Débarqué cet été à Brentford, Saïd Benrahma épate en Championship. A 23 ans, l'ailier régale la galerie par son talent au service du collectif et peut légitimement prétendre à la sélection algérienne, attendue comme l'un des gros outsiders à la prochaine CAN. Découverte. Il crève l'écran, il casse des reins... Saïd Benrahma flambe dans l'antichambre de l'élite du football anglais. Percutant, rapide, décisif dans les trente derniers mètres, l'ailier est en train de pleinement justifier les 3 millions d'euros investi sur son profil cet été par les "Bees". Dans le même registre footballistique qu'un Frank Ribéry, l'Algérien sait marquer comme le 23 février où il est reparti avec le ballon du match après un coup du chapeau face à Hull City (5-1). Joueur de percussion, il est surtout remarquable par sa lucidité dans le dernier geste. L'ancien Niçois est d'ailleurs co-leader au classement des passeurs avec l'Espagnol de Leeds, Pablo Hernandez (11 assists). Un fournisseur officiel de caviar pour un autre... ancien Aiglon. En effet, il profite pleinement de sa complicité avec Neal Maupay pour réussir son adaptation en Angleterre. Brouille à Nice, relancé à Châteauroux Aujourd'hui encore, à Nice, beaucoup considèrent que Saïd Benrahma aurait pu se développer au sein de son club formateur. A 23 ans, le talent a toujours été réel, aperçu par séquences trop courtes en L1 à Nice (17 matches en L1 entre 2013 et 2016), voire quasiment pas lors de son passage de six mois à Angers en janvier 2016. Cela a été un échec tant il n'a pas réussi à s'adapter au logiciel de jeu de Stéphane Moulin. Son retour à Nice a été très vite écourté en raison de quelques interférences avec le staff Lucien Favre. A un tournant, Saïd Benrahma a fait le bon choix. Le jeune joueur s'en est allé chercher du temps de jeu du côté de Châteauroux, la saison dernière. Et le bonheur était dans le prêt puisqu'il se relancait complètement sous les ordres de Jean-Luc Vasseur (9 buts en 31 matches de Ligue 2). Etonnamment, aucun club de L1 n'a misé sur lui, et un peu comme Neal Maupay, il a fait le pari du Championship où il s'est engagé l'été dernier pour les quatre prochaines saisons. Brentford étant distancé dans la course à la montée, il pourrait être - à l'instar de Maupay - sérieusement sollicité au prochain mercato, à condition de s'inscrire dans la régularité sur la fin de saison. Un objectif qu'il doit aussi tenir, car au bout, il joue une possible place en sélection algérienne pour la prochaine CAN, prévue en Egypte (7 - 30 juin). Les Fennecs, il connaît. Benrahma n'est pas un binational. Christian Gourcuff, à la tête d'El-Khedra en 2015, lui a offert sa première cape contre le Sénégal (1-0). L'ailier avait notamment fait parler sa pointe de vitesse balle au pied. A quelques mois de la CAN, l'ancien Niçois a fait un appel du pied aussi incisif que sur le terrain, il y a quelques jours, sur le site officiel de Brentford : «C'est super important pour moi qui suis né en Algérie. C'est mon pays de cœur. J'ai envie d'être appelé en sélection, j'ai ça dans un coin de ma tête. Après, c'est le sélectionneur qui doit faire son choix». A son poste, la concurrence est rude et le pedigree du club peut également entrer en ligne de compte. Brentford n'est pas Porto, Manchester City ou Naples. Mais, en fouillant un peu dans un passé récent, on se souvient qu'en mai 2014, Riyad Mahrez avait été appelé la première fois en sélection alors qu'il était un bon joueur de Championship sous les couleurs de Leicester City...