèdera pas aux pressions extérieures des institutions financières internationales qui la poussent vers le piège mortel de l'endettement auprès de pays et de banques qui l'ont mise dans les années 1980 et 1990 dans une situation d'impasse économique et sociale. C'est le sens des propos du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, sur les ondes de la chaîne 3 dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction. Il a réitéré une nouvelle fois, le refus de l'Algérie de recourir au financement (endettement) extérieur, sauf dans des cas exceptionnels «d'investissements forts avec des rendements appréciables». Cela fait plusieurs années que l'Algérie n'a plus recours aux crédits extérieurs et elle continuera à ne pas y recourir. Il a fait savoir que la «construction du grand port centre» d'El Hamdania, à Cherchell, dans la wilaya de Tipaza, « sera financé par un prêt de l'Etat Chinois». Le ministre des Finances a évoqué la démarche de rationalisation des dépenses publiques car il n'était pas possible, dans la conjoncture de crise, de poursuivre avec le même rythme que ces dernières années. De ce fait, explique-t-il, il fallait un règlement assez particulier au niveau de la rationalisation des dépenses pour pouvoir prendre en charge beaucoup d'aspects socio-économiques de l'Etat algérien. Par ailleurs, interrogé sur le risque inflationniste du recours au financement non conventionnel, M. Raouya s'est voulu rassurant en affirmant que le «risque est mesuré», ajoutant que le gouvernement a «pris l'ensemble des règles de rigueur pour pouvoir maitriser ce financement non conventionnel». Selon les prévisions, le taux d'inflation, explique le ministre des Finances, se situerait, à peu près, entre 3 et 4% en moyenne, sur toute la période allant de 2018 à 2020. «Pour l'année 2018, nous avons prévu un taux d'inflation de 5,5%, cependant, jusqu'à maintenant, le taux d'inflation tourne autour de 4%», donc, «c'est maîtrisé», a souligné M. Raouya, qui a tenu à rappeler, encore une fois, que ce financement non conventionnel «est beaucoup plus destiné à financer l'investissement», qui «devrait permettre, bien évidemment, une croissance un peu plus soutenu». «C'est ce qui nous manque encore», a conclu le ministre des Finances qui rappelle que la croissance reste encore tirée par le secteur public. S'agissant du projet de révision de la politique des subventions, qualifié de «un grand chantier», M. Raouya a affirmé que «l'Etat ne changera rien aux règles actuelles de sa politique de subvention», tant qu' «on n'aura pas, explique-t-il, réglé les questions relatives à l'identification des ménages, des montants et comment procéder.» Une commission planche sur ce dossier, avec l'aide de la Banque mondiale, a informé le ministre. Mais, précise-t-il, rien ne sera fait tant que l'ensemble des paramètres ne seront pas mis en place, la politique de subvention ne sera pas touchée tant que ne sera pas réglée la question de l'identification des ménages, conclut le ministre.