Quarante-huit heures après avoir commis au port de Annaba leur acte de détournement d'un conteneur de 40 pieds, dix individus, directement ou indirectement impliqués dans cet acte, ont été interpellés par les éléments du groupement de gendarmerie de Annaba. Présentés devant le procureur de la république, trois ont fait l'objet d'un mandat de dépôt. Les sept autres ont bénéficié de la procédure de contrôle judiciaire. Ils ont été interpellés quelques heures seulement après avoir cru que leur coup, savamment monté, qu'ils étaient tirés d'affaire. Ce qui n'a pas été de l'avis des enquêteurs de la brigade judiciaire de la gendarmerie d'El Hadjar qui remonteront rapidement la filière pour retrouver le conteneur. Il avait été vidé de la totalité des produits importés avant d'être abandonné en un lieu où il était difficile de répérer. C'était compter sans la perspicacité et la tenacité des enquêteurs qui les ont délogés l'un après l'autre au lieu-dit «Bouzarourah». Ils s'y étaient terrés croyant que le caractère de bidonville d'une partie de cette grande cité dans la commune d'El Bouni la rendait inviolable. Les gendarmes n'ont pas été impressionnés. De là à dire que ce dossier réserve des surprises, il n'y a qu'un pas que bon nombre d'exploitants de l'infrastructure portuaire n'hésitent pas à franchir. Notamment ceux proches de la gestion des affaires économiques aux frontières de notre pays. Et quand on sait que le chauffeur du camion plateau est un récidiviste du trafic aux frontières et qu'il a tenté d'intimider les gendarmes en menaçant de mettre le feu à son engin, il y a de quoi se poser des questions. C'est le cas ces derniers jours. Les citoyens s'interrogent sur ce qui se passe dans cette infrastructure portuaire d'Annaba laquelle en termes d'activités aux frontières, ne laisse personne indifférent. Particulièrement lorsqu'elle est touchée par des scandales répétés commis par ceux-là mêmes censés veiller à étanchéité de nos frontières économiques. Le dernier scandale a coûté leur poste aux deux principaux responsables à savoir le directeur régional et celui de wilaya et la suspension de fonctions d'une dizaine d'inspecteurs hauts gradés. Tous sont cités dans des affaires d'importation illicite et de trafic aux frontières. L'on s'interroge aussi sur la procédure qui a permis au chauffeur du camion plateau en charge du conteneur de sortir du port sans être inquiété. Cela a été réalisé sous les yeux des douaniers. Et pourtant, l'engin n'est pas facile à devenir invisible. Encore moins à cacher si ce n'est avec l'appui de complices matériellement équipés Et bien positionnés dans la hiérarchie de l'une ou de l'autre institution régalienne. Les gendarmes ont mis en relief leur expérience des renseignements pour situer le conteneur 48 h après sa disparition. Il a été retrouvé totalement vide Ce qui les a amenés à approfondir leur enquête sur les activités du secteur de l'import/export censés être sous le contrôle des douaniers. Cette disparition n'est pas la première du genre dans un port d'Annaba soumis aux caprices de tous les trafiquants. Il reste que c'est sur ce port où l'on enregistre les plus importantes opérations d'importations frauduleuses. La plupart des conteneurs sont débarqués pour être vidés avant que leur contenu ne soit livré à leurs importateurs sans factures et taxes. Et ce n'est pas la décision de la commission permanente en charge de l'inspection et de l'évaluation qui pourrait empêcher leurs propriétaires d'en prendre possession sans avoir à payer des taxes ou à justifier du bon état des importations. Généralement, il s'agit d'entreprises privées non identifiées. Impulsées par les trafiquants, les importations sont, pour beaucoup, des déchets inutilisables, matériels défectueux ou du sable. L'importation est réalisée uniquement pour justifier le transfert illégal de fonds. Le trafic d'influence auxquel s'adonnent certains est une problématique qui n'est pas prête à être résolue. A moins de mettre un terme aux fausses factures et s'assurer des prix des produits importés. Le port d'Annaba est devenu un moyen de transfert illicite des devises. D'autres transferts sont opérés en contrepartie de conteneurs vides ou de produits sans valeur. Ainsi, au lieu d'appréhender les risques que suppose une importation frauduleuse, les contrebandiers poursuivent en toute impunité leurs activités néfastes. Ils ont profité du conflit entre les responsables de nos institutions régaliennes pour redoubler de férocité dans leurs pratiques contraires aux lois. Pour preuve, cette affaire de conteneur sorti du port sans pièces justificatifs. Celle aussi des clients chômeurs à la mine patibulaire dépositaires de comptes bancaires en millions d'euros dont nulle autorité ne cherche la provenance.