Je tiens d'abord à remercier vivement Mr le wali d'Oran et Mr le président de l'APC d'Oran pour cette aimable invitation qui ont bien voulu organiser cette rencontre. Comme je tiens également à remercier vivement l'ensemble des élus locaux ainsi que la société civile toutes sensibilités confondues en espérant un débat productif fructueux privilégiant uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie avec cette devise qui m'a toujours animé : ni sinistrose , car beaucoup de réalisations depuis l'indépendance politique mais également des insuffisances qu'il s'agit de corriger : donc ni autosatisfaction mais un langage de vérité. Ce qui vient de se passer récemment notamment à Alger, les pluies orageuses qui se sont abattues dans la soirée du 1er et 2 octobre 2018, ont provoqué des inondations sur plusieurs tronçons et ouvrages routiers et des infiltrations d'eau dans des habitations et équipements publics Et aucune ville ou villages au Nord et au Sud ne pourrait être épargné sans une nouvelle politique d'aménagement du territoire qui fait cruellement défaut, ce qui interpelle les autorités aux plus hauts niveaux locale, centrale et également la société civile. Selon l'article 92, il devait être chargé de «coordonner l'activité des administrations et services publics à compétences régionales, notamment les grands services publics, les services extérieurs relevant des administrations centrales». Mais, cet avant-projet de loi fixant les règles d'organisation et d'administration du territoire n'a jamais vu le jour alors qu'il est d'une brûlante actualité afin de s'adapter aux nouvelles mutations. C'est que la conception volontariste étatiste de l'aménagement du territoire en Algérie. 5- L'efficacité de ces mesures d'aménagement du territoire pour favoriser les activités productives, impliquent la refonte des finances locales et des taxes parafiscales sans laquelle la politique d'aménagement du territoire aurait une portée limitée devant s'appuyer sur le système de péréquation entre les régions pauvres et riches et sur une véritable décentralisation qui doit être prise en compte. La structure qui me semble la plus appropriée pour créer ce dynamisme, ce sont les chambres de commerce régionales qui regrouperaient l'Etat, les entreprises publiques/privées, les banques, les centres de formation professionnelle, et les universités/centres de recherche. L'action des chambres de commerce, lieu de concertation mais surtout d'impulsion pour la concrétisation de projets devrait s'articuler autour de cinq objectifs : - Premièrement, dynamiser les infrastructures de base et préparer des sites confiés à des agences de promotions immobilières publiques et privées ; - Deuxièmement, mettre à la disposition des sociétés une main-d'œuvre qualifiée grâce à un système de formation performant et évolutif allant des ingénieurs, aux gestionnaires, aux techniciens spécialisés et ce, grâce aux pôles universitaires et des centres de recherche, évitant ce mythe d'une université par wilayas. Exemple la chambre de commerce offrirait un poste pour 10 candidats en formation, les 90 % non retenus ne constituant pas une perte pour la région. L'apprentissage en dynamique est un capital humain pour de futures sociétés qui s'installeraient dans la région, une société installée payant des impôts qui couvriront largement les avances en capital de la formation avancée. Cette formation devra être adaptée pour tenir compte de la norme qualité standard, le label qualité étant exigé pour tout exportateur en direction de la CEE, des USA ou de l'Asie. Ainsi, nous assisterons à une symbiose entre l'université et les entreprises. Car les sociétés ont besoin de l'accès aux chercheurs, aux laboratoires pour les tests d'expérimentation et l'université a besoin des sociétés comme support financier et surtout d'améliorer la recherche. Les étudiants vivent ainsi la dialectique entre la théorie et la pratique; - Troisièmement, favoriser des entreprises souples reposant sur la mobilité et les initiatives individuelles ; - Quatrièmement, à travers cette structure régionale animée par la chambre de commerce, lieu de concertation et de dialogue, intensifier les courants d'échange à travers différentes expériences entre les régions du pays et l'extérieur et l'élaboration de tableaux de prospectifs régionaux, horizon 2018/2020/2030. La mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités nécessaires ainsi que des prestations de services divers (réseau commercial, loisirs) est fondamentale Cette symbiose entre ces différentes structures et certains segments de la société civile doit aboutir à des analyses prospectives fondamentales, à un tableau de bord d'orientation des futures activités de la région. - Cinquièmement, garante de la sécurité de nos frontières, ne plus considérer les zones frontalières sous l'angle de l'assistanat mais dans le cadre d'un développement global profitable aux régions limitrophes afin de lutter contre la sphère informelle dont la contrebande. Dans ca cadre, le ministre de l'intérieur le 13 octobre 2018 a appelé les P/APC à conjuguer les efforts pour la concrétisation du programme spécial décidé par le président de la République au profit des wilayas frontalières et d'annoncer que la loi relative aux collectivités locales est fin prête et création d'une instance nationale pour la réhabilitation des zones frontalières qui est bonne initiative mais l'Algérie ne pouvant supporter à elle seule toutes les dépenses, devant les mutualiser. La problématique qui se pose dans les zones frontalières, qui englobent 57 communes et 12 wilayas, est le fait d'être excentrées par rapport au reste du territoire national. Dans ce contexte, il est prévu une la loi sur la fiscalité locale et l'organisation spatiale et la mise à niveau socioéconomique durable des territoires frontaliers. Le cadre juridique devrait prendre en charge les spécificités des régions frontalières pour la promotion et le développement socioéconomique autour de quatre axes : la mise à niveau et l'équité des territoires en matière d'éducation, de formation, de santé, l'introduction du numérique, la diversification économique et du développement local, à travers notamment le renouveau agricole et rural et la promotion du troc dans les transactions commerciales, de la connectivité et la mise en synergie des territoires en renfonçant les infrastructures de transport (chemin de fer, réseaux routiers…) et enfin l'organisation et le rééquilibrage du réseau aggloméré en respectant l'environnement et le développement durable. Les universités devront apporter leur contribution au développement territorial. 6- Ces axes directeurs devraient s'inscrire dans le cadre de la régionalisation économique que beaucoup confondent avec le régionalisme source d'intolérance et du centralisme bureaucratique. Au contraire et l'expérience des USA est là pour le démontrer ou l 'Allemagne à travers les Landers, la régionalisation économique renforce le rôle de l'Etat régulateur, renforce l'efficience économique et contribue à l'unité nationale par la cohésion sociale régionale. Certes, la notion de région est elle-même extrêmement variable. La régionalisation pouvant se réaliser au sein du pays ou bien par le regroupement d'un ensemble d'Etats dans une zone géographique particulière ou sur la base d'intérêts ressentis comme communs ce que les économistes qualifient d'intégration régionale : exemple la communauté économique européenne. Aussi, la régionalisation peut prendre des formes très différentes selon les pays, allant de la décentralisation au quasi fédéralisme. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international