La deuxième journée des travaux de la 8e édition du Forum international sur la vie et l'oeuvre de Kateb Yacine a été consacrée, dimanche à Guelma, à la commémoration du 29e anniversaire de sa disparition dans la région d'Aïn Ghrour, la ville natale de sa famille, située dans la commune de Hammam N'bail. Les participants à ce forum, qui a débuté samedi soir au Théâtre régional «Mahmoud Triki» et qui devra se poursuivre jusqu'au 30 de ce mois, ont déposé une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative érigée en 2009 à la mémoire de Kateb Yacine, dans la région montagneuse d'Ain Ghrour, à l'extrême Est du chef-lieu de wilaya.ite à la zaouia Beni Keblout, un lieu de sciences et d'érudition pour les habitants de la région, dont la famille du défunt Kateb Yacine, et où les participants ont passé la journée entière. Les participants ont exprimé, à l'occasion, un vif enthousiasme pour la topographie de ce lieu, soulignant qu'il s'agit réellement d'un «lieu qui donne de l'inspiration» et qui est empreint des ouvrages littéraires de l'écrivain, d'autant que le thème de cette 8ème édition de ce forum international a été consacré à «la géographie de Kateb Yacine». Initié par l'association pour la promotion du tourisme et l'activité culturelle de la wilaya de Guelma, avec la participation d'un grand nombre de professeurs et de chercheurs étrangers provenant d'universités et d'organismes de recherche de France, du Brésil, du Congo, de Tunisie, du Maroc et du Liban, la 8ème édition du Forum international sur la vie et l'oeuvre de Kateb Yacine verra la présentation de 20 conférences dédiées à l'auteur de «Nedjma». Né en 1929 dans une famille berbère chaouie lettrée de Hammam N'bails (actuellement dans la wilaya de Guelma, appelée Keblout, le jeune Yacine entre en 1934 à l'école coranique de Sedrata et en 1935 à l'école française à Lafayette (aujourd'hui Bougaa en Petite Kabylie, actuelle wilaya de Sétif), où sa famille s'est installée, puis en 1941, comme interne, au lycée de Sétif : le lycée Albertini. Lorsqu'éclatent les manifestations du 8 mai 1945, il y participe. Celles-ci s'achèvent sur le massacre de milliers d'Algériens par la police et l'armée française. Trois jours plus tard, il est arrêté et détenu durant deux mois. Il est définitivement acquis à la cause nationale, tandis qu'il voit sa mère «devenir folle». Exclu du lycée, traversant une période d'abattement, plongé dans Baudelaire et Lautréamont, son père l'envoie au lycée de Bône. Les années qui suivent, il vit alternativement en France et en Algérie, et enchaîne les petits boulots. Il écrit de la poésie et lit les classiques de la littérature française, tout en poursuivant son engagement politique. Dans les années 1950, il publie un roman-phare, «Nedjma», puis une pièce de théâtre, «Le cadavre encerclé». Pendant la guerre de libération, en raison de ses prises de position politiques, il doit s'exiler : il voyage dans plusieurs pays d'Europe. Au cours de cette période, il écrit une nouvelle pièce, «La femme sauvage». Il retourne en Algérie en 1962, et monte sur scène des pièces théâtrales comme «La poudre d'intelligence» ou «L'homme aux sandales de caoutchouc». Dans les années 1970, il abandonne l'écriture en langue française pour se tourner vers un théâtre populaire et satirique joué en arabe dialectal. Il se lance dans des tournées dans toute l'Algérie, et met en scène des œuvres remarquables dont «Mohamed prends ta valise», «La voix des femmes», «La guerre de deux mille ans»...etc. Atteint de leucémie, il meurt le 29 octobre 1989, à l'âge de 60 ans.