La mission de l'ONU en Libye (Manul) a annoncé mardi la signature d'un accord de cessez-le-feu entre les groupes armés impliqués dans les combats près de la capitale libyenne Tripoli qui ont fait au moins 50 morts depuis le 27 août. Sous l'égide de l'envoyé spécial de l'ONU en Libye Ghassan Salamé, «un accord de cessez-le-feu a été conclu et signé aujourd'hui pour mettre fin à toutes les hostilités, protéger les civils et sauvegarder les biens publics et privés». Après une nouvelle journée de violents affrontements au sud de la capitale, les combats marquaient une pause en début de soirée. La semaine dernière, un accord de cessez-le-feu annoncé par des dignitaires des villes de l'ouest du pays n'avait été respecté que quelques heures. La Manul a précisé sur son compte Twitter que l'accord prévoit également la réouverture du seul aéroport en service à Tripoli, fermé depuis le 31 août en raison des violences. Elle a précisé toutefois que «la réunion d'aujourd'hui ne visait pas à résoudre tous les problèmes de sécurité de la capitale libyenne» et que le but était de «se mettre d'accord sur un cadre plus large pour aborder ces problèmes». Ont pris part à ces pourparlers fermés à la presse, «des officiers militaires et les chefs des différents groupes armés présents dans et autour de la capitale», ainsi que le ministre de l'Intérieur et d'autres représentants du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale, selon la Manul. L'ONU n'a pas précisé le lieu de la réunion. Mais selon des sources proches des pourparlers, elle s'est tenue dans la ville de Zawiya, à moins de 50 kilomètres à l'ouest de la capitale. Discussions sur les moyens de faire cesser la violence à Tripoli Le Premier ministre du gouvernement libyen soutenu par l'ONU, Fayez Serraj, s'est entretenu mercredi à Tripoli avec Ghassan Salamé, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en Libye. Les deux hommes ont notamment discuté de l'escalade militaire entre forces gouvernementales et milices armées à Tripoli, la capitale du pays. Ils ont parlé des événements de Tripoli, de la nécessité de faire cesser les hostilités, et des engagements de l'ONU et de la communauté internationale à cet égard, a indiqué dans un communiqué la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (Manul). M.Salamé a souligné la nécessité de protéger les civils, de mettre fin immédiatement aux violences, et d'entamer des négociations en vue d'un cessez-le-feu, selon le communiqué. Un peu plus tôt mercredi, la mission de l'ONU en Libye a mis en garde contre toute action militaire à Tripoli, où de violents combats entre les forces gouvernementales et les milices ont tué et blessé plusieurs civils. Le sud de Tripoli a notamment été le théâtre de violents affrontements entre forces gouvernementales et milices armées, tuant cinq personnes et en blessant 33 autres, selon le ministère de la Santé. Les causes exactes de ces affrontements ne sont pas connues pour le moment. Au cours des derniers jours, le sud de Tripoli a assisté à des tensions croissantes et à une mobilisation accrue des groupes armés intérieurs et extérieurs à la ville. Les Libyens ont «suffisamment» de capacités pour régler leurs problèmes Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a indiqué mercredi que les Libyens ont «suffisamment» de capacités pour régler leurs problèmes, affirmant que le processus de paix «doit être un processus libyen». «Le processus doit être le processus des Nations unies. Je crois que même la réunion de Paris l'a conforté. Ensuite, le processus doit être un processus libyen. Il faut qu'il y ait une appropriation par les Libyens de leur avenir, un processus qui préserve l'unité, la stabilité de ce pays», a indiqué le ministre dans une interview à RFI, affirmant que l'Algérie adhère à cette démarche. «Nous adhérons à cette démarche. Nous avons toujours soutenu les efforts des Nations unies et nous soutenons aussi tous les efforts qui tendent à accompagner les Nations unies dans cette mise en oeuvre de la feuille de route et le plan d'action des Nations unies», a-t-il expliqué, précisant que «Paris est venu renforcer ce courant, eh bien nous l'avons soutenu». A une question sur les combats ayant eu lieu récemment dans le Croissant pétrolier, le chef de la diplomatie algérienne a réitéré la position de l'Algérie de ne pas s'ingérer dans les affaires des autres pays. «Je vous ai dit, nous n'intervenons jamais dans ces affaires. Nous pensons que les Libyens ont suffisamment de capacités pour régler leurs problèmes. Ce que nous regrettons c'est que ce genre de situation ne concoure pas à ce que la paix et la stabilité reviennent rapidement», a-t-il répondu, relevant que la Libye a commencé à reproduire du pétrole à «peu près» ce qu'elle faisait avant 2010-2011. «Ils étaient à 1,2 million barils/jour et ils sont revenus à un million et quelque barils/jour. Aujourd'hui, avec ce qui s'est passé dans le Croissant pétrolier -avec l'attaque des deux réservoirs-, ça a quand même diminué la production. Les Libyens sont capables de trouver des formules pour s'en sortir», a-t-il estimé. Au sujet de la dernière décision des pays membres de l'Opep et non-Opep d'augmenter la production du pétrole, le ministre des Affaires étrangères a indiqué que cela n'a pas un impact sur l'Algérie. «D'abord l'Algérie est partie prenante à tout ce qui se décide par l'Opep. Il est évident que les prix sont ce qu'ils sont aujourd'hui. Est-ce que cela a des conséquences, une baisse ? Je ne pense pas», a-t-il dit, affirmant qu'au sein de l'Opep, l'Algérie n'a «aucun problème» avec certains membres de cette organisation. «Nous n'avons pas de problème, avec aucun pays au monde. Nous avons une politique qui est celle de l'Algérie depuis l'Indépendance. On ne s'ingère jamais dans les questions intérieures des pays et on ne permet à personne de s'ingérer dans nos affaires intérieures. Nous avons des relations».