à fin octobre 2017, les liquidités bancaires étaient tombées à 482 milliards de dinars, tandis que les disponibilités du Trésor, dans son compte auprès de la Banque d'Algérie, affichaient un montant de 51 milliards de dinars. La Banque centrale n'a cessé de marteler qu'il n'y aura pas de poussées inflationnistes. Bien au contraire, ont indiqué les responsables de la Banque d'Algérie, cette institution monétaire a lancé des opérations de "stérilisation" et de "cantonnement" des excédents des liquidités monétaires générées par le recours à la planche à billets. Cependant, dans un contexte marqué par l'expansion de près de 57% des liquidités bancaires au 1er semestre de l'année, l'inflation s'est légèrement accélérée sur un an, passant de 4,6% à 4,8% entre juin et juillet, lit-on dans une note statistique diffusée, dimanche, par l'Office national des statistiques. L'ONS ne dit pas que la hausse de l'inflation est d'origine monétaire, mais le financement monétaire pourrait avoir comme conséquence probable d'alimenter l'inflation sur le court et le moyen terme. Le Fonds monétaire international prévoit un taux d'inflation moyen de 7,4% sur l'ensemble de l'année en cours et de 7,6% en 2019, soit bien au-dessus de la référence retenue dans la loi de finances 2018. Mais ces taux ne sont probables que dans le cas où la Banque centrale réussirait ses pare-chocs monétaires face à d'éventuels effets pervers de la politique de financement monétaire. "Faute de stérilisation adéquate, l'augmentation des liquidités relèverait la richesse nominale, perçue ou réelle, et stimulerait la demande, ce qui se traduirait par une hausse des prix à court terme en raison de l'insuffisance de l'offre intérieure et des possibilités d'épargne", a écrit l'institution de Bretton Woods dans son dernier rapport sur l'Algérie, publié en juillet. Dans le même temps, poursuivent les experts de Washington, "le durcissement des barrières à l'importation risquerait d'alimenter les pressions inflationnistes en réduisant l'offre, voire en débouchant sur des pénuries pour certains produits. Les attentes en matière de salaire et de prix pourraient s'ajuster rapidement et se renforcer mutuellement. Les autorités pourraient alors se trouver obligées de recourir au financement monétaire au cours des années suivantes, ce qui risquerait d'entraîner l'économie dans une spirale inflationniste". Officiellement, la Banque centrale dit garder le cap et maintenir une évolution modérée du rythme de l'inflation. Tout dépendra ensuite de la valeur des quantités de billets créés et de l'efficacité des opérations de "stérilisation" des excédents des liquidités que mènera la Banque centrale. En théorie, cependant, le recours à la planche à billets est une option souvent porteuse de risques inflationnistes inévitables. Les annonces faites récemment par le gouverneur de la Banque centrale dessinent clairement les tenants et les aboutissants de la politique du financement monétaire. L'absence d'alternatives et l'état de la trésorerie des banques obligeaient le gouvernement à recourir à la planche à billets, quitte à flirter avec les dangers de l'inflation. À fin octobre 2017, les liquidités bancaires était tombée à 482 milliards de dinars, tandis que les disponibilités du Trésor, dans son compte auprès de la Banque d'Algérie, affichaient un montant de 51 milliards de dinars. Outre la planche à billets, d'autres facteurs, à l'image des tentations protectionnistes et de la dépréciation du dinar, pourraient venir alimenter davantage l'inflation dans les mois à venir. Si la décision de rouvrir, dès 2019, le dossier de la réforme des subventions venait à se confirmer, la conséquence serait aussitôt perceptible sur la courbe de l'inflation. C'est dire que les ingrédients favorisant les poussées inflationnistes sont omniprésents, alors que la marge de manœuvre de la Banque centrale ne fait que se rétrécir. Les arbitrages sont pour le moins complexes ; la banque d'Algérie va devoir slalomer entre la gestion des liquidités générées par la planche à billets, la gestion du taux de change du dinar ainsi que les conséquences que pourraient provoquer les restrictions à l'importation et/ou un éventuel renoncement à la politique des subventions généralisées. Une moindre erreur d'aiguillage pourrait faire déraper une inflation d'ores et déjà menaçante. Ali Titouche