Les réserves émises par le Centre de recherche sur le mouvement national et la révolution du 1er novembre 1954 au sujet du film sur Larbi Ben M'hidi est une procédure réglementaire tout à fait ordinaire et en adéquation avec les lois régissant la production cinématographique, a indiqué mardi le directeur du centre Djamel Eddine Miâadi. Le directeur du centre de recherche a rappelé que le réalisateur et coproducteur de ce film, Bachir Derrais, avait reçu des réserves et des observations de la part d'une commission de visionnage, composée d'experts et d'historiens, qu'il «se doit de prendre en considération en vertu de la loi sur le cinéma et du contrat liant les deux parties», avant de projeter le film. En vertu de la loi 11-03 sur le cinéma, publiée en février 2011, «l'exploitation des films et des supports de communications est soumise à un visa», explique Djamel Eddine Miâadi, rappelant que le centre de recherche veille à la «véracité des productions» vu l'interdiction par le même texte du financement et la production d'oeuvres «portant atteinte aux religions ou à la révolution de novembre et ses symboles». Cette commission, qui oeuvre encore à finaliser les réserves et observation sur le film «Ben M'hidi», «garantie l'authenticité des travaux sur la guerre de libération nationale», explique le directeur du centre en rappelant que c'est un travail ordinaire pour toutes les productions du ministère des Moudjahidines dont «Zabana» de Said Ould Khelifa, «Lotfi» de Ahmed Rachedi, ou encore «Crépuscule des ombres» de Mohamed Lakhdar Hamina. Coproducteur et réalisateur du film «Ben M'hidi», Bachir Derrais avait annoncé que le ministère des Moudjahidines avait «interdit toute projection ou exploitation de son film avant de prendre en considération les réserves émises par la commission de visionnage». Le film annoncé et retardé à plusieurs reprises était attendu pour cette fin d'année et avait été complètement finalisé et remis aux coproducteurs pour visionnage. Le réalisateur avait déclaré que le contenu du film avait été rejeté par la commission et qu'il y voyait une «dangereuse forme de censure et une atteinte à la liberté de création cinématographique», ajoutant que son travail est resté «fidèle aux écrits de grandes figures historiques». Pour sa part le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, s'exprimant sur l'interdiction d'exploitation du film «Ben Mhidi», a indiqué que le film devait être «conforme à son premier scénario» ajoutant que les remarques et réserves émises par la commission doivent être prises en charge pour que le film soit conforme au texte. Sur un scénario écrit par Mourad Bourboune et basé sur de nombreux témoignages de compagnons de Larbi Ben M`hidi et de sa famille, ce long métrage adapté au cinéma par Abdelkrim Bahloul, a été tourné à Alger, Lakhdaria, Biskra, Bechar, Bejaia et Tlemcen. 30% du tournage a été effectué dans des studios en Tunisie où l`équipe du film a reconstitué les décors des années 1940. Avec un budget de près de 520 millions DA, débloqué à parts égales par les ministères de la Culture et des Moudjahidine, ce projet a également bénéficié de financements accordés par des opérateurs économiques algériens «public et privé» atteignant au total une enveloppe avoisinant les 700 millions DA, précise le réalisateur. Khaled Benaissa (dans le rôle de Larbi Ben M'hidi), Nabil Asli et Idir Benaybouche, parmi d`autres acteurs, sont distribués dans ce film dont la production exécutive a été confiée à la société algérienne «Les films de la source», producteur de «Voyage à Alger» de Abdelkrim Bahloul et coproducteur de «Ce que le jour doit à la nuit» du cinéaste français Alexandre Arcady. Figure marquante du mouvement national, Larbi Ben M'hidi est d`abord militant actif du PPA (du Parti du peuple algérien), puis du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), avant de siéger au CRUA (Comité révolutionnaire d`unité et d`action) en 1954. Membre fondateur du Front de libération nationale (FLN), il est pendant la guerre d'Algérie, responsable de l`Oranie puis de la ZAA (Zone autonome d`Alger), après sa participation au Congrès de la Soummam en 1956. A la tête de la ZAA -dont il organise et coordonne les premières opérations lancées contre l`occupant français- il est arrêté le 23 février 1957 par les soldats du général Massu, à un mois du lancement de la bataille d`Alger. Ben M`hidi sera torturé puis assassiné dans la nuit du 3 au 4 mars 1957 sur ordre du général Paul Aussaresses.