Animé d'une ferme volonté de sauvegarder notre économie, un douanier, chef de brigade de son état, syndicaliste, est intervenu pour s'opposer à un trafic au port d' Annaba. Pour cet acte, il a été suspendu de ses fonctions par sa hiérarchie cinq mois plus tard. La lecture du communiqué qu'il a émis hier en début de sa grève de la faim entamée à quelques mètres du siège de la division des douanes de Annaba laisse apparaître que le 22 août à 13h, il était en mission de surveillance au port d'Annaba. La tenue officielle qu'il portait tout autant que les agents qui l'accompagnaient attestaient de la légalité de sa mission de contrôle. Ce qui avait permis à la brigade de détecter quatre camions chargés chacun d'un conteneur comportant le «sceau international». Intrigué par la présence des engins sur une partie du port où il ne devait pas être, le brigadier a aussitôt interpellé les 4 conducteurs. Après vérification, il s'est avéré que ces conteneurs étaient pleins à craquer de produits contrefaits acquis pour un important montant en devises. Grâce à des complicités haut placées, l'importateur s'apprêtait à les introduire sur le marché national. Ce qui n'était pas de l'avis du brigadier des douanes. Convaincu de la justesse de sa position et qu'il accomplissait un acte de défense de l'économie nationale, le brigadier persista dans son refus. Y compris lorsque sa hiérarchie bien qu'informée de l'illégalité de l'importation, lui ordonna de laisser sortir les camions. Trois des quatre camions réussirent tout de même à prendre la fuite sans les documents de circulation. Le quatrième avec le conteneur de produits ont fait l'objet d'une procédure de saisie. Sous d'autres cieux, le brigadier et ses collaborateurs auraient été félicités. C'est ce à quoi, ils s'attendaient au titre d'encouragement. Ce ne sera pas le cas. Leur hiérarchie patientera jusqu'au 25 janvier 2018, date de la célébration de la fête nationale des douanes, pour transmettre au brigadier, une décision de suspension de fonctions. Le motif retenu à son encontre est « non-respect des instructions de la hiérarchie». Cette affaire intervient plusieurs semaines après celle impliquant le même importateur trafiquant. Son dossier est pendant au niveau du pôle économique du tribunal de Constantine. En attendant, du côté des douanes de Annaba l'on s'inquiète de l'état de santé du chef de brigade. Faute d'alimentation, il était déjà mal en point hier. Nombre de ses collègues interrogés affirment que ce sont les auteurs de ce trafic qui devraient être sanctionnés et leur collègue promu. «Pourquoi la présence des douaniers aux postes frontières si ces derniers n'interviennent pas pour interdire les trafics illicites», ont-ils estimé. Le port d'Annaba est gangrené par une multitude d'affaires de trafic aux frontières. Telle celle des chaises roulantes. Un trafic synonyme de transfert illicite d'importants fonds sur la base de vraies factures pour de fausses importations.