L'Algérie est championne d'Afrique. La méthode ou la recette pour réussir n'est un secret pour personne. Les 24 nations qui avaient pris part à la grande kermesse l'ont aussi compris. Un expert du football anglais disait au coup de sifflet final de la CAN : «Vous savez ce que je retiens ce soir ? C'est la leçon de ce jeune sélectionneur algérien. Il est joueur, entraîneur mais aussi psychologue. En huit mois, ses joueurs sont devenus comme lui, il faut se mettre au travail, mais en prenant surtout place dans sa classe…» C'est historique cette CAN sans public, si ce n'est réanimée par plus de 25 000 supporters algériens. Ce sont les Algériens, c'est encore eux, qui font vibrer les gradins vides de ces stades égyptiens. C'est historique. Des supporters de cette taille, vous ne pouvez les trouver qu'en Algérie», s'est exclamé un ancien joueur de la RDC, relié par le commentateur de BeIN Sport qui souhaite «bon vent» aux Sénégalais. «Belmadi n'est pas seul, ils sont tous là, les gradins attribués aux supporters algériens sont pleins à craquer, les Sénégalais beaucoup moins nombreux, ce qui n'encourage pas les joueurs à accrocher la première étoile...» On joue la 70'' de la première mi-temps, Boudjenah qui passe la vitesse supérieure, enclenche un tir super puissant de 103 km/h, la balle est contrée légèrement par Salif Sané, s'envole pour donner l'impression d'être suspendu dans l'air, rendant ainsi, durant quelques secondes, un stade international du Caire silencieux, et un gardien scotché au sol, avant de retomber dans les filets sénégalais (1-0, 2e). C'est toute la planète algérienne qui explose de joie et fait retrouver à l'auteur du but, son moral, sa confiance et fait évaporer les doutes qui pesaient sur lui, après le penalty raté qui avait failli mettre fin à l'épopée algérienne en quarts de finale contre la Côte d'Ivoire (1-1, 4-3 t.a.b). Son sélectionneur Djamel Belmadi dira de lui «Bounedjah est important. Même quand il ne marque pas, il peut gêner la défense adverse. Il se bat pour chaque ballon et il est à l'origine de presque tous nos buts» (13 buts en 7 matches). Le sélectionneur sénégalais Aliou Cissé a échoué, ayant joué toutes les cartes, mais celle qui devait faire mal sur le terrain, n'était pas la bonne. Les Lions de la Téranga avaient cru un instant bénéficier d'un penalty à l'heure de jeu, mais les arbitres de la VAR avaient décidé autrement (62e). Tout en gardant un œil sur le tableau électronique, les Algériens géraient au mieux le temps qui restait. Des erreurs de précipitations donnaient l'occasion aux Sénégalais, de se rapprocher du territoire de M'Bolhi, ce qui n'arrangeait pas les choses. Le risque d'une égalisation se faisait plus présent. Les Verts, plus solidaires sur la surface de réparation, résistent à l'image de Djamel Benlamri, dont la pommette s'est ouverte sur un duel aérien avec Mané ! Les Fennecs ont ainsi joué de longues minutes à 10, mais rien. Pas même un souci d'équipement ne pouvait mettre leur équilibre en péril. L'Algérie remporte une deuxième CAN après celle du 16 mars 1990, à domicile face au Nigeria (1-0), but inscrit par Chérif Oudjani, l'attaquant de Sochaux. Il marque la compétition de son empreinte. Il y inscrit d'ailleurs les deux seuls buts de sa carrière avec l'Algérie, en 21 sélections. La finale avait drainé 110 000 supporters contre 25 000 au Caire pour cette 32e CAN 2019. Quant au Sénégal, pour un premier sacre, il faudra encore patienter... Rappelons que les Algériens succèdent au palmarès aux Lions indomptables du Cameroun, champion d'Afrique il y a deux ans. Et Maintenant, le champion national va-t-il s'inspirer de cette leçon de bravoure, de discipline et de technicité. Belmadi disait lors de sa première conférence de presse «j'ai dit que le championnat est faible, quand les ‘spécialistes' et les journalistes disent que le championnat est faible ça passe, mais quand c'est le sélectionneur qui le dit, ça ne passe pas. Alors je dis que le championnat national est faible». La FAF gagnerait à marquer un temps d'arrêt avant le coup d'envoi de la saison pour annoncer ce qui devrait servir de base d'une relance purement professionnelle et balayer ceux qui n'ont rien à voir avec le football.