La Banque d'Algérie sort de son omerta et admet ses torts. Après presque deux ans depuis l'actionnement de la planche à billets sur note de l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia avec l'aval du gouverneur de la BA, celle-ci réagit et reconnaît n'avoir jamais consenti à cette décision. Etant une solution à effets pernicieux sur les banques et les finances du pays, affectant, particulièrement, la valeur de la monnaie nationale en dégradation depuis le contre-choc pétrolier de 2014. Pour couvrir le déficit institutionnel, la Banque d'Algérie a été contrainte d'après sa dernière note de procéder à la mise en marche de la planche à billets qui a imprimé une grande quantité atteignant plus de 6 500 milliards de dinars. Rattrapée par ses responsabilités et par la dangerosité de la situation économique du pays aggravé par le financement non conventionnel inutile, la Banque d'Algérie nie toute implication dans la prise de décision, reconnaissant n'être qu'un exécutant. Une réaction tardive de la banque centrale, qui intervient à un moment où l'économie du pays est au plus mal. Depuis l'approbation de cette décision, les institutions économiques ne cessent d'aller de déconvenue en déconvenue dans la gestion de la sur-liquidité provoquée par la planche à billets. Pourtant, les dépenses de l'Etat n'ont pas reculé et le déficit abyssal du Trésor public n'a pas été absorbé. Depuis, la raison économique du pays a sombré dans une image abstraite et probable de l'avenir de la monnaie nationale, dont les retombées pourraient être redoutables, notamment, en ces temps de crise. Dans son rapport, l'institution monétaire justifie son refus d'enclencher la planche à billets non seulement pour son impact négatif sur l'économie mais également parce que « les instruments conventionnels de la politique monétaire n'ont pas atteint leurs limites », expliquant que « la matérialisation de l'importante part d'effets privés qu'elles détiennent dans leurs portefeuilles leur permettrait de disposer de liquidités substantielles, via le refinancement de ces effets, auprès de la Banque d'Algérie ». Cependant, l'histoire reconnaîtra que la Banque d'Algérie n'a pas dénoncé la pression subie par l'ex-gouverneur de l'institution, Mohamed Loukal, qui a réussi à convaincre de l'urgence de recourir au financement non conventionnel pour réduire le déficit budgétaire et secourir les institutions publiques en difficulté financière. « En Algérie, la situation est loin de présenter des similarités avec les cas exposés dans la note (Etats-Unis, Europe, Japon) qui seraient susceptibles de justifier le recours au financement non conventionnel, dans notre pays », lit-on dans sa dernière note. Il est utile de rappeler qu'au moment de la mise en œuvre de la planche à billets par l'institution monétaire, les experts et spécialistes financiers ont crié à la répression financière et mis en relief les effets de l'inflation en raison de la dépréciation de la monnaie nationale face à la devise. Faire tourner sans intermittence la planche à billets depuis deux ans a donné libre court à l'envolée artificielle des marchés financiers et des bulles immobilières incontrôlables. Ce qui s'est répercuté négativement sur le pouvoir d'achat des Algériens. Avant l'activation de cette planche à billets, la BA affirme par ailleurs, qu'elle avait, pertinemment, soulevé le caractère « inflationniste » de ce genre de financements. « La Banque d'Algérie ne peut pas intervenir directement sur le marché primaire des émissions d'obligations du Trésor, via des opérations de quantitative easing. Cela reviendrait à créer de la monnaie ex-nihilo (en d'autres termes, recourir à la « planche à billets pour le financement du déficit du Trésor. Une telle option risque d'entraîner l'économie dans une spirale inflationniste et de dépréciation de la monnaie nationale, fortement dommageable », explique l'institution financière, qui dit avoir proposé des alternatives à la crise financière plus souples et moins risquées. Par ailleurs, la Banque d'Algérie a relevé dans son rapport que 3441.8 milliards dinar sur les 6.556 milliards dinar imprimés ne sont pas encore utilisés. « Au total, sur le montant global mobilisé à ce jour, de 6.556 milliards de dinars, seul un montant de 3.114 milliards de dinars, a été injecté dans l'économie», écrit-elle dans sa note.