Cette excellente nouvelle relative à l'exportation à partir du port de Annaba de 38 000 tonnes de clinker, un ciment résultant d'un composé de calcaire et d'aluminosilicates, est tombée, par ces temps d'incertitudes marqués par le creusement devenu récurrent des déficits de la balance commerciale, et du tarissement continuel de nos réserves de change, pour l'essentiel absorbées par les importations. Des importations dominées par une gestion désordonnée, facteur d'inflation, et de frein à la production nationale. Ce paradoxe entre la liberté de commercer et le protectionnisme de la production nationale s'inscrit dans une série de mesures administratives figurant dans la loi de Finances complémentaire visant à protéger l'économie nationale contre les importations superflues, pour ne pas dire frivoles de bien des produits inutiles et la préservation pour de meilleurs usages de nos réserves de change. Et ce ne sera pas la nouvelle taxation des marchandises non gratta régissant le nouveau système de régulation du marché des importations DAPS (Droit additionnel provisoire de sauvegarde) qui va soulager la facture astronomique du Trésor public, si les grands projets prévus par le gouvernement ne sont pas mis, en terme de production, à la vitesse grand V, comme les phosphates, le textile, ainsi que l'industrie pharmaceutique. De plus, l'inquiétude émane du rythme alarmant de la fonte comme neige au soleil de la valeur du dinar par rapport aux principales devises, autres sources de la dégradation du pouvoir d'achat des ménages, et de surcoûts à l'importation des matières premières par nos industriels. Les réserves de change ont connu, l'année écoulée selon le Premier ministre, juste après la conférence de presse du Gouverneur de la Banque d'Algérie donnée à la fin de l'année 2017, une atrophie de 15,21 milliards de dollars, pour les situer à 80 milliards de dollars, alors qu'elles étaient officiellement de 97,33 milliards de dollars à fin de l'année 2017. Les importations saignent pour l'essentiel les recettes de nos exportations, ce qui n'augure presque rien de positif, d'autant que notre dette intérieure enfle démesurément, et que nos entreprises peinent à passer à la vitesse supérieure, pour au moins réduire le taux de chômage. Cette nouvelle des 38 000 tonnes produits par la cimenterie Cilas de Biskra, qui ont été exportés jeudi dernier, d'après la dépêche de l'APS vers la Côte d'Ivoire, venant s'ajouter aux quatre précédentes expéditions de clinker vers l'Afrique de l'ouest, totalisant 140 000 tonnes de cette matière première, avec selon les responsables de la cimenterie des bons de commande en attentes de livraison pour 2019 estimés à 1 million de tonnes, a de quoi, nous redonner bien de l'espoir, dans cette conjecture difficile que traverse l'Algérie à l'entame de son changement de cap, consistant à ne plus compter que sur la seule rente pétrolière.