Le ministre des Finances, Abderahmane Raouya, qui a présenté mardi le projet de loi complétant et modifiant l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit devant la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire et nationale (APN), a décliné un exposé détaillé de la situation financière et économique que vit le pays. Selon M. Raouya, l'Etat faisait face depuis 2014 à des contraintes financières qui exerçaient à l'heure actuelle de «fortes pressions» sur le trésor et sont dues au «recul de nos revenus financiers et un épuisement complet de nos épargnes». Ainsi, il a souligné que les exportations algériennes des hydrocarbures sont passées de 60,3 milliards de dollars en 2014 à 32,7 milliards de dollars en 2015, à 27,1 milliards de dollars en 2016 et à 18,7 milliards de dollars au cours des sept premiers mois de l'année 2017. Le ministre a en outre fait savoir que la fiscalité pétrolière recouvrée jusqu'à juin 2017 était de 1100 milliards de dinars, soit 60% de celle recouvrée à la même période en 2014. Les réserves de change qui ont atteint 105,8 milliards de dollars à fin juillet dernier pourraient régresser pour atteindre 97 milliards de dollars à la fin de l'année 2017, a-t-il indiqué. Pour faire face à ces besoins, le gouvernement a recouru en 2016 et 2017 à une série de mesures monétiques et financières en vue de mobiliser des ressources supplémentaires. S'agissant du financement non conventionnel, M. Raouya a fait savoir que ce projet de loi a été élaboré dans «une conjoncture économique et financière particulière». M. Raouya a assuré que le risque d'inflation, conséquence du recours au financement non conventionnel, fera l'objet d'un contrôle «rigoureux», affirmant que l'utilisation du financement non conventionnel sera encadrée et que chaque retrait sera soumis à un «contrôle minutieux». Il a ajouté à ce sujet que les besoins seront fixés annuellement sur la base du déficit financier suivant un programme tracé par le gouvernement, relevant qu'une commission placée auprès du ministère des finances assurera le contrôle et le suivi de mise en œuvre du financement non conventionnel. Le recours au financement non conventionnel sera accompagné en outre par un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires en vue d'aboutir au rétablissement des équilibres du budget de l'Etat et de la balance des paiements au terme des cinq années prévues par le projet de loi, a affirmé le ministre des Finances. Abordant le projet de la loi de finances 2018, M. Raouya a affirmé que ce texte comprendra des modifications conformes au contexte économique actuel, notamment certains amendements relatifs à la fiscalité et aux impôts. L'obligation sera faite pour les commerçants d'utiliser les terminaux de paiement électronique pour absorber les fonds circulant aux marchés parallèles ainsi que le dégel des projets, particulièrement dans les secteurs de l'éducation et de la santé. M. Raouya a ajouté que le gouvernement n'avait pas recouru aux «solutions faciles» pour surmonter la situation actuelle comme le relayaient certains, soutenant que «le gouvernement aurait renoncé, si c'était le cas, aux subventions destinées aux catégories vulnérables et à la libéralisation des prix», mais le gouvernement a décidé de préserver tous les acquis sociaux et de recourir à quelques mesures à même de maintenir l'équilibre de l'économie nationale. «L'Algérie a recouru au financement intérieur au lieu de l'endettement extérieur pour éviter les conséquences du recours aux institutions monétaires internationales, tel que fut le cas durant les années 90». Concernant la destination des recettes du financement non conventionnel, M. Raouya a affirmé qu'«elles seront destinées aux projets transparents et non au paiement des salaires ou la consommation locale». Une banque publique en France Il a annoncé que son département ministériel était en passe de présenter au gouvernement un projet d'une loi organique «important» à même de rajouter plus de transparence dans la gestion et la maîtrise des dépenses publiques. Interrogé sur l'ouverture des agences bancaires algériennes à l'étranger, le ministre des finances a indiqué qu'une réflexion a été amorcée en vue d'inaugurer une agence d'une banque publique en France au vu du nombre important de la communauté algérienne dans ce pays. Cette expérience sera vulgarisée dans d'autres pays. Les banques algériennes ont procédé à la modernisation de leurs systèmes à l'instar de la banque du développement locale (BDL) qui s'est dotée depuis quelques mois d'un système informatique développé assurant la gestion numérique de toutes ses transactions, ajoutant que la modernisation sera généralisée à toutes les banques ainsi qu'au niveau du secteur des impôts pour l'élargissement et intensification du recouvrement fiscal. Abaissement des réserves obligataires des banques: 707 milliards DA récupérés L'abaissement du taux des réserves obligataires des banques a permis de dégager à deux reprises en 2016 et 2017 un total de 707 milliards DA, a révélé, mardi, le ministre des Finances, Abderahmane Raouia. Lors de sa présentation du projet de loi complétant et modifiant l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit devant la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire et nationale (APN), M. Raouia a affirmé que pour injecter plus de liquidités aux banques et permettre à ces dernières de contribuer au financement de l'économie, le taux des réserves obligataires des banques a été abaissé à deux reprises. L'abaissement à deux reprises du taux de ces réserves a été opéré en mai 2016 (de 12% à 8%), puis en juillet 2017 (de 8 à 4%), générant respectivement pour les deux années (2016 et 2017), 360 milliards DA, dont 314 milliards DA au profit des banques publiques, et 347 milliards DA, dont 301 milliards DA au profit des banques publiques, a précisé le ministre. Concernant le projet de loi complétant et modifiant l'ordonnance relative au crédit et à la monnaie, M. Raouia a indiqué qu'il a été élaboré «dans un contexte économique et financier particulier, caractérisé, pour ce qui est de l'économie, par la détérioration de la situation financière du pays». Dans ce contexte, le ministre a affirmé que l'Etat fait face, depuis le 2e semestre de 2014, à des contraintes financières qui constituent désormais «de fortes pressions» pour le trésor de l'Etat, et sont le résultat de «la baisse de nos ressources financières et de l'épuisement total de notre épargne nationale», a-t-il expliqué.